Gouvernance
Des DSI en colère…
Par Laurent Delattre, publié le 19 décembre 2018
La coupe est pleine… Les DSI français protestent contre l’étau financier des grands éditeurs et brandissent l’étendard open-source pour retrouver des marges de manœuvre.
Des licences logicielles toujours plus compliquées pour mieux masquer les augmentations tarifaires… Des éditeurs qui verrouillent autant que faire se peut des clients qui profitent du cloud pour réinventer leurs business… Des pratiques ancestrales devenues trop pesantes… Des audits trop pressants et répétitifs… Un manque de transparence et de perspective devenu insupportable… Par l’intermédiaire du CIGREF, les DSI expriment leur « ras-le-bol » et durcissent le ton face aux grands éditeurs de logiciels d’entreprise dans une violente diatribe intitulée « l’open source, une alternative aux grands fournisseurs ».
Regrettant un écosystème asséché et concentré entre les mains de quelques grands acteurs principalement américains, les DSI reprochent à Oracle, SAP, Salesforce, Microsoft et quelques autres, des pratiques commerciales devenues intolérables pour maintenir sans cesse les dépenses clients sur une courbe ascendante : adaptations continues et imposées des métriques, obsolescence programmée des logiciels pour forcer les montées de version, ventes liées… Ils critiquent également des audits de plus en plus hostiles, intrusifs et fréquents ou encore des pratiques nouvelles scandaleuses juste pour maintenir en vie des modèles agonisants (SAP et son Indirect Access).
Appelant de ses vœux le rétablissement d’une relation commerciale équilibrée et apaisée, s’appuyant sur une transparence et une prévisibilité des coûts, le CIGREF et ses DSI brandissent la menace de l’open source pour tenter d’influer les pratiques des éditeurs et fournisseurs de service.
Sans masquer les coûts liés à l’adoption de l’open source et les risques associés, le CIGREF rappelle qu’il existe dans le logiciel libre des solutions pour chaque risque identifié et que ces solutions cadrent avec les enjeux actuels d’agilité et d’open innovation. Ils voient aussi dans l’open source un moyen de redonner plus de variété et de vitalité à l’écosystème logiciel ainsi que l’opportunité de briser leur dépendance aux grands éditeurs ou encore un atout pour attirer les jeunes talents.
Ce cri des DSI relève plus d’une exaspération des pratiques des éditeurs. Mais il traduit une indéniable prise de conscience. Les filiales hexagonales ont-elles suffisamment d’autonomie et de marges de manœuvre pour répondre favorablement aux attentes des DSI français ? Rien n’est moins sûr. Mais ces grands éditeurs internationaux ne pourront pas éternellement faire la sourde oreille car la colère s’étend. L’association EuroCIO monte aussi au créneau : sa dernière étude de satisfaction montre que 20% des DSI souhaitent diminuer leurs investissements dans les grands clouds et peaufinent des stratégies de sortie. Elle dénonce, elle aussi, les pratiques de licences inflexibles des éditeurs, avec des critiques virulentes explicitement formulées à l’encontre de SAP, Oracle, Microsoft et Google. À bon entendeur, salut…