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La NSA s’est infiltrée dans les serveurs de Huawei
Par La rédaction, publié le 24 mars 2014
Dans son édition du samedi 22 mars, le New York Times a dévoilé que l’agence américaine du renseignement (NSA) a pénétré les serveurs de Huawei, le géant chinois des télécoms. Cette opération, baptisée ShotGiant par la NSA, a permis à l’organisme de récupérer des données sensibles, notamment des communications entre cadres dirigeants de l’entreprise.
Ces révélations s’appuient sur la diffusion de nouveaux documents par l’ex-consultant de la CIA et de la NSA, Edward Snowden. Exilé en Russie, il diffuse régulièrement, depuis juin 2013, des éléments confidentiels sur les activités de surveillance menées par la NSA.
Espionnage industriel…
Cette opération ShotGiant, qui visait à enquêter sur d’éventuels liens entre l’opérateur Huawei et l’armée chinoise, avait aussi pour objectif de tisser un réseau de surveillance en utilisant des terminaux de Huawei vendus à des pays tiers.
L’article du New York Times explique que les services de la NSA se sont introduits dans les serveurs de Huawei basés à Shenzen, où se situe le siège de l’entreprise. Cette intrusion leur a notamment permis de récupérer des informations sur le fonctionnement des routeurs géants et des commutateurs numériques qui, selon Pékin, permettent de connecter près d’un tiers de la population mondiale.
L’hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui a lui aussi eu accès aux documents de Snowden, révèle également des passages d’un document interne signé de responsables de la NSA. « Nous bénéficions actuellement de bonnes capacités d’accès et possédons tellement de données que nous ne savons plus quoi en faire », dit notamment l’un d’eux.
… mais aussi politique et économique
Les documents dévoilés par Edward Snowden, dont certains datent de 2010, ont par ailleurs mis en lumière le fait que la NSA cherchait, via cette opération, à recueillir des données politiques et économiques. Des dirigeants politiques chinois, mais aussi des clients importants, notamment l’Iran, l’Afghanistan, Cuba, le Kenya et le Pakistan, ont été visés par ces intrusions.
Le piratage de Huawei par la NSA américaine est d’autant plus ironique que l’entreprise chinoise s’était vu refuser l’accès à des projets d’infrastructures aux États-Unis, au motif que ses équipements auraient pu être utilisés par Pékin dans le cadre d’offensives informatiques (espionnage, cyberattaques…).
Vers un remaniement majeur de la NSA en 2015
Pour le géant chinois, numéro 3 mondial du smartphone, cette affaire constitue en tout cas une bien mauvaise publicité. Mi-janvier, le groupe avait pourtant démenti des informations qui affirmaient que la NSA aurait été en mesure de pirater ses serveurs.
Mis en cause notamment pour le caractère anticonstitutionnel de ses pratiques d’espionnage, la NSA devrait connaître un remaniement majeur qui débutera en 2015, a récemment annoncé le président américain Barack Obama.