Opinions
Place au premier collège de l’innovation en France
Par La rédaction, publié le 12 juin 2013
Télécom ParisTech, qui intégrera en 2017 Paris-Saclay, se positionne en établissement d’enseignement supérieur pivot dans le développement d’un pôle numérique.
Le domaine des technologies de l’information a, plus que tout autre, connu des bouleversements sans précédent ces trente dernières années. Je ne rappellerai pas ce qu’étaient l’informatique et les télécommunications (à l’époque dissociées), ni ce qu’englobe aujourd’hui le numérique, mais j’évoquerai les conséquences profondes de cette révolution sur la formation d’ingénieurs télécoms. Comme celle de tous les ingénieurs, leur fonction s’est transformée. Elle a évolué avec la transformation générale des organisations et du mode de fonctionnement des entreprises, de leurs relations aux marchés et de la concurrence mondiale.
Dans le numérique, plus spécifiquement, elle a vécu les révolutions technologiques successives, l’explosion de leurs domaines d’emploi et des services qu’ils rendent possibles et la multiplication des acteurs des technologies de l’information. Dès 2009, conséquence ultime de la réduction de l’intervention directe de l’Etat dans les télécoms, le corps de ceux-ci fusionnait avec celui des Mines. Le tissu “ industriel ” employant des ingénieurs télécoms s’est aussi considérablement déformé au fil du temps. Il est loin le temps où le gros des jeunes diplômés se répartissait entre CIT Alcatel, Thomson CSF, Bull ou la direction générale des Télécommunications (DGT) ; où une carrière pouvait se construire dans ces grandes entreprises jusqu’au sommet…
Aujourd’hui, un parcours dans le secteur du numérique peut s’effectuer au sein de start up, TPE, PME-PMI, ETI (entreprise de taille intermédiaire), qui naissent, grandissent, se font acheter, ou parfois meurent… En 2012, cette myriade d’entreprises aura recruté 48 % des jeunes ingénieurs de Télécom ParisTech ! Parallèlement, une fraction croissante des ingénieurs télécoms ne se cantonne déjà plus à ces entreprises, grandes ou petites, mais se retrouve employée dans tous les secteurs d’activité et dans tous types d’entreprises, tant le numérique est présent et stratégique partout.
Les formations d’ingénieurs télécoms se sont d’abord adaptées à cette déformation, mais une rupture était nécessaire. D’ailleurs, le succès technique et commercial d’un jeune opérateur français qui n’en comptait aucun dans ses effectifs a décidé Télécom ParisTech à engager une double rupture en repensant son ambition pour elle-même et pour ses diplômés, en cohérence avec cette révolution en marche. L’aspiration de Paris-Saclay à “ innover et entreprendre dans un monde numérique ” et à devenir le “ collège de l’innovation par le numérique ” exprime cette double ambition, dans laquelle mon école s’investit depuis 2010.
Mais sans attendre ce déménagement, programmé pour 2017, Télécom ParisTech a engagé, dès 2010, une évolution profonde de son enseignement, et, dès 2011, de sa recherche. En enseignement, nous avons intégré de nouveaux modes pédagogiques, refondu totalement la première année du cycle ingénieur et rénovons actuellement ses deuxième et troisième années. Côté recherche, nous encourageons le dépôt de brevets, la création de spin off de la part de nos enseignants-chercheurs et le développement de recherches pluridisciplinaires, mixant les technologies entre elles ainsi qu’avec les sciences humaines et sociales.
Notre objectif est triple. Il s’agit tout d’abord d’offrir aux champions “ industriels ” français, quel que soit leur secteur d’activité, des ingénieurs du numérique innovants et entreprenants, qui sachent en faire un levier de la performance de leurs entreprises. Ensuite, nous visons à alimenter la myriade de PME, souvent particulièrement innovantes, avec des ingénieurs du numérique pour qui “ small is also beautiful ”.
Enfin, le dernier objectif est d’encourager la fondation d’entreprise chez ceux de nos futurs ingénieurs pour qui la véritable aventure commence à un ou deux, et rarement à plus de trois. Pour cela, Télécom ParisTech a fait évoluer les contenus et les modes pédagogiques des cours, accentuant la pédagogie active, l’interaction avec notre incubateur de start up (nous projetons de tripler sa taille), ainsi que le travail en binômes ingénieurs-managers ou ingénieurs-designers. Les équipes étant pour moitié internationales. Ces modalités simulent le fonctionnement des entreprises, mais aussi la créativité et l’esprit d’initiative chez nos étudiants.
Le défi a été de les mettre en place dans nos cursus sans réduire notre offre de formation à la carte ! De plus, nous surexposons nos étudiants aux opportunités offertes dans des entreprises auxquelles ils ne pensent pas spontanément, de par leur taille ou leur secteur d’activité. Ainsi, nos tables rondes métier accueillent des utilisateurs du numérique ou des start up et nous y invitons toujours au moins une PME-PMI. Nous convions des entrepreneurs ou patrons de PME-PMI à siéger au conseil d’école ou à devenir parrains de promotion.
Notre projet pédagogique intègre également la promotion de la formation par la recherche, considérant qu’une thèse, notamment en partenariat avec un industriel, stimule l’innovation et l’inventivité chez nos étudiants et facilite le transfert entre la recherche académique et le monde économique. Enfin, pour symboliser et médiatiser notre ambition de rupture, nous mettons en place la Journée de l’innovation Télécom ParisTech.
Lors de sa première édition, le 13 juin 2013, deux prix, dotés par trois entrepreneurs qui ont réussi, récompenseront étudiants et jeunes diplômés les plus innovants. Car l’exemplarité et l’effet d’entraînement sont clés dans la stimulation de l’esprit d’entreprise. La réussite, pour nos diplômés, se mesurera à l’aune des succès commerciaux, en France et à l’étranger, des entreprises (grandes, moyennes ou petites, voire très petites) dans lesquelles ils travailleront. Ces réussites mesureront également la nôtre…