Gouvernance
Pour une méthode agile de transformation digitale
Par La rédaction, publié le 08 septembre 2017
De trop nombreuses transformations digitales échouent. Sous la pression de plus en plus forte d’une révolution inédite par son ampleur et sa rapidité, des entreprises investissent massivement afin de repenser et de réorganiser entièrement leurs systèmes informatiques. Cette approche verticale, centralisée et lente, contraire à l’ADN digital, ne développe pas les capacités d’adaptation et de réactivité aujourd’hui essentielles pour réussir sur ses marchés. Urgente et cruciale, la transformation digitale est une évidence pour les dirigeants. Mais beaucoup d’entre eux, conscients qu’elle touche toutes les dimensions de leur entreprise, s’interrogent sur la manière de l’accomplir et de l’inscrire dans la durée tout en sécurisant leur activité et en finançant une partie de ses investissements.
Une méthode répond à toutes ces exigences. S’inspirant des règles agiles du modèle digital, elle consiste à déployer la transformation par incrémentation dans l’ensemble de l’organisation en produisant, à chaque étape, un impact rapide et tangible. Au lieu de s’attaquer directement et « à l’aveugle » au coeur des systèmes IT, ce process démarre par des projets pilotes « exemplaires » à même de générer rapidement des résultats. Cette phase permet d’expérimenter à une petite échelle la digitalisation de son activité. Cet apprentissage constituera le socle d’une feuille de route destinée, au cours des deux autres phases, à généraliser la production, l’usage et les analyses des data, développer à grande échelle une culture digitale et des méthodes agiles. Plus rapide — certaines entreprises réalisent 20 % de leur objectif final en moins de 8 mois — et plus rentable — une entreprise a créé 20 M$ de valeur en 9 mois — , cette approche favorise également l’engagement du management et des collaborateurs essentiel à la réussite d’un programme de transformation.
Changer en profondeur une grande entreprise mondialisée représente un défi immense pour le management qui se heurte souvent à la force d’inertie des organisations en silos. Lancer des initiatives capables de démontrer rapidement le potentiel de la révolution digitale est un très bon moyen pour casser les résistances. Il s’agit de les choisir avec soin en identifiant des sources de performance rapide comme la supply chain, la gestion des stocks ou la fonction commerciale, et d’utiliser les ressources existantes ou faciles à obtenir. Selon notre expérience, les projets pilotes doivent pouvoir être réalisés en 6 mois maximum et leurs résultats se mesurer en quelques semaines.
Quand cet apprentissage digital pilote a été confirmé, le management peut commencer à étendre la transformation à toute l’entreprise. C’est un moment décisif. Pour que la « greffe digitale » prenne, il est en effet essentiel de clarifier sa vision stratégique et de la traduire dans une série d’initiatives sélectionnées et programmées en fonction de critères rigoureux. Elles orienteront la construction et le développement de l’architecture informatique et des ressources digitales adaptées. C’est également dans cette phase que des méthodes collaboratives de travail, des compétences d’analyse avancées, une culture axée sur les données et le client, une organisation plus horizontale et un nouveau management seront déployés dans toutes les fonctions et toutes les dimensions de l’entreprise. La production, le traitement et l’usage des données seront, on le sait, au cœur de la performance digitale. En s’appuyant sur une architecture informatique ouverte et souple, l’entreprise doit donc « industrialiser » ces nouveaux process digitaux. Enfin, la transformation valorisée par les projets pilotes puis généralisée en suivant une feuille de route rigoureuse a besoin, pour être durable, d’une gouvernance et de responsabilités clairement identifiées, d’un modèle de développement structuré des compétences et des comportements adaptés à la stratégie digitale.
Cette méthode à la fois pragmatique et disciplinée a montré son efficacité et a pu libérer dans de nombreux secteurs le potentiel du digital.