Une belle carrière « pépère »

« C’est lui qui a convaincu IBM et Apple de construire Mac et PC sur Intel »

Paul Otellini s’en va. L’annonce a été d’autant plus brusque que ce patron a toujours eu des problèmes de mobilité. Il aura passé toute sa carrière – trente-huit ans – dans la même entreprise : Intel. Il sera resté vissé huit ans dans le fauteuil de PDG sans jamais faire de vague, un peu trop figé même ! Aux commandes, il aura stoppé net la course aux semiconducteurs toujours plus rapides. Intel nous avait en effet habitués à augmenter la fréquence d’horloge – le fameux mégahertz – tous les six mois. Or cette vitesse stagne depuis 2005.

Toujours dans cet esprit figé, Paul Otellini aura aussi systématiquement échoué à mettre des puces Intel dans un appareil mobile. Il n’a pas vu arriver le smartphone. Il a tenté de créer le marché des ultra-mobiles PC. Pour contrer l’iPad, il proposa aux fabricants de PC des puces performantes, mais trop gourmandes en énergie ; les quel­ques tablettes commercialisées manquaient ainsi cruellement d’autonomie. Son prédécesseur Craig Barrett, lui, avait pourtant bien laissé en héritage une puce Xscale, de la même technologie ARM qui équipe aujourd’hui 100 % des téléphones et des tablettes.

Hélas, l’une des premières décisions de Paul Otellini PDG fut de revendre cette norme à un concurrent, tant il pensait que l’ARM n’aurait aucun avenir. Son talent se manifeste en fait plutôt autour d’une table. C’est lui qui a convaincu IBM, et bien plus tard Apple, de construire les PC et les Mac à partir des puces d’Intel. Lui aussi qui a parlementé avec les in­génieurs pour produire des usines recyclables. Construites pour faire des processeurs, elles sont restaurées en fin de vie pour produire des puces réseau, puis des composants qui gèrent le stockage.

Intel lui doit d’être devenu le fondeur avec la plus grande capacité de production. Paul Otellini aura terminé de quitter Intel en 2013. Mais pas pour rebondir. Juste pour prendre sa retraite.