Dev
DevOps, une transformation d’ampleur de toute la DSI
Par Pierre Landry, publié le 13 juillet 2018
Accélérer le process du développement informatique est devenu un enjeu concurrentiel stratégique pour les entreprises. Une agence de voyages européenne en a eu la démonstration. Alors que la saison battait son plein, elle n’a pas réagi assez vite pour aligner ses tarifs sur ceux de ses concurrents. En cause, son système de contrôle informatique qui avait montré des défaillances lors de précédentes mises à jour. Pourtant, dans cette entreprise, comme dans de nombreux secteurs, des méthodes agiles ont été introduites au sein des équipes de développeurs.
Efficace pour briser les silos, prioriser et garantir un codage rapide, cette approche ne suffit pas. En automatisant les actions de test, de contrôle et d’implémentation, la pratique DevOps agit simultanément sur l’ensemble du cycle du logiciel et limite les « brèches » de sécurité à quelques heures. Un de nos clients a réussi à améliorer la qualité de son codage de 50 % et une banque européenne a gagné 25 % de productivité dans le développement de nouvelles fonctionnalités pour son application en ligne.
Le monde de la tech et d’Internet s’est largement approprié l’approche DevOps. Aujourd’hui, des industries traditionnelles, comme les services financiers, commencent à la déployer. Mais, pour tirer pleinement parti des outils et des méthodologies DevOps, il faut repenser les process, la gouvernance, le management et le modèle opérationnel des services informatiques. Il est essentiel d’adapter son environnement informatique aux exigences du développement digital en le rendant, lui aussi, plus réactif. Il s’agit d’un changement à la fois culturel et organisationnel. C’est à cette condition que l’on peut réellement gagner en agilité. Les actions de contrôle mises en place il y a quelques années sont devenues trop lourdes. Elles peuvent même constituer des obstacles au déploiement d’applications, voire des failles stratégiques dans la sécurité informatique. Or, en s’appuyant sur les ressources virtualisées, les directions informatiques ont aujourd’hui la capacité d’automatiser l’approvisionnement des infrastructures. Une entreprise ne devrait plus avoir à immobiliser son système durant un mois pour obtenir toutes les permissions nécessaires.
Le nouveau rythme imposé par le modèle digital et les nouvelles technologies d’accès au Cloud interrogent également la gouvernance du cycle de vie du logiciel. Qui, des opérations informatiques, des équipes de maintenance ou des développeurs peut intervenir ? DevOps apporte des solutions innovantes pour organiser les corrections et les changements entre les différentes parties prenantes.
Si chaque entreprise doit trouver ses propres règles de gouvernance, l’objectif reste de raccourcir le cycle de vie d’une application tout en sécurisant les process. Plus largement, le rôle du directeur informatique doit être, lui aussi, repensé. En effet, la digitalisation a fait glisser la responsabilité de la conception et du codage du logiciel vers les business units. La direction informatique est donc aujourd’hui très attendue sur sa capacité à créer un environnement sécurisé et optimum – standardisation, process, outils et infrastructures -, en assurant, notamment, l’implémentation de DevOps. Netflix a mis en place une équipe spécialement dédiée à l’ingénierie des opérations informatiques. Elle fournit aux développeurs du leader de la vidéo en streaming des feuilles de route fixant des règles communes.
Les services informatiques doivent se transformer et acquérir de nouvelles compétences comme celle, cruciale, de l’ingénierie qualité. Enfin, dernier axe de mise en œuvre de DevOps, l’introduction et la généralisation de l’automatisation. Pilier de cette nouvelle approche, l’automatisation simplifie les process. Au préalable, l’entreprise doit redéfinir sa gouvernance sur des bases nouvelles et solides. C’est pour cette raison que les entreprises traditionnelles ont tout intérêt à procéder par étapes sur un mode pilote en expérimentant le modèle DevOps sur certaines applications avant de le déployer.
Antoine Gourévitch
Directeur associé senior BCG