Data / IA
Sept façons de maximiser l’impact des données ouvertes
Par Arthur Mickoleit, Gartner, publié le 26 novembre 2018
De nombreux organismes du secteur public mènent des stratégies d’ouverture des données, mais rares sont ceux à obtenir des résultats tangibles. Le succès du gouvernement français en matière de données ouvertes s’articule autour de sept facteurs.
Un soutien au plus haut de la hiérarchie
Une approche descendante est requise pour créer la dynamique nécessaire. Car un programme d’ouverture des données doit briser les structures établies et lutter contre la résistance organisationnelle, obstacle à la transformation numérique dans le secteur public. Pour lancer son action en faveur de l’ouverture des données en 2011, le Premier ministre français a mis en place un groupe de travail multidisciplinaire baptisé Etalab. Il a aussi imposé à chaque ministère de nommer une personne à contacter dédiée aux données ouvertes et directement rattachée à la direction du ministère.
Vision et récit, plus que bureaucratie et règles
L’approche descendante n’est pas suffisante. Les collectivités territoriales peuvent ainsi considérer cette transparence comme un nouveau fardeau de la conformité. Il faut donc montrer comment cela peut résoudre des défis politiques et apaiser les préoccupations publiques. L’un des premiers récits percutants du gouvernement français sur les données ouvertes concernait la sécurité routière et s’est soldé par la production d’une carte nationale des accidents de vélo qui a suscité un débat public et reçu une couverture médiatique bénéfique.
La législation, quand cela est nécessaire
La résistance initiale parmi les détenteurs de données nécessitera parfois d’exercer une pression coercitive. Cela peut être dû, au niveau des collectivités, à des ressources limitées et des priorités différentes. Par ailleurs, certains détenteurs de données, qui en faisaient commerce (registre national des entreprises, cadastre…), perdront ce revenu. Etalab a pour cela recruté un directeur juridique et resserré les liens avec la Commission d’accès aux documents administratifs. Un élan renforcé par la loi pour une République numérique promulguée en 2016.
Cibler d’abord des retombées rapides
Un programme d’ouverture des données doit commencer comme un projet agile : créer des retombées rapides, établir une feuille de route des activités et enchaîner les prototypes, au lieu d’élaborer un plan d’action sur plusieurs années et mettre en place une gouvernance institutionnelle complexe. Il faut commencer par des projets à faible risque, en associant des spécialistes de la donnée ou des start-up qui auront des visions non conventionnelles. Parmi les projets menés au niveau du gouvernement : l’ouverture des données liées à la commande publique et aux marchés publics, ainsi que celle du code source et des algorithmes de calcul des impôts. L’initiative de Pôle emploi symbolise également une telle approche progressive d’ouverture.
Des plateformes plutôt que des portails
Se contenter de permettre l’accès et le téléchargement des jeux de données est illusoire. La réutilisation et la création de valeur doivent être facilitées par des API et des outils modernes pour l’analyse et la visualisation collaboratives. La plateforme technologique doit être associée à une plateforme communautaire qui générera un écosystème, lui-même dynamisé avec des concours (Dataconnexions) et autres défis technologiques.
Démontrer l’impact avec des preuves solides
L’enthousiasme initial peut s’évanouir sans effets tangibles et documentés. Les indicateurs de performance clés (KPI) quantitatifs mis en place par Etalab incluent le nombre de jeux de données ouverts, de réalisations, d’utilisateurs, etc. Ils ne traduisent toutefois pas des impacts réels, difficiles à prouver sans une métrologie tangible. En l’absence de données quantitatives, recourir au récit, utiliser des données qualitatives mettant en avant des potentiels et des risques.
Influencer les développements internationaux associés
Les données ouvertes suscitent une grande attention politique au niveau mondial, notamment dans le cadre des smart cities pour ne citer que celui-ci. Dans cette logique, la France a rejoint le PGO (Partenariat pour un gouvernement ouvert) en 2014 et influence activement le débat international sur les données ouvertes, par exemple en choisissant les données relatives à la commande publique (et à la passation de marchés) comme sujet pour développer la collaboration internationale.
Par Arthur Mickoleit, Gartner