DOSSIERS

Rentrée à hauts risques pour les jeunes diplômés

Par La rédaction, publié le 13 août 2009

Avec la crise, les SSII privilégient les profils confirmés. Des bataillons de jeunes risquent de se retrouver sur le carreau en septembre. Premier volet de notre enquête « Rentrée 2009 ».

Objets de toutes les convoitises il y a un an à peine, les jeunes diplômés sont aujourd’hui tombés de leur piédestal. Au cours du premier trimestre 2009, les offres d’emploi dédiées aux cadres informaticiens débutants ont dévissé, selon l’Association pour l’emploi des cadres, de 52 % contre une baisse moyenne de 38 % toutes classes d’âges confondues. Et cette tendance devrait se confirmer sur l’ensemble du premier semestre mais aussi – selon les intentions d’embauche recueillies par l’Apec – du second.

Ce n’est pas vraiment une surprise. Les jeunes diplômés sont les dindons de la farce à chaque retournement de conjoncture. « Nos clients freinent le recrutement de jeunes diplômés, dont la montée en puissance prend du temps, au profit de profils expérimentés voire très seniors. Des managers, des directeurs de projet ayant quinze ou vingt ans d’expérience, des valeurs sûres au ROI rapide », résume Damien Leblond, directeur associé du cabinet Selescope.

Les offres se raréfiant, Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec, redoute un phénomène d’entonnoir pour la rentrée. « La crise a pris au dépourvu les diplômés de 2008 qui avaient repoussé leur recherche d’emploi à octobre-novembre. Et comme la promotion 2009 a, de son côté, anticipé la sienne en mars-avril, ils devraient se retrouver en concurrence en septembre. » Et pas question de compter sur un quelconque appel d’air. L’effet papy-boom dans les DSI reste limité tandis que le turn-over dans les SSII a diminué de moitié.

Le flot des embauches n’est pas complètement tari

Alors, chronique annoncée d’une explosion du chômage des jeunes ? Haut commissaire à la jeunesse, Martin Hirsch serait, à en croire le site Marianne 2, sorti ébranlé d’une entrevue avec les membres de Syntec informatique en mai dernier. « Habituellement, ils embauchent chaque année 8 000 diplômés sur les 24 000 qui sortent avec un diplôme d’informatique. Et en 2009, ils m’ont dit qu’ils n’en prendraient aucun ! » La réalité ne sera, bien sûr, pas aussi tranchée. Loin de là. A la différence de la crise précédente (2001-2003), les SSII n’ont heureusement pas coupé les ponts avec les grandes écoles. Et si les embauches de jeunes diplômés se raréfient, le flot ne s’est pas tari.

Cette année, Atos Origin recrutera 700 collaborateurs en France contre 2 000 les années précédentes. Un tiers de ces recrutements portera sur des jeunes diplômés. En parallèle, la SSII propose 200 postes d’apprentissage ou de contrats en alternance et 500 stages dans l’Hexagone. Concernant ces stages, l’entreprise a décidé cette année de les ouvrir davantage aux étudiants de 1re et de 2e année. A la différence des stages de fin d’études, tremplin à l’embauche, il s’agit plutôt là de stages de découverte de quelques semaines. « Nous voulons montrer à ces étudiants qu’il y a un futur pour eux dans nos métiers, avance Jean-Marie Simon, DRH du groupe. Une SSII ne peut se couper de jeunes talents surtout dans la période de rupture technologique actuelle. Car il faut d’ores et déjà préparer la sortie de crise. Après 2001, beaucoup de jeunes s’étaient désengagés de la filière informatique. »

Attention aux ruptures de période d’essai

Même souci d’ouverture affiché par Teamlog. Comme les deux années précédentes, la SSII embauchera la même proportion de jeunes diplômés. A savoir 40 % de ses 450 recrutements prévisionnels. Parmi eux, on trouvera bon nombre des 90 stagiaires actuels, le taux de transformation en CDI s’élevant à 85 %.

Pourquoi recrute-t-il toujours des jeunes ? Directeur du recrutement, Laurent Benazera évoque l’effet de taille. Teamlog, qui figure parmi les dix premières SSII françaises, réalise près de la moitié de son activité en forfait et dans ses centres de services de Paris, Rennes, Grenoble ou Lyon, « ce qui nous offre une capacité à accueillir les jeunes diplômés. A la différence des petites SSII centrées sur l’assistance technique. En ce moment, elles peuvent difficilement placer des jeunes diplômés chez le client. »

Quant aux heureux élus qui décrocheront un CDI à la rentrée, ils devront rester vigilants. Troublée, la période est propice, selon Régis Granarolo, président du Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens, aux ruptures de période d’essai. Il s’attend aussi à une baisse du salaire à l’embauche de 5 à 10 %. « Les jeunes diplômés doivent rester humbles et se projeter sur le moyen/long terme. » En partenariat avec le cabinet B2EN, le Munci doit organiser en octobre un atelier (gratuit mais réservé aux adhérents) pour mieux appréhender le marché du travail et ses subtilités.

Demain, ne ratez pas le second volet de notre enquête « Rentrée 2009 » : dix conseils pour réussir son entrée sur le marché du travail

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights