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Phidias, la pépite française de l’impression 3D, peut-elle encore s’imposer ?
Par La rédaction, publié le 13 juin 2013
En mai dernier, le groupe français Gorgé prenait le contrôle de Phidias Technologies, une start up qui a mis au point une technologie d’impression 3D très performante. Une acquisition orchestrée par le ministre Arnaud Montebourg, qui souhaite créer un champion national de l’impression 3D.
L’idée est géniale : exploiter la technologie DLP des projecteurs numériques en impression 3D. Plutôt qu’un rayon laser, qui dessine l’image de la pièce sur le substrat pour le solidifier, Phidias utilise les 2 millions de miroirs du composant DLP pour littéralement projeter l’image de la pièce sur le substrat. Cette technologie a été inventée par André-Luc Allanic et a bénéficié du soutien du programme d’aides aux PME en électronique et logiciel embarqué Cap’Tronic.
Le gain en efficacité apporté par la technologie DLP est substantiel, mais, avec seulement deux modèles d’imprimante à son catalogue, Phidias est positionné sur le très haut de gamme de l’impression 3D. Son entrée de gamme (format d’impression : 600 x 400 x 500 mm) est proposé à 200 000 euros€, le modèle 800 x 700 x 600 mm à 250 000 euros. Jusqu’à maintenant, la start up faisait figure de nain face aux géants américains du secteur, 3D Systems et Stratasys. Il a fallu trois ans à cette jeune entreprise créée par André-Luc Allanic, associé à Philippe Hoarau, le PDG de Cresilas, le plus gros prototypiste en France, pour vendre 17 machines.
En 2012, Phidias Technologies réalisait 1 million d’euros de chiffre d’affaires, un chiffre à comparer aux 353,6 millions de dollars réalisés par 3D Systems la même année. Un déséquilibre qui n’impressionne en rien Raphael Gorgé, PDG du groupe Gorgé, groupe industriel qui vient de prendre le contrôle de Phidias Technologies : « C’est vrai que Phidias souffrait de sa petite taille face à ses concurrents, mais si on prend le leader du marché, 3D Systems, ils ne pèsent qu’une fois et demi notre poids. » Pour ce spécialiste de la sûreté nucléaire, cette prise de position sur le marché de l’impression 3D, dans laquelle l’action du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a été décisive, est dans la droite ligne d’une stratégie de réindustrialisation du pays : « Nous sommes présents sur le marché de la robotique depuis vingt ans maintenant. Nous avons installé 16 500 robots dans le secteur automobile, dans des PME et dans ce cadre, on considère que l’impression 3D est une technologie du futur qui va modifier profondément l’industrie. On pense que c’est, tout comme la robotique, un moyen de maintenir en France des moyens de production. »
Pour un peu moins de 5 millions d’euros, le groupe Gorgé met la main sur la technologie d’impression 3D mise au point par Phidias. Reste à l’industriel de transformer la réussite technique en succès commercial. « Tout en restant sur la technologie de stéréolithographie développée par Phidias, nous comptons créer de nouveau modèle : l’idée, c’est de descendre en gamme avec de nouvelles imprimantes plus limitées en taille d’impression mais moins coûteuses. » Autre enjeu, la conquête du marché international. Phidias Technologies avait réussi une belle percée en Allemagne, en vendant quatre machines au prothésiste dentaire Dreve. Raphael Gorgé compte bien transformer l’essai : « Groupe Gorgé réalise déjà 50 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, où nous avons une douzaine de filiale. C’est ce réseau qui va porter nos imprimantes 3D sur les marchés étrangers. » Le PDG se donne deux ans pour réussir cette diversification sur un marché des imprimantes 3D à résines photosensibles estimé à 420 millions de dollars.