Gouvernance

« Balance ton CIO »

Par La rédaction, publié le 06 février 2020

Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Notre DSI de l’année est Mme Véronique Puche, DSI de l’Assurance Retraite, choisie parmi les nombreuses candidatures soumises.

Bravo à elle, et bravo aux DSI membres du jury pour ce choix qui met évidemment en avant les qualités professionnelles de cette CIO.

Il y a 20 ans, le 5 janvier 2000, Peggy Bouchet, du haut de ses 26 ans, achevait sa deuxième traversée de l’Atlantique à la rame, avec quelque 10 000 km dans les bras.
Autre temps, autre époque : il était sans doute encore plus difficile qu’aujourd’hui d’être une jeune femme face à de tels défis.

Ainsi, sans que nous soyons toutes et tous des athlètes, des sportifs de haut niveau, réjouissons-nous de toutes ces réussites, tous ces progrès qui nous font aller vers du mieux, où l’équité entre hommes et femmes sera une réalité, où #BalanceTonPorc n’aura plus de raison d’être.

Pour être franc – au risque d’être politiquement incorrect -, je vis avec une certaine circonspection la période actuelle où l’on a pour objectif affiché et largement annoncé de corriger des injustices et rétablir un équilibre qui n’est pas encore là entre les hommes et les femmes.

Circonspection, car l’effet pernicieux de cette tendance, de cette mouvance, au-delà de son objectif qui n’est ni contesté ni contestable, est de créer le doute sur les choix qui sont faits. Je n’ai pas le plaisir – attention, pas de procès d’intention : j’aurais utilisé le même mot avec un DSI masculin – de connaître Mme Puche pour avoir travaillé avec elle, et je fais confiance aux membres du jury constitué par IT for Business, mais il m’est franchement désagréable d’avoir le doute quant à savoir si le choix aurait été le même il y a quelques années, à l’époque où il n’était pas « dans l’air du temps » de vouloir davantage de femmes dans les secteurs où la parité est loin d’exister.

Ma lecture, mon appréciation est donc polluée par cette ambiance, et c’est à moi que j’en veux d’avoir ce doute : la discrimination positive me fait douter de l’objectivité, voilà l’effet pervers.

Dans notre univers IT, sans m’appuyer sur des chiffres fiables, force est de constater que parmi mes relations professionnelles, nous sommes loin de la parité dans le joli monde des éditeurs, ingénieurs, SSII, ESN… et DSI. Je ne vous apprends rien. Quelques femmes, une très grande majorité d’hommes. Et je n’aurai pas l’indélicatesse d’évoquer que, côté prestataires, les femmes sont plus souvent à un poste commercial ou administratif que conseil ou production.

Chef d’entreprise, je regrette d’avoir une large majorité de mâles à forte teneur en testostérone dans mes équipes, et lors de recrutements il m’est  arrivé, avant que cela ne soit discriminant et donc illégal, de demander aux cabinets de recrutement de privilégier des candidatures féminines.
Pourquoi souhaiter davantage de femmes dans mes équipes ? Pour des raisons subjectives : intuition féminine, approches différentes… Et pourtant, les seuls critères à retenir étaient bien entendu professionnels, comme les compétences, l’expérience, le savoir-être, le savoir-faire.

J’ai eu la chance d’avoir des collaboratrices dans mes équipes, et il n’y avait heureusement et évidemment pas de différence de résultat avec les collaborateurs masculins. Pour la petite histoire, j’ai été finalement déçu de ne pas constater de différence d’approche… Notre métier n’est peut-être pas le plus propice à laisser s’exprimer des qualités qui sont plus féminines que masculines. Mais ai-je encore le droit d’écrire cela sans être taxé de sexisme ?

Une collaboratrice, consultante senior, m’a un jour longuement raconté que c’était chez nos clients qu’il était le plus difficile d’être « à sa place », d’être vue comme la professionnelle qu’elle était : il lui fallait d’abord passer quelques barrages sexistes avant qu’on ne l’écoute pleinement.
Pour l’anecdote, à un client de l’ancienne école qui avait manifestement un peu de mal à rester concentré sur les qualités professionnelles, elle avait indiqué qu’à la prochaine réunion, elle viendrait sans doute en cravate et qu’elle se présenterait sous un prénom masculin.
A contrario, au sein de notre petite équipe, ses compétences étaient connues et reconnues, et aucune différence n’était faite par les collaborateurs. Sans doute avait-on, sans le savoir, quelques longueurs d’avance : pas de différences entre hommes et femmes, qu’il s’agisse des contraintes ou avantages, des rémunérations ou pressions, des attentes ou résultats.
Pour autant, pas de quoi en tirer une quelconque gloire : beaucoup de sociétés ont été, sont et seront dans le même cas que la mienne sans qu’il soit utile d’en parler.

Et justement. Est-il nécessaire d’en parler ? Rédiger un article sur ce sujet n’est-il pas la pire démonstration de ma misogynie et de mon machisme ? Car enfin, l’égalité de chances, de traitement, de salaire, de considération, etc. entre les hommes et les femmes sera atteinte lorsqu’il n’y aura plus de sujet, et donc plus de raison d’écrire ces quelques lignes.

Pour terminer, je ne serai pas d’une grande originalité, mais je vous souhaite sincèrement, lectrice et lecteur, une très belle année 2020 remplie de petites et grandes joies, de belles rencontres, de réussites, de sérénité et de… parité, ou d’équité.
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Par Gabriel Chataînois, Dirigeant d’une petite société de conseil

Gabriel Chataînois est le pseudonyme du dirigeant d’une société de conseil bien réelle

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