Gouvernance
L’automatisation de la Supply Chain, un enjeu important pour 80% des entreprises françaises
Par Laurent Delattre, publié le 12 mars 2020
Essentielle à l’amélioration de l’efficacité de la supply chain autant qu’à la transformation numérique des entreprises, l’automatisation au travers d’une solution EDI souffre d’un manque de moyens et d’un manque d’engagement des directions générales selon une nouvelle étude Comarch et OpinionWay.
Réalisée auprès de 125 directeurs supply chain et responsables logistiques d’entreprises françaises de plus de 500 collaborateurs, la nouvelle étude « Les directeurs supply chain et l’EDI » d’OpinionWay et Comarch trace un portrait de l’état de l’automatisation de nos Supply Chains. Elle cherche à comprendre et analyser les motivations et les obstacles liés à leur numérisation avec en point de mire l’usage des échanges de données informatisés (EDI).
Si pour 80% des responsables interrogés, l’automatisation de la Supply Chain est un enjeu important, il n’est prioritaire que pour 35% d’entre eux. 20% estiment toujours cette modernisation comme secondaire ce qui reste un chiffre étonnamment élevé à l’heure de la transformation numérique. Pour les rapporteurs de l’étude, ce chiffre de 80% semble très encourageant. Mais on pourra aussi rétorquer que, prises selon un autre angle, ces données montrent également que 65% des entreprises françaises ne font pas une priorité de l’automatisation de la Supply Chain.
Dans le détail, cette automatisation se révèle plus prioritaire dans les grandes entreprises (48% des entreprises de plus de 100 millions d’euros de Chiffre d’affaires la jugent prioritaire) que chez les PME au chiffre d’affaires moins élevé (seulement 21% d’entre elles en font une priorité).
Un relatif manque d’engouement qui s’explique en partie par la bonne satisfaction des directeurs supply chain français quant à l’efficacité de la gestion de celle-ci. 74% des responsables la jugent en effet bonne ou assez bonne. Ils ne sont que 8% à la noter très bonne et 17% à la jugée plutôt mauvaise. Mais pour les rapporteurs de l’étude, « les efforts entrepris ces dernières années par les entreprises concernant l’automatisation de la supply chain portent leurs fruits. Celles qui en font un enjeu prioritaire affichent une plus grande efficacité dans la gestion de la leur avec une note de 7,3 sur 10 contre 6,7 sur 10 en moyenne ».
Vers l’EDI mais sans engouement…
L’une des données les plus intéressantes de l’étude concerne les difficultés relatives à la Supply Chain rencontrées dans les entreprises. Elles mettent en perspective pourquoi l’automatisation n’est pas davantage une priorité. En effet, la « quantité excessive de tâches manuelles » n’arrive qu’en troisième position avec 26% des votes à égalité avec « les pertes de temps à cause d’un manque de traçabilité du processus ». L’étude attentive des difficultés rencontrées explique bien pourquoi la majorité des entreprises estime cette automatisation de leur supply chain important mais néanmoins pas prioritaire.
Autre donnée intéressante, celle des formats principalement utilisés pour l’échange des informations. À l’heure des solutions en mode SaaS et des API, le format le plus utilisé pour l’échange de données est…. (roulement de tambour) … l’email et sa pièce attachée en PDF ! Boouuuuuhhhh !
Et, son chiffre « 67% » fait même carrément peur. Car cet usage est une aubaine pour tous les cyberattaquants qui ont bien compris depuis quelques années que le meilleur moyen d’attaquer les grandes entreprises était de s’en prendre à leur supply chain. Avec des informations clés transférées principalement par le moyen le plus facile à compromettre (l’email) et le support le plus simple pour mener une attaque (le fichier PDF), la situation n’est pas prête d’évoluer.
Même si l’échange de données informatisées (EDI) arrive en seconde position avec un score significatif.
« Signe que la numérisation de l’économie n’est pas encore complète, 20% des directeurs Interrogés déclarent que leur entreprise échange encore les informations liées à la gestion de leur supply chain sous format papier » note également les rapporteurs de l’étude.
L’étude s’attache également au type de solutions EDI. Là encore, même si les intégrations directes sont plus présentes qu’on pourrait le croire, la transformation numérique a encore du chemin…
Selon l’étude, les entreprises qui ont adopté un système d’EDI pour la gestion de leur supply chain ont le plus souvent recours à une solution unique : 43% utilisent une intégration directe entre leurs systèmes et ceux de leurs partenaires, et 35% utilisent un portail Web sans intégration directe.
Seuls 20% des directeurs déclarent que leur entreprise dispose des deux solutions simultanément (13% chez le même fournisseur et 7% chez deux fournisseurs différents).
Bénéfices et freins à l’adoption de l’EDI
Enfin, l’étude s’attache aux facteurs qui incitent à l’adoption de solutions EDI ainsi qu’aux freins à leur adoption.
Sans surprise, les moteurs d’adoption sont principalement financiers. 47% des directeurs interrogés citent une meilleure efficacité et productivité et 34% la diminution des coûts de gestion des commandes ou des avis d’expédition.
Les besoins d’améliorer la qualité des échanges d’information n’arrivent qu’ensuite avec 37% des directeurs supply chain évoquant « une meilleure traçabilité », 34% « l’augmentation de la sécurité des données » et 17% « la centralisation du processus de gestion de la supply chain ».
Pour 24% des entreprises, cette mise en place de l’EDI est d’abord le fruit des exigences des partenaires commerciaux de l’entreprise.
Plus étonnant, la mise en place d’une telle solution est perçue par 32% des responsables comme une réponse à l’impératif de diminution de l’impact environnemental de l’entreprise.
De façon similaire, le premier bénéfice constaté d’une solution EDI est l’amélioration des conditions de travail des collaborateurs : 36% des directeurs se félicitent « de la possibilité de se consacrer à des tâches avec plus de valeur ajoutée », 34% saluent « une réduction des tâches répétitives » et 27% témoignent d’« une réduction du travail lié à la gestion des erreurs et des litiges ».
Mais alors, avec des bénéfices aussi remarquables, qu’est-ce qui peut bien encore freiner l’automatisation de la supply chain d’une manière générale et l’adoption de l’EDI en particulier ?
Sans surprise et comme pour tous les défis de transformation numérique, les problèmes d’organisation arrivent en tête devant le bon équipement et la formation. Changements organisationnels, changements techniques et les traditionnels obstacles relationnels entre les humains et les solutions de dématérialisation… L’EDI ne fait vraiment pas bande à part…
D’une manière générale, l’étude confirme que les grandes entreprises sont plus conscientes de l’importance de l’enjeu d’une automatisation de la gestion de la supply chain, et se donnent les moyens de leur ambition en mettant en place une solution EDI. Une mise en place qui réclame de se donner les moyens matériels et d’embarquer les équipes de l’entreprise dans l’adoption de ces solutions. Avec à la clé des gains d’efficacité et des gains financiers mesurables, mais également une amélioration des conditions de travail des salariés.
Source :
Découvrez l’étude dans son intégralité : Les directeurs supply chain et l’EDI