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Ce qu’implique le rachat de Figma par Adobe sur le marché des outils UX/UI
Par Laurent Delattre, publié le 19 septembre 2022
Adobe rachète son principal concurrent dans l’univers de la création des interfaces utilisateurs (UI/UX), la plateforme de création collaborative Figma, pour 20 milliards de dollars.
Figma… Ce nom ne parle peut-être pas à tous les DSI. Logique, Figma n’a commencé son expansion internationale que récemment et vient d’ouvrir une filiale française (avec des bureaux parisiens) en juillet dernier.
Figma est l’une des plateformes de prototypage d’interfaces UI/UX les plus populaires. Elle doit son succès à son modèle Freemium (pour utilisateurs individuels).
Elle était jusqu’ici considérée comme l’une des principales alternatives au propre outil d’Adobe, Adobe XD.
Du monde au portillon ?
Startup créée en 2012 (la plateforme ne se concrétisera cependant qu’en 2015) et valorisée plus de 10 milliards de dollars fin 2021, mais réalisant un CA de 400 millions de dollars avec 800 employés, la solution semble avoir été acquise à prix fort par Adobe : 20 milliards de dollars !
Il est vrai que depuis quelques années, nombreux sont ceux qui se demandent quel géant s’emparera de cette plateforme. Les rumeurs sont allées bon train cet été alors que d’une part Google en faisait sa plateforme de prédilection pour la création d’interfaces sous Chromebook et que, d’autre part, des employés de Microsoft expliquaient publiquement que la plateforme « est un peu comme l’air et l’eau chez nous » tant elle est utilisée par les designers mais aussi les marketeux, les ingénieurs et les data-scientists. Il est également de notoriété publique que des acteurs comme Salesforce ou Oracle compte parmi les clients Figma.
Adobe semble donc avoir estimé qu’il était plus prudent de s’emparer dès à présent de ce concurrent en vogue avant qu’un autre géant de la Tech ne le fasse.
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Bien évidemment, le rachat de Figma par Adobe bouleverse moins le marché – au moins à court terme –que si l’éditeur avait été acquis par Apple, Google ou Microsoft en raison de la proximité de ces acteurs avec leur propre plateforme. Adobe est en ce sens aussi agnostique que l’a toujours été Figma.
« Ensemble, Adobe et Figma vont réimaginer l’avenir de la créativité et de la productivité, accélérer la créativité sur le web, faire progresser la conception des produits et inspirer les communautés mondiales de créateurs, designers et développeurs », expliquent les responsables d’Adobe dans un communiqué de presse.
Un enthousiasme qui n’est pas partagé par tout le monde. Ce rachat est assez mal perçu par bien des artistes et designers ce qui pourrait avoir, par écho, des répercussions sur les DSI même si Figma devrait conserver une certaine autonomie dans un premier temps. Sur Twitter, bien des artistes et designers ont exprimé leurs inquiétudes voire leur rejet de voir Adobe, parfois perçu comme en situation monopolistique dans l’univers de la création graphique, s’emparer de leur plateforme de prédilection.
Un constat d’échec ?
Reste à savoir si ce rachat n’est pas une tentative pour tuer à termes un concurrent trop encombrant. Officiellement, Adobe et Figma affirment que « cette union sera grandement bénéfique aux clients » et que les opérations de Figma demeureront relativement autonomes.
Néanmoins, il apparaît plus que probable que le deal soit scruté avec une extrême attention par les autorités compétentes US ! Adobe cherche bien à s’emparer d’un concurrent ce qui pour les américains s’apparente à une réduction de la compétition sur le marché. « C’est typiquement le genre de deal qui soulève des questions antitrust » explique un ancien expert du DOJ à Axios.
« La plateforme de flux de travail collaboratif de Figma, la meilleure de sa catégorie, a changé la donne en matière d’outils de conception, faisant évoluer le monde de la conception des contributeurs individuels à l’habilitation des équipes basée sur la collaboration » rappelle de son côté Sheila Mahoutchian du Forrester. Une façon de reconnaître à demi-mot que, sur ce marché, Adobe n’a pas réussi à s’imposer autant qu’il le voulait avec sa propre solution collaborative Adobe XD.
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Toujours l’hybrid work
Pour Forrester, ce rachat s’inscrit aussi dans une logique Post-Covid avec l’augmentation du télétravail et le besoin de faire mieux collaborer des artistes, des designers et des développeurs répartis dans un environnement de travail hybride.
« L’environnement de collaboration créative des agences a toujours été l’un de ses attributs importants. Pourtant, moins de 20 % des employés des agences sont retournés au bureau à plein temps, ce qui remet en cause l’avantage de leur culture créative. La combinaison d’Adobe Creative Cloud et de la technologie de collaboration de conception Figma sera un outil utile pour aider les industries créatives à maintenir et à réaliser leur valeur dans l’avenir du travail en tout lieu. »
Des opportunités pour les seconds couteaux ?
Evidemment les réactions épidermiques de certains soulèvent un dynamisme nouveau chez la concurrence. Cette acquisition d’Adobe met en effet un coup de projecteurs sur les solutions alternatives pour prototyper des interfaces Web et mobiles.
Parmi les principaux concurrents, on retiendra notamment JustInMind, Sketch, Fluid UI, UIzard, InVision, Webflow, Axure RP… Ajoutons à cette liste l’outil open source Pencil Project.