Intel Innovation Days 2022

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12 informations clés des Intel Innovation Days 2022

Par Laurent Delattre, publié le 05 octobre 2022

La semaine dernière, Intel tenait ses « Innovation Days 2022 » avec à la clé de nombreuses annonces matérielles et logicielles mais aussi quelques clés sur la vision d’Intel et sur ses ambitions…

L’entreprise Intel a été très malmenée ces dernières années notamment par la concurrence d’AMD et d’ARM mais aussi pour ses difficultés à passer en gravure 10 nm et en deçà pour ses processeurs. Sans compter la perte du client Apple qui adopte désormais ses propres processeurs sur ses Macs. Pour la première fois depuis des décennies, Intel a même annoncé des pertes au second trimestre 2022.

Pat Gelsinger, arrivé en pompier le 15 février 2021, a entamé une profonde réorganisation et redonné du dynamisme à l’entreprise en matière d’innovations. Mais certains effets tardent à se faire sentir.

Les « Intel Innovation Days », qui se tenaient les 27 et 28 septembre, ont été l’occasion de faire le point sur l’entreprise, sur son portfolio de solutions à venir, sur sa vision à moyen terme.

Voici 10 clés que nous avons retenues des différentes annonces et discours…

1- Encore bien des challenges à relever pour transformer Intel

Pat Gelsinger est quelqu’un de profondément optimiste. Mais il reste pragmatique face aux nombreux défis qui ralentissent la transformation d’Intel. Le fondeur est toujours dans des zones de turbulences. « Il nous faut plusieurs années pour développer une nouvelle architecture de processeur. Si vous voulez rester dans ce secteur, vous ne pouvez pas vous laisser guider par les résultats financiers à court terme. Oui, nous devons être austères. Oui, nous devons gérer notre trésorerie avec soin. Mais nous investissons sur le long terme. C’est notre stratégie pour construire les technologies de processus pour un leadership incontesté. Nous développons la capacité à faire évoluer ces technologies. Nous réalisons des investissements à long terme dans nos feuilles de route pour nos activités de réseau, nos activités graphiques, nos activités clients, nos activités automobiles et nos activités de centre de données. Nous allons faire tout cela et nous allons gérer les coûts à court terme. »

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Rappelons qu’Intel a lourdement investi dans de nouvelles usines de fabrication de processeurs non seulement aux USA mais aussi en Europe : Intel a annoncé en mars 2022 un plan d’investissements de 33 milliards d’euros pour bâtir deux usines en Allemagne, doubler ses capacités de production en Irlande, moderniser une usine en Italie et ouvrir un hub R&D en France.
Pat Gelsinger refuse de s’inscrire dans une stratégie boursière. Son plan nécessite une exécution à long terme d’autant que l’entreprise a beaucoup perdu de son aura ces dernières années. Dans une interview à The Verge, il rappelle ainsi que « non seulement nous devons reconstruire la culture interne et l’exécution, mais nous devons aussi reconstruire la confiance de nos clients ».

2- Les Intel Core 13ème génération multiplient les cœurs

Sans surprise, Intel a profité de ces journées dédiées à l’innovation pour lancer les premiers processeurs « Desktop » Intel Core de 13ème génération. Les « Raptor Lake » (de leur nom de code) conservent la nouvelle architecture hybride (combinant des cœurs Performances et des cœurs Economes) introduite avec la 12ème génération.
Trois modèles ont fait leur apparition : le Core i5-13600K avec ses 14 cœurs (6 « P » et 8 « E ») et ses 20 threads, le Core i7-13700K avec ses 16 cœurs (8 « P » et 8 « E ») pour 24 threads, le Core i9-13900K et ses 24 cœurs (8 « P », 16 « E ») pour 32 threads.
Le Core i9 atteint en mode boost une fréquence de 5,8 GHz. Mais Intel a déjà plus ou moins laissé fuiter un Core i9-13900KS boosté à 6 GHz. Il devrait être présenté au CES 2023 en janvier tout comme les déclinaisons mobiles des Core 13ème génération.
Bref, Intel a choisi de clairement multiplier les cœurs – particulièrement les cœurs « E » (efficients) – sur cette nouvelle génération.

3- Xeon Sapphire Rapids, cette fois c’est pour bientôt

Avant l’arrivée de Pat Gelsinger, le principal problème rencontré par Intel était une succession de retards affectant à peu près toutes les gammes de produits. Depuis, les choses sont plutôt rentrées dans l’ordre sauf sur un produit : le Xeon Sapphire Rapids. Et non, cette nouvelle et quatrième génération très attendue de Xeon Scalable Processors n’a toujours pas été officialisée à l’occasion des Innovation Days. Pourtant, ils n’ont jamais été aussi proches de la sortie. Intel a ainsi confirmé que ces processeurs avaient commencé à être déployés sur son propre Dev Cloud mais également sur le futur HPC exaflopique « Aurora » du Argonne National Laboratory. Attendus en 2021, les nouveaux Xeon SP en technologie « Intel 7 » doivent venir concurrencer les derniers AMD Epyc « Rome » et leurs 64 cœurs intégrés. Il est probable qu’Intel ne s’alignera pas sur cette densité de cœurs par sockets. Mais le fondeur compte sur sa bande passante mémoire accrue et une pléthore de nouvelles technologies pour se démarquer :
> Intel AMX (Advanced Matrix Extensions) pour accélérer les apprentissages IA
> Intel DLB (Dynamic Load Balancing) pour améliorer l’équilibrage des charges
> Intel DSA (Data Streaming Accelerator) pour délester les cœurs des tâches réseau et stockage
> Intel IAA (In-Memory Analytics Accelerator) pour booster les bases de données et la BI
> Intel AVX-512 pour accélérer les systèmes de Deep Learning
> Intel QAT (Quick Assist Technology) accélération des algorithmes de compression et chiffrement.

4- Intel Unison pour garder un pied dans la mobilité extrême

Intel n’existe pas dans l’univers des tablettes et des smartphones pour l’instant acquis aux processeurs ARM. Pour autant, le fondeur ne veut pas ignorer l’existence de ces appareils et veut fluidifier les expériences qui conduisent les utilisateurs à passer du PC au mobile et inversement. Assez similaire à la technologie Mobile Connecté de Windows (ex Phone Link), Intel Unison veut apporter une réponse plus universelle et plus riche aux problèmes d’intégration entre PC et smartphones (et autres appareils mobiles). Contrairement à l’outil de Microsoft, Unison veut offrir la même richesse fonctionnelle que les terminaux mobiles soient sur Android ou sur iOS. Elle supporte déjà l’affichage des notifications et messages mobiles sur PC, l’envoi et la réception de SMS depuis le PC, la possibilité de prendre et de passer des appels sur le PC (via le smartphone), le transfert simplifié de photos. D’autres fonctions seront ajoutées avec le temps comme l’affichage déporté ou l’utilisation d’une tablette comme écran externe du PC.
La technologie doit faire ses premiers en cette fin d’année, exclusivement sur les PC estampillés « Intel EVO » de Acer, HP et Lenovo. Elle sera étendue l’an prochain à tous PC dotés de processeurs Intel Core 13ème génération.

5- Devenir le premier concurrent des GPU NVidia

Intel veut s’imposer dans l’univers des GPU… Non seulement dans les datacenters, mais aussi sur les PC des gamers et sur les ordinateurs mobiles. C’est désormais l’une de ses priorités. Une concurrence qui va secouer NVidia et AMD alors que ces constructeurs sont frappés par la pénurie de semiconducteurs et ont eu beaucoup de mal à satisfaire la demande en cartes graphiques depuis deux ans.

Du côté des PC, Intel a officialisé la sortie en octobre de sa carte graphique ARC A770 destinée à concurrencer les NVidia RTX 3060 avec un prix attractif de 329 dollars !

Du côté des serveurs, Intel a confirmé avoir commencé à livrer ses premiers GPU « Ponte Vecchio » au HPC exaflopique Aurora. Les versions commerciales sont attendues sous peu. Le fondeur a surtout dévoilé les deux premières déclinaisons de l’équivalent des GPU Arc pour les serveurs, les GPU « Arctic Sound-M ». Dénommés Flex 140 et Flex 170, ils reposent sur l’architecture Xe-HPG d’Intel et viennent directement tenir la dragée haute aux GPU NVidia A10. Si le Ponte Vecchio vise les systèmes HPC, les Flex visent les serveurs de streaming vidéo, de cloud gaming et de rendu 3D.

6- Project Amber et l’informatique confidentielle

Cet été, à l’occasion de sa conférence ‘Intel Vision 2022’, le fondeur avait dévoilé les contours d’un projet d’informatique confidentielle dénommé Project Amber. Le Confidential Computing repose sur des mécanismes de sécurité implantés au cœur des processeurs associé à un processus de vérification appelé « attestation ».

Project Amber est une solution SaaS de « Trust as a Service » permettant de découpler l’autorité d’attestation du fournisseur d’infrastructure cloud. Pour faire simple, cela permet aux entreprises de ne pas stocker les clés de la bulle chiffrée sur l’infrastructure elle-même mais de les avoir ailleurs. C’est une garantie de confidentialité et de souverainement supplémentaire. Intel a dévoilé que deux projets pilotes mettaient déjà en œuvre sa solution TaaS : Leidos l’utilise pour sécuriser son matériel médical mobile et Accenture pour son nouveau framework dopé à l’IA de protection des données partagées de coopératives.

7- Une carte neuromorphique

Depuis 2017, Intel montre un intérêt particulier pour l’informatique « neuromorphique » qui utilisent des processeurs NPU assemblés pour répliquer la façon dont les neurones sont organisés et interconnectés dans le cerveau humain. L’an dernier, Intel introduisait sa seconde génération de processeurs NPU « Loihi ». Le Loihi 2 embarque un million de neurones et présente l’intérêt de pouvoir aisément être conjugué à d’autres processeurs Loihi 2 pour former de gigantesques réseaux de neurones.

L’intérêt premier d’un NPU Loihi 2 c’est d’être mille fois moins consommateur d’énergie qu’un CPU réalisant le même type d’opérations.

Lors des Innovation Days, Intel a dévoilé sa carte Kapoho Point qui embarque 8 processeurs Loihi 2. Chaque carte peut ainsi animer 8 millions de neurones et accepter 1 milliard de paramètres. Mais, surtout, chaque carte embarque un slot qui permet d’empiler les cartes Kapoho Point à volonté. Intel a dévoilé avoir créé des systèmes de 4 cartes Kapoho Point empilées offrant 32 millions de neurones.

8- Intel OneAPI 2023 et un fort engagement sur l’open source

Intel a plusieurs fois fait allusion au concept d’ « open accelerated computing », concept qui vise à fournir aux développeurs les outils et environnements leur permettant d’éviter d’avoir à écrire du code pour du hardware spécifique.
Annoncé en 2020, le SDK « OneAPI » cherche à faire disparaître côté développeur la notion de CPU, GPU et FPGA pour ne plus embrasser que le concept de « xPU ». La bibliothèque OneAPI se charge ensuite d’optimiser au mieux ce qui existe concrètement sur la machine en termes d’accélérateurs et capacités de traitement sans que le développeur n’ait à s’en soucier. Désormais, le développement de ce SDK a été confié à Codeplay, filiale d’Intel (acquise cet été). La version « 2023 » du SDK sortira en décembre avec une prise en compte d’accélérateurs présents dans les dernières générations de CPU et GPU d’Intel. Il intègrera également l’outil SYCLomatic de conversion des codes sources NVidia CUDA en C++ SYCL (le modèle de programmation GPU de l’OpenCL Working Group Khronos).

OneAPI est un toolkit open-source. Et Intel a longuement insisté sur sa volonté d’ouverture et de s’appuyer sur l’open-source à l’avenir, allant même jusqu’à faire monter Linus Torvalds sur scène. « Nous avons déjà longuement parlé de notre engagement à être ouvert – sur les systèmes, les logiciels et les standards hardware. Notre potentiel collectif en tant qu’industrie est libéré lorsque nous permettons l’ouverture, le choix et la confiance », a ainsi rappelé Pat Gelsinger.

9- Un cloud Intel pour les développeurs

Le fondeur a également profité de ses Innovation Days pour annoncer son « Intel Developer Cloud », un cloud orienté PaaS notamment destiné à offrir aux développeurs un accès aux puces Intel en avance de phase. Les développeurs ont ainsi d’ores et déjà accès aux CPU Xeon Sapphire Rapids et à l’accélérateur d’IA Gaudi 2. L’objectif de ce Dev Cloud est de permettre aux développeurs d’optimiser leurs logiciels pour qu’ils soient prêts lorsque les nouvelles puces commenceront à être livrées en volume.

Prônant une approche « no setups, no configurations, no installations, no downloads » , l’Intel Dev Cloud ne veut pas se limiter à un accès anticipé aux technologies Intel mais veut aussi servir d’accélérateur pour développer des applications IA et des applications Cloud Natives qui pourront ensuite être déployées sur le cloud de son choix.

10- Un SDK Quantique signé Intel

Intel parle peu de quantique bien que développant ses propres technologies de Qubits sur silicium (notamment via ses investissements dans QuTech) et surtout ces chipsets d’interconnexion cryo-électronique.
Lors des Innovation Days, Intel Labs a dévoilé un kit Intel Quantum SDK similaire dans l’esprit aux autres SDK quantiques du marché tels que Qiskit, Cirq, TKET…
Il s’appuie sur le langage C++ et sur un Simulateur Quantique Intel optimisé pour les CPU Intel.

11- Intel investit dans tous les secteurs de l’IA

Sans surprise l’intelligence artificielle était un thème récurrent des Innovation Days. Outre l’arrivée des nouveaux GPU et des accélérateurs d’inférence intégrés aux nouveaux CPU, Intel est aussi revenu sur son très attendu accélérateur dédié Gaudi 2. Annoncé lors de l’Intel Vision 2022 en mai dernier, le processeur Gaudi 2 (issu de la filiale Habana Labs) est l’un des rares accélérateurs orientés accélération des phases d’entraînement. Ils sont donnés comme deux fois plus performants que les NVidia A100 très populaires dans l’univers HPC. Et ils sont déjà accessibles sur l’Intel Dev Cloud.

Pour les développeurs qui cherchent à construire de nouvelles solutions d’IA de manière rapide, efficace et spécifique à un secteur, Intel vient également de publier trois nouveaux kits de référence d’IA pour la santé : automatisation des documents, prédiction des maladies et diagnostic par imagerie médicale. Les développeurs peuvent trouver kits de référence sur GitHub, aux côtés des quatre kits publiés en juillet.

12 – Un nouveau pas vers l’informatique photonique

Se passer des électrons pour véhiculer l’information et utiliser en lieu et place des photons circulant dans des bus photoniques reliant les processeurs entre eux et les processeurs à la mémoire. C’est un vieux rêve chez Intel. Non sans humour, Pat Gelsinger a ressorti des tiroirs une interview vieille de 20 ans où il annonçait déjà qu’Intel était sur le point de développer les technologies nécessaires pour mixer photons et électronique traditionnelle et qu’elle serait bientôt intégrée à tous les processeurs de la marque !

« Bon c’était donc une vidéo de moi, il y a deux décennies, prédisant ce moment présent » a-t-il commenté après la vidéo ajoutant, « Parfois les innovations prennent plus de temps qu’on ne l’aimerait. Il faut parfois des décennies pour faire une semaine de progrès et parfois une semaine pour faire une décennie de progrès… ».

Tout ceci avant de contacter en live une équipe de chercheurs Intel en Écosse qui a développé un connecteur optique détachable pour relier une fibre optique à un processeur.

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