Cloud
Les projets d’informatique en nuage passent de moins en moins par les DSI
Par La rédaction, publié le 13 décembre 2012
Selon une étude de Capgemini, la moitié des entreprises adoptent le cloud sous l’impulsion des métiers.
Les directions opérationnelles sont les premiers moteurs de l’adoption du cloud. Au détriment de la DSI, pourtant censée incarner le spécialiste de cette technologie. Tel est le bilan qui ressort de l’étude mondiale réalisée par Capgemini. Selon celle-ci, la DSI n’est l’instigatrice d’une stratégie cloud que dans 46 % des cas.
Et cette proportion tend à se réduire : « Désormais, 68 % des entreprises consultées estiment que le cloud n’est plus la chasse gardée de la DSI. Il y a deux ans, elles étaient toutes convaincues du contraire », analyse Ron Tolido, le directeur technique de Capgemini en Europe.
Pour lui, le cloud apparaît plus comme un moyen de réduire les coûts ou les délais de mise sur le marché. Et moins comme une technologie de nouvelle génération. « Les sociétés qui l’adoptent le font avec la volonté d’en tirer des bénéfices tangibles dans leur coeur de métier. Plus personne ne s’intéresse aux arguments de modernisation ou d’évolutivité à la demande avancés par les centres de données », commente-t-il.
Marcel Hayon, le DSI de la communauté urbaine du Grand Nancy, a fait les frais de cette tendance, en se faisant déposséder de ce qui aurait dû être son fer de lance technologique. « Il y a un an, quand mes collaborateurs m’ont parlé du cloud, j’ai freiné des quatre fers en répondant que l’offre n’était pas mûre, et que la DSI devait encore acquérir des compétences sur le sujet », raconte-t-il.
« Un an plus tard, et malgré mes réticences, nous avons adopté ce modèle à l’improviste, pour bénéficier de moyens très sophistiqués dans un délai très court. Sans me laisser le temps de l’intégrer à notre politique de sécurité, ce que je ferai plus tard. » Rien d’étonnant, puisqu’Amazon, le premier fournisseur d’infra structures en cloud, ne considère tout simplement pas les DSI historiques comme clients du cloud.
« Tous les interlocuteurs que nous avons chez nos nouveaux clients sont des directeurs métier, lance Terry Wise, directeur commercial des services web d’Amazon. Ceux des DSI qui nous renouvellent leur confiance sont modernes et ouverts aux technologies dernier cri,comme les réseaux sociaux. »
Le DSI d’antan, celui qui avait la mainmise sur le fonctionnement des systèmes n’a plus la cote. Jusque dans les recrutements. « Actuellement, on nous demande des profils adaptés à l’époque, capables d’accompagner le directeur général dans le pilotage de la société, et d’apporter toujours plus de rapidité de mise en œuvre. Il n’est même plus toujours nécessaire qu’ils maîtrisent les technologies », confie Christine Pruvost, chef de l’unité IT dans le cabinet de recrutement Hudson.
Selon l’étude de Capgemini, 78 % des prochaines applications seront exécutées dans le cloud, ce qui signifie que dans quatre cas sur cinq, l’entreprise n’aura plus besoin de quelqu’un qui sache les déployer. Pas question pourtant de condamner tout de suite le poste de DSI. « Il est la seule personne suffisamment experte pour savoir quel type de cloud (public, privé ou hybride) est le mieux adapté à l’activité de l’entreprise», indique Ron Tolido.
La sécurité des données, principal frein au cloud
Toujours selon l’étude de Capgemini, les entreprises redoutent encore majoritairement que leurs données stockées en ligne ne soient pas en sécurité. Trois quarts d’entre elles cherchent à travailler avec plusieurs fournisseurs de cloud, notamment pour que les uns servent de sauvegarde aux autres. Mais elles estiment toujours que personne n’est mieux qualifié que le DSI pour identifier les bons interlocuteurs.
A noter que cette étude ne juge pas les choix des DSI en matière de cloud. Il apparaît pourtant, selon une enquête de PAC (Pierre Audoin Consultants), qu’ils préfèrent louer de complexes infrastructures virtuelles plutôt que de s’abonner aux applications en ligne, bien plus simples. Peut-être une piste pour résoudre leur problème de perte de légitimité.