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Les entreprises doivent combler le manque de compétences pour tirer parti de l’informatique quantique
Par La rédaction, publié le 22 décembre 2022
L’informatique quantique est en passe de transformer la façon dont les entreprises traitent certaines problématiques clés pour leur avenir, celui de l’humanité, celui de la planète. Si la barrière technologique au déploiement de l’informatique quantique pourrait disparaître dans la décennie à venir (notamment grâce aux services QaaS dans le cloud), un obstacle majeur persiste : le manque de compétences quantiques sur le marché du travail.
Par Erik Garcell, Technical Marketing Manager chez Classiq.
Selon l’une de nos récentes études, l’informatique quantique apportera une panoplie d’avantages aux entreprises, notamment des économies de coûts, de nouvelles sources de revenus et des avantages concurrentiels. Mais l’enquête a également mis en évidence un manque d’ingénieurs et de scientifiques qualifiés, pouvant programmer des ordinateurs quantiques. Ce qui aujourd’hui, freine principalement la généralisation de cette technologie.
Non seulement ce manque de qualifications empêchera les entreprises de tirer pleinement parti de la puissance de l’informatique quantique, mais il entraînera également une compétition coûteuse entre celles qui chercheront par tous les moyens à embaucher les quelques spécialistes disponibles sur le marché du travail. Alors, comment ce gap de compétences s’est-il creusé ? Et que peuvent faire concrètement les entreprises pour y remédier ?
Le codage pour l’ère quantique
Dans un premier temps, il convient de comprendre quelles sont les compétences manquantes qui provoquent cette pénurie. Certains lecteurs se demanderont peut-être pourquoi les programmeurs et les ingénieurs informatiques actuels ne parviennent pas à répondre à cette demande. Car, outre les compétences purement techniques nécessaires pour coder l’informatique quantique, telles que la création de circuits et de logiciels dédiés, il existe également un manque de connaissances sur la façon de répondre à un enjeu commercial à l’aide d’un ordinateur quantique.
En effet, alors que de nombreux programmeurs formés à l’informatique classique sont capables de concevoir un programme d’optimisation de portefeuille, ils ne pourraient sans doute pas le reproduire sur un ordinateur quantique. Ils ne sauraient probablement pas par où commencer, ni comment vérifier leurs résultats, ni même comment exécuter leur code sur un dispositif quantique.
Le codage informatique quantique est également plus complexe que le classique, car l’écriture du code quantique est plus délicate : chaque “qubit” peut être un et zéro conjointement, au lieu de l’un ou l’autre. Les codeurs doivent pouvoir manipuler les concepts quantiques tels que les superpositions. Travailler donc dans ce domaine implique de nouvelles façons de considérer les problématiques et nécessite de nouvelles méthodes de travail.
Ce dernier aspect est accentué par un écart technologique, car la programmation quantique n’a pas été rendue abstraite comme la programmation classique – elle est encore principalement effectuée au niveau du langage d’assemblage. À ce stade, il est possible d’écrire quelques dizaines de lignes de programmes quantiques, mais cette opération nécessite beaucoup de temps. Il est donc quasiment impossible de créer des programmes quantiques complexes de plusieurs centaines, voire milliers de lignes.
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Pallier le manque de compétences
Le premier réflexe des entreprises désireuses d’exploiter la technologie quantique est de recruter, mais il n’y a pas assez d’experts quantiques formés sur le marché. En outre, il risque d’y avoir une forte concurrence pour les quelques diplômés qualifiés. Face à cette pénurie, les entreprises doivent plutôt réfléchir à la manière de former et de développer les compétences de leurs propres équipes.
Convaincre les collaborateurs en poste de se former ne devrait pas poser de problème. Les ingénieurs et les programmeurs souhaitent renforcer leurs compétences : près de 95 % des répondants à notre enquête ont affirmé leur volonté d’être formés aux techniques quantiques. Pourquoi cette demande est-elle si forte ? Car non seulement cette nouvelle technologie est passionnante, mais de nombreux employés espèrent pouvoir pérenniser leur emploi ou augmenter leur revenu grâce aux compétences quantiques.
La formation professionnelle des collaborateurs n’est pas nécessairement coûteuse non plus. Il existe déjà un large éventail de ressources libres, telles que le kit de développement Qiskit, conçues pour aider les utilisateurs à explorer cette nouvelle technologie. Pour les entreprises, la meilleure solution est de fournir à leurs ingénieurs le temps et l’espace nécessaires pour se familiariser par eux-mêmes avec le quantique. Le simple fait de donner aux codeurs en poste la liberté et les ressources pour explorer cette technologie et ses avantages peut s’avérer un investissement rentable à long terme.
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Par ailleurs, en améliorant les compétences des équipes existantes plutôt que de recruter des profils externes, il serait plus facile pour elles de saisir le type de défis à surmonter par l’entreprise, car elles connaissent bien sa structure.
En outre, de nouveaux produits apparaissent, susceptibles de contribuer à résorber le gap technologique et à faciliter le codage pour l’ère quantique. Des logiciels low-code sophistiqués sont aujourd’hui capables d’éliminer une partie de la complexité liée à l’écriture du code quantique, ce qui accélère le processus d’apprentissage.
Toutefois, la montée en compétence n’est pas le seul élément à prendre en compte. Les entreprises doivent également investir dans les ressources et les infrastructures qui accompagnent leurs nouveaux talents quantiques. Elles doivent aussi constituer des équipes, identifier les cas d’utilisation qui peuvent bénéficier de cette technologie, et trouver les bons fournisseurs et prestataires de services cloud qui leur permettront de tester et de simuler leurs programmes quantiques.
Même si la révolution quantique est encore loin devant nous, les entreprises doivent s’assurer dès maintenant qu’elles disposent des compétences et des infrastructures nécessaires pour tirer parti de cette technologie, sous peine d’être devancées par des concurrents mieux préparés.
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