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L’essentiel à retenir de 2022 pour un DSI en 2023
Par Laurent Delattre, publié le 02 janvier 2023
L’année 2022 a fermé ses portes. Pour ouvrir le chapitre 2023, IT for Business revient sur les actualités IT qui ont marqué 2022 et qui auront un écho important pour les DSI en 2023…
Alors que les DSI entament probablement l’année 2023 avec la même intensité que la fin 2022 alors que l’année a été marquée par des crises géopolitiques, économiques, énergétiques et de cybersécurité.
Nous vous proposons ici de revenir sur quelques actualités phares de 2022 qui vont avoir des répercussions en 2023. Elles peuvent soit démontrer des tendances technologiques importantes dans les mois à venir, soit impacter leur quotidien à plus ou moins long terme, soit influer sur leurs choix de partenaires…
Des rachats à suspense
L’année 2022 a été marquée par quelques rachats et fusions d’envergure dans l’univers IT. En janvier 2022 on apprenait le rachat de l’ESN française Inetum pour 2 milliards d’euros par un fonds américain.
Et alors que finalement NVidia jetait l’éponge dans sa tentative de rachat d’ARM, on apprenait en mai la volonté de Broadcom de racheter VMware pour 61 milliards de dollars. Un rachat qui doit être validé (ou pas) en 2023 par les autorités de régulation alors même que les DSI continuent d’afficher leur inquiétude après les deux précédents rachats assez désastreux de Symantec et CA par Broadcom.
En février 2022, Citrix était racheté pour 16,5 milliards de dollars par le fonds Vista qui annoncera en septembre la fusion de Citrix et Tibco Software en une entité pour créer un nouveau leader des logiciels d’entreprise.
En mars 2022, Google officialisait sa volonté d’acquérir Mandiant pour 5,4 milliards de dollars alors que Microsoft lorgnait sur l’entreprise. De quoi permettre à Google de muscler ses efforts de sécurisation des approches multicloud mais probablement aussi de venir créer des remous sur le marché des solutions Zero Trust en 2023.
Évidemment, deux autres acquisitions ont marqué 2022. La première est celle très hollywoodienne de Twitter par Elon Musk qui met non seulement l’empire du milliardaire en danger mais secoue aussi fortement l’univers des réseaux sociaux. La seconde est celle de l’Activision-Blizzard par Microsoft pour 70 milliards de dollars. Ce qui s’annonçait comme la plus grosse acquisition de la firme de Redmond et le plus gros deal de l’histoire de la Tech est devenu un feuilleton à rebondissement notamment depuis que la FTC a décidé de s’opposer à ce rachat. Mais un échec de cette transaction pourrait fragiliser Microsoft au-delà du marché du jeu vidéo.
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Le monde fait son entrée dans l’ère Exaflopique
La publication en mai 2022 du nouveau classement « TOP500.org » officialisait l’entrée du monde dans l’ère exaflopique. Si le Frontier américain trônait toujours seul en tête du classement TOP500 en novembre dernier, l’Europe plaçait pour la première fois depuis longtemps deux HPC dans le TOP 5 avec ses LUMI (conçu par HPE Cray) et Leonardo (conçu par Atos).
Une bonne place qui devrait être difficile à tenir en 2023, alors que les USA devraient allumer leur second ordinateur exaflopique, l’Aurora de l’Argonne National Laboratory, et que les Chinois pourraient officialiser les performances du Sunway Oceanlite et du Tianhe-3 tous deux suspectés de dépasser les 1000 pétaflops.
L’Europe a réagi en annonçant le financement de la construction prochaine de deux ordinateurs exaflopiques dont le premier, le JUPITER, entrera en fonction en 2024 si tout va bien. Il sera installé au centre de recherche FZJ de Jülich en Allemagne. Le second HPC exaflopique européen n’a pas encore été confirmé mais pourrait rejoindre le TGCC (Très Grand Centre de Calcul) du CEA à Saclay.
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Le quantique en version européenne
L’autre piste d’avenir du HPC c’est l’informatique quantique. L’année 2022 a été assez intense pour les acteurs européens et notamment pour les acteurs Français.
En janvier, la France lançait son initiative « HQI » (Hybrid Quantum Initiative) visant à unir des accélérateurs quantiques à des HPC au sein du TGCC-GENCI. En juin, on apprenait que la startup française Pasqal avait été sélectionnée pour livrer 2 ordinateurs quantiques 100 Qubits au HQI.
L’année 2022 a d’ailleurs été intense en pour Pasqal qui, dès janvier, annonçait sa fusion avec la startup hollandaise Qu&Co connue pour ses travaux autour des algorithmes quantiques et des applications de ML quantiques. En mai, Pasqal officialisait sa première plateforme cloud quantique hébergée chez OVHcloud et dénommée « Pasqal Cloud Services ».
D’autres acteurs français du quantique ont aussi fait parler d’eux. En novembre, Quandela imitait Pasqal et inaugurait son propre service de cloud quantique basé sur sa machine 5 Qubits.
En mars, Alice&Bob annonçait une levée de fonds de 27 millions d’euros pour construire son premier ordinateur quantique.
L’Europe ne s’avoue donc pas vaincue et poursuit différentes initiatives dans différentes directions grâce à ses centres de recherches et ses startups. Dernière en date, l’interconnexion d’un de ses HPC (le Lumi) avec une machine quantique (le HELMI-Pearl du VTT finlandais).
Outre-Atlantique, IBM poursuit son ambitieuse roadmap quantique et a introduit son processeur Osprey 433 Qubits qui doit encore être fiabilisé pour tenir ses promesses.
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Des paroles et des Acts
Dans sa quête de souveraineté numérique, l’Europe a beaucoup œuvré pour imposer de nouvelles règles afin de ne plus jouer sur celles des Américains notamment. Elle a renforcé son arsenal législatif avec notamment le Digital Services Act (DSA), le Digital Markets Act (DMA), le Data Governance Act (DGA) qui entreront en application en 2023 et auront de multiples impacts sur les DSI.
Sans oublier bien évidemment tous les débats autour des clouds souverains et sur le rôle stratégique que va jouer en 2023 la certification SecNumCloud de l’ANSSI.
Devenu un casse-tête juridique pour les multinationales depuis l’invalidation du Privacy Shield, le transfert des données personnelles entre les USA et l’Europe pourrait enfin de nouveau se formaliser suite à un nouvel accord en vue entre les USA et l’Europe sur les données privées qui a été annoncé en mars et conforté en novembre par Joe Biden. Reste que cet accord pourrait finalement n’aboutir à rien du tout en 2023 si les deux parties n’arrivent pas à définir un moyen de protéger ces échanges de la surveillance étatique américaine.
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Les IA passent la vitesse supérieure
Enfin, et c’est une évidence, les IA vont jouer un rôle de plus en plus fondamental dans le quotidien des utilisateurs. 2022 a été marquée par la mise à disposition d’IA génératives qui ont à la fois démontré un nouveau potentiel pour l’intelligence artificielle et les progrès spectaculaires réalisés dans ce domaine. ChatGPT a fait couler beaucoup d’encre depuis que cette IA a été dévoilée en décembre. Mais ce n’est qu’une parmi beaucoup d’autres : Dall-E, Point-E, StableDiffusion, MidJourney, CoPilot, Alphacode, etc.
Il est important pour les DSI de s’intéresser de près à ces innovations qui vont s’infiltrer dans le quotidien des utilisateurs, des créatifs et des développeurs en 2023 mais qui vont aussi soulever de nombreuses questions autour des copyrights. Des DSI qui pourront s’inspirer de la charte éthique pour les éditeurs d’IA publiée en 2022 par XXII pour guider leurs initiatives. En attendant que l’Europe finalise en 2023 son très attendu « Artificial Intelligence Act ».
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Le gadin des PC en 2022
Après deux années euphoriques liées aux confinements et à une mise en place généralisée du télétravail, les ventes de PC ont de nouveau pris le bouillon en 2022, cédant plus de 15%. Suffisamment pour impacter les résultats d’Intel et de la division Windows de Microsoft malgré la sortie d’un Windows 11 très incompatible avec le parc installé. Ce manque de dynamisme du marché PC impacte tous les constructeurs et freine la migration vers Windows 11.
Malgré le renouvellement des PC imposé par Windows 11, le renouvellement des Macs pour basculer dans l’univers ARM des M1/M2, la concurrence accentuée sur les GPU avec l’arrivée d’Intel, la baisse des prix des composants induite par l’amélioration des stocks, il n’est pas certain que le marché PC redécollera en 2023…
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