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La filière cyber doit élargir ses sources de compétences
Par Xavier Biseul, publié le 05 janvier 2023
Pour surmonter ses difficultés de recrutement, le secteur gagnerait à attirer davantage de femmes et de profils issus de filières nouvelles, en particulier les non-ingénieurs. C’est l’un des constats dressés par l’Observatoire des métiers de la cybersécurité de l’Anssi.
Pour renforcer notre souveraineté numérique, la cybersécurité made in France est appelée à se développer fortement. En septembre dernier, Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique, rappelait la feuille de route du gouvernement dans ce domaine. Elle prévoit, d’ici 2025, de multiplier par trois le chiffre d’affaires du secteur – attendu à 5,1 Md€ cette année –, de faire émerger trois « cyber » licornes et de créer 37 000 emplois supplémentaires.
Un objectif particulièrement ambitieux tant la filière souffre d’un déficit structurel de compétences. D’après une étude de Cybersecurity Ventures, il manquait, en 2021, 3,5 millions d’experts dans le monde, dont 142 000 en Europe.
Comment attirer de nouveaux talents ? L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) donne quelques pistes dans la deuxième édition de son Observatoire des métiers de la cybersécurité.
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Moins d’un septième de femmes dans les effectifs
Pour avoir une vision large des compétences, l’enquête a couvert, cette année, les étudiants inscrits dans la filière cyber, mais aussi ceux suivant un cursus informatique ou hors informatique ainsi que les actifs en formation. Comme on pouvait s’y attendre, le futur expert cyber est fortement stéréotypé. Seuls 14 % des étudiants ayant choisi cette voie sont des femmes. Un fait admis : plus des deux-tiers des sondés admettent que, dans ce secteur, les métiers sont majoritairement exercés par des hommes.
Afin de redresser le tir, des associations comme le Cercle des femmes de la cybersécurité (Cefcys) ou Women4Cyber France font la promotion des métiers de la cybersécurité auprès des jeunes femmes à travers notamment des « rôle modèles ».
Dans un guide intitulé Je ne porte pas de sweat à capuche, pourtant je travaille dans la cybersécurité, le Cefcys liste les formations initiales et les voies de reconversion.
Le Pôle d’Excellence Cyber a lui mis en place, en 2021, le programme des « Cadettes de la Cyber » où chaque étudiante se voit attribuer un parrain ou une marraine. Ce professionnel aguerri va l’accompagner dans son cursus et échanger avec elle sur son projet professionnel.
Par ailleurs, le 10 novembre dernier, le Pôle publiait un Manifeste pour plus de diversité & d’inclusion où il encourage les entreprises du secteur à attirer non seulement plus de femmes, mais aussi des profils neuro-atypiques. Des entreprises adaptées comme Avencod, ASPertise ou Innov and Co facilitent l’insertion professionnelle des personnes souffrant d’un trouble du spectre autistique.
Un sourcing qui doit s’ouvrir
Autres enseignements de l’Observatoire, les cursus cyber accueillent moins de demandeurs d’emploi (2 % contre 7 %) et d’étudiants bac à bac +2 (10 % contre 28 %) que les cursus en informatique. En revanche, l’alternance y est plus fortement développée (42 % des sondés versus 21 %).
Là encore, ces chiffres montrent les marges de manœuvre qui s’offrent à la filière pour élargir son vivier au-delà de la seule population des ingénieurs. D’ailleurs, 63 % des étudiants issus de cursus hors informatique reconnaissent ne pas connaître le secteur de la cybersécurité. Ce sont des cibles à considérer.
Des initiatives vont d’ailleurs dans le sens d’un assouplissement des conditions d’admission. La CSB.School, qui a ouvert à la rentrée ses portes à Lyon, propose ainsi des passerelles à des candidats éloignés du monde cyber comme des étudiants en IAE ou en licence de droit. De son côté, l’École Cyber Microsoft by Simplon entend former 100 demandeurs d’emploi cette année au métier d’opérateur de solutions de sécurité cloud et hybride.
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