L'adoption de l'IA en entreprise stagne

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L’adoption de l’IA en entreprise semble avoir atteint un plateau

Par Laurent Delattre, publié le 17 janvier 2023

Une nouvelle étude McKinsey dresse un panorama de l’utilisation des technologies d’intelligence artificielle dans les entreprises depuis les cinq dernières années. Si elle a beaucoup progressé, elle semble désormais stagner.

Selon la dernière étude McKinsey, l’utilisation de l’IA a plus que doublé depuis 2017, passant de 20% à entre 50 et 60%. Cependant, cette croissance semble avoir atteint une sorte de plateau ces deux ou dernières années. Comme d’autres enquêtes précédentes, ce plateau démontre une nouvelle fois les difficultés rencontrées par les entreprises pour passer à l’échelle et multiplier les cas d’usage de l’IA dans la modernisation de leurs processus.

Toutefois, selon les analystes, lorsque les projets IA aboutissent, ils se traduisent par des gains financiers notables. Et l’un des facteurs clés de réussite des projets IA réside dans les approches transversales qui impliquent à la fois les métiers et l’IT.

L’étude recense les cas d’usage dans lesquels l’IA est aujourd’hui utilisée. Il s’agit d’abord et surtout de la robotisation de processus (RPA qui implique souvent d’analyser des documents papier numérisés), de l’analyse d’images fixes ou animées (pour de la conformité ou de la surveillance par exemple), de l’interprétation du langage naturel, écrit ou oral, en particulier avec les « bots » et des jumeaux numériques.

Sur le terrain, ces fonctionnalités sont mises à profit en premier lieu pour optimiser les opérations. Plus original, elles servent dans 20% des cas de socle à de nouveaux services. Viennent ensuite toutes potentialités liées à la relation client, en termes de segmentation, d’optimisation des centres de contacts, d’analyse du risque… Dans 14 % des cas, l’IA est utilisée pour affiner les prédictions et les interventions sur site.

L’étude explore les gains financiers liés à ces utilisations de l’IA en zoomant sur chaque grand service transverse. Et bien sûr, tous les services sont gagnants, la palme revenant au marketing et ventes ainsi qu’au développement de produit et services.

Toujours selon le cabinet d’analystes, les organisations n’oublient pas l’aspect environnemental et s’efforcent de limiter le bilan carbone dans leur utilisation de l’IA. Les facteurs majeurs pris en considération sont l’amélioration de l’efficacité énergétique et l’optimisation des transports.

Comme souvent, McKinsey tente de regrouper les entreprises étudiées selon leur niveau de maturité. Le cabinet s’étonne cependant de constater que le groupe des « Leaders » n’a pas réellement grossi en taille en cinq ans et ne représente que 8% des entreprises répondantes. Preuve que les entreprises ont du mal à progresser et à changer de groupe et que la maturité IA d’une entreprise subit des effets de latence notamment liés au temps de compréhension de ses impacts potentiels, à la difficulté de s’approprier les outils et technologies mais aussi à la pénurie de talents.

C’est d’ailleurs sur les talents que se focalise la fin de l’étude. Cette dernière révèle d’ailleurs que les ingénieurs logiciels ont le vent en poupe et constituent « le rôle dans l’IA » que les organisations ont le plus souvent embauché au cours de l’année 2022, plus que les ingénieurs de données et les data-scientists. McKinsey y voit une nouvelle preuve que de nombreuses organisations sont désormais passées de l’expérimentation de l’IA à son intégration active dans les applications d’entreprise.

Et si le cabinet rappelle que ces divers talents de l’IA sont toujours trop rares sur le marché, il constate aussi que ce sont les entreprises qui sont les plus avancées dans l’utilisation de l’IA qui ont le plus de faciliter à les recruter. Notamment parce qu’elles ont su mettre en place différents canaux de recrutement qu’il s’agisse de recruter directement dans les universités les plus connues, de débaucher chez les concurrents et autres entreprises avancées sur l’IA, ou de pratiquer une intense requalification des employés existants. L’étude montre d’ailleurs que plus de la moitié des entreprises ont recours au « Reskilling / Upskilling » de leurs forces internes pour acquérir des talents IA. Le cabinet s’émeut cependant du clair manque de diversité dans les équipes IA où les profils féminins ont du mal à atteindre les 25%.

La pénurie des talents jouent certainement un rôle important dans cette stagnation de la croissance de l’adoption de l’IA. Il faut aussi probablement que nombre d’outils et plateformes gagnent encore un peu plus en maturité. Il y a fort à parier que des avancées disruptives telles que ChatGPT et autres modèles génératifs massifs pourraient prochainement venir rebooster l’adoption des IA.

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