Data / IA
La bataille des IA génératives se gagnera sur le terrain des API
Par Laurent Delattre, publié le 15 mars 2023
Titre étrange pensez-vous ? Pourtant, et bien que ChatGPT mobilise 80% de la couverture médiatique du moment, il faut bien se rendre compte que OpenAI n’est pas seul sur ce créneau et que les autres géants du web fourbissent leurs armes pour une réplique imminente. Une bataille des IA qui se jouera d’abord et surtout du côté de l’intégration et donc des API.
Par Emmanuel Méthivier, Catalyst, Business Program Director chez Axway
OpenAI a certes gagné une bataille : celle du parfait timing qui transforme une innovation de laboratoire en usage grand public. Une innovation, un usage, un public, et le bouche-à-oreille a fait le reste.
Mais ni Baidu, ni Google ne vont se laisser distancer.
Du côté d’Alphabet, la maison mère de Google, on vient d’annoncer « Bard » et des IA génératives dans Docs et Gmail, capitalisant sur les avancées initiées par GoogleAI et Deepmind et utilisant sa dernière intelligence conversationnelle (LaMDA). Apparemment orienté recherche sur le web, ADN de Google, il se positionne en concurrent direct de ChatGPT. Espérons qu’il sera un peu plus fort en math que ce dernier !
Côté Asie, Baidu ne va pas tarder à publier 2 outils de la famille ERNIE, en concurrence direct des IA génératives de dessins/photos comme Dall-E pour ERNIE-ViLG.
La capacité d’intégration dans les processus métiers, un véritable enjeu d’adoption massive
Disons-le clairement, au-delà des échantillons d’entraînement et des contraintes d’évitement des biais (censure diront certains), la bataille se gagnera sur la capacité d’intégration de ces agents conversationnels et génératifs dans les processus métier ou les parcours de vie.
Microsoft l’a bien compris, puisqu’après avoir injecté plusieurs milliards dans OpenAI, il vient d’annoncer le petit frère de feu Cortana, Bing IA basé sur GPT-4, et qui accompagne les recherches Web et permettra très prochainement aux professionnels d’obtenir un compte-rendu de réunion automatique à la fin d’une réunion Teams.
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Au-delà de la capacité à rendre « utile » cette IA en l’exposant sous forme d’API et en l’introduisant dans des processus existants, c’est surtout la capacité à la monétiser directement qui pousse les éditeurs à la proposer sous forme d’API… [NDLR : OpenAI propose toutes ses IA (y compris ChatGPT et DALL-E) sous forme d’API, Azure propose également des API des IA de Microsoft et d’OpenAI, Google Cloud vient aussi d’annoncer des API pour ses IA génératives]. Et pour monétiser ces API, il faut dépasser le carcan technologique et expert et faire entrer l’IA de plain pieds dans la vie courante.
De la technique pure à l’appropriation quotidienne : le rôle des marketplaces d’API
Il est possible de comparer la révolution IA à celle de la première révolution industrielle qui avait pour base la création de la machine à vapeur. Cette dernière a été la première étape vers l’invention de l’automobile entre autres. Avec le temps et l’évolution de cette machine à vapeur, nous sommes désormais passés en moins de 50 ans à des voitures où il suffit juste d’appuyer sur un bouton pour que celles-ci démarrent. Le tableau de bord et la relation au véhicule personnel se sont également transformés, permettant à n’importe quel automobiliste de contrôler sur son écran sa destination, la pression de ses pneus, ses niveaux… sans avoir à être un spécialiste.
À l’instar de l’automobile, l’innovation ouverte boostée par l’IA passera une fois de plus par l’exposition d’une API, mais pas une API technique ; un vrai produit digital qui pourra être consommé par tous les développeurs du monde pour booster leurs services digitaux.
On peut citer l’exemple de Google Home dont beaucoup se sont équipés à sa sortie. Aujourd’hui, ce produit a pénétré tous les foyers ou presque, non plus comme un produit technique de type « box assistant », mais en tant que service inclus dans les téléviseurs connectés, les enceintes nomades, etc… Et une fois de plus, pour cette nouveauté que sont les IA, c’est la capacité marketing à distribuer ce produit digital qui fera la différence et favorisera son adoption par un large public.
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Nous sommes aujourd’hui rendus à un point où les IA sont une technologie mature qui ne demande qu’à faire sa place partout dans notre vie quotidienne, et cela passe par un interfaçage efficace et facile à utiliser et à s’approprier.
C’est tout l’objectif des « marketplace de services digitaux » (DSM) de faire la différence entre un simple actif numérique (API) et un véritable produit digital. Les entreprises-plateformes ont déjà de nombreux éléments essentiels en production, mais c’est la consommation de ces actifs numériques qui révèle leur véritable valeur.
Les acteurs qui pourront faire la différence entre l’IA en tant que capacité technique, et l’IA en tant que produit digital – qui nécessite son propre marketing comme tout autre produit – sont ceux qui gagneront la bataille de la monétisation de l’IA.
Assurément, l’IA est amenée à prendre une part grandissante dans notre vie, à s’intégrer dans notre quotidien. Nous n’en sommes qu’aux prémices et le champ des possibles est immense.
Peut-on aller jusqu’à imaginer que l’une des ambitions d’Elon Musk soit d’intégrer l’interface Neuralink directement sur le cerveau humain, au nom de l’intégration ultime de l’IA dans nos vies ? Science-fiction et Utopie diront certains… dystopie répondront les autres.
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