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« En trois ans, nous, Européens, pouvons viser l’hégémonie mondiale ! »
Par Thierry Derouet, publié le 20 mars 2023
Rencontre avec Carlo Purassanta, ancien dirigeant des filiales française et italienne de Microsoft, pour revenir sur son plaidoyer, un « Élan décisif » qu’il nous invite à impulser pour reprendre le leadership au sein d’une Europe technologique qu’il est toujours possible selon lui de bâtir.
La charge de celui qui a travaillé dix ans chez Microsoft et onze chez IBM porte sur cette révolution industrielle souvent mal comprise de nos dirigeants européens. Manque d’ambition, absence de vision sur la gouvernance de la donnée… Le constat est là. « Je n’ai pas réussi à faire travailler ensemble les retailers français pour qu’ils partagent leurs données et disposent tous d’une vision unique de leurs clients ! »
Difficile de changer des mentalités tournées vers le passé. Pourtant l’enjeu est bien là : « La croissance et le bien-être de 500 millions de citoyens européens. » Cependant, depuis 30 ans, le PIB des Européens a stagné, contrairement à celui des Américains qui a doublé, et à celui des Chinois qui, lui, a fait un grand bond en avant.
Si le besoin de réindustrialiser est une évidence, Carlo Purassanta est inquiet de ce qu’il observe : « Rendez-vous compte qu’il est aujourd’hui nécessaire de faire venir des Chinois pour relancer certaines de nos filières manufacturières ! »
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Penser un village-monde
Celui qui a toujours voulu être architecte se demande s’il ne nous faut pas remettre « la machine décisionnelle à la vitesse d’aujourd’hui ». Et d’interpeller notre chef de l’État pour qu’il nous dessine un chemin pour les trente prochaines années. Les solutions sont là. Il faut réinvestir nos territoires oubliés, penser un « village-monde » où il redevient possible de produire comme de consommer localement.
Mais attention, pas d’innovation sans protection, sans un cadre juridique juste, dynamique et pertinent. Pas de solution sans une jeunesse à embarquer, sans une formation permanente et personnalisée aux nouvelles compétences requises, sans mettre le développement durable au cœur de tout.
À la seule évocation des pistes retenues, nous pourrions ne disposer là que d’un chapelet de banalités. Il n’en est rien.
96 % du monde reste à transformer
Car pour celui qui accompagne dorénavant une fintech, Ion Group, en trois ans, nous pouvons regagner une hégémonie mondiale ! Tout est rattrapable ! À condition de penser en Européens pour collaborer avec nos voisins, notamment allemands et italiens. Changer d’état d’esprit et s’y mettre avec humilité : « Les barrières à l’entrée sont finalement plus cognitives que financières. »
Dans son manifeste, Carlo Purassanta dessine les différentes voies pour construire un monde dans lequel la technologie bénéficie à notre civilisation et à notre planète. Un plaidoyer en faveur de “l’élan décisif” que l’Europe se doit de prendre.
Sans oublier que l’informatique ne pèse encore que pour 4 % du PIB mondial. 96 % du monde reste donc selon lui à transformer dans tous les domaines où nous sommes encore leaders : agriculture, santé, logistique, retail…
« Identifier notre prochain canal de Suez » serait l’une des solutions pour trouver des avantages compétitifs, être premier et le rester durablement. « Songez qu’en janvier dernier, pour la seconde fois en deux ans, un navire [ukrainien, transportant du blé vers la Chine, NDLR] a bloqué le canal de Suez… Et 10 % du commerce mondial pendant six jours. »
Voici donc un manifeste qui nous propose de passer à l’action.
Un extrait de L’Élan décisif, publié aux éditions Le Cherche Midi
« Le succès de la transformation numérique d’une nation reposera sur sa rapidité d’adoption du changement. Si les cycles des précédentes révolutions industrielles se sont établis sur plusieurs décennies, c’est en années seulement que se compteront les cycles d’innovation à l’ère de l’IA. Les entreprises ont désormais la responsabilité d’en anticiper l’influence sur leur marché et d’en accélérer le rythme. D’ici dix ans, l’économie aura changé radicalement : les nations et les entreprises qui gagneront seront celles qui auront su saisir l’opportunité de l’IA et en tirer un avantage compétitif. »
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