RH
Les salariés boomerangs, un vivier de compétences à ne pas négliger
Par Xavier Biseul, publié le 25 avril 2023
Depuis la crise sanitaire, le nombre de collaborateurs qui reviennent chez leur ancien employeur a explosé. Un phénomène à prendre en compte dans le contexte de pénurie de compétences. À condition de bien encadrer le retour de ces fils et filles prodigues.
Après la Grande Démission, le Grand Retour ? Propices à l’introspection, les périodes de confinement de la crise sanitaire ont été l’occasion pour un grand nombre de salariés de questionner leur rapport au travail. A-t-il un impact positif sur la société ? Me permet-il de m’épanouir ?
Cette quête de sens a donné à certains l’envie d’aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs, quitte à le regretter peu de temps après. Alors que la période, particulièrement anxiogène, appelait plutôt à renforcer le lien social, ces démissionnaires ont, semble-t-il, été rapidement nostalgiques des discussions avec leurs anciens collègues et des routines entretenues au fil des années.
Depuis 2019, le nombre d’actifs français qui sont retournés travailler chez leur ex-employeur a ainsi bondi de 36 % selon le réseau social professionnel LinkedIn qui, pour dresser ce constat, a analysé le parcours de ses membres. Publiée par l’éditeur de solutions RH UKG, une autre étude montre que ce mouvement aurait pu avoir plus d’importance encore. Si 60 % des Français qui ont démissionné durant la pandémie reconnaissent qu’ils étaient mieux dans leur précédent poste, seuls 13 % sont retournés chez leur ancien employeur.
Quand on leur demande ce qu’ils regrettent le plus dans leur poste initial, les sondés citent leurs collègues (38 %) et le confort lié à la connaissance du poste (31 %), bien avant la rémunération (19 %) et l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle (16 %).
Ce phénomène dit des « salariés boomerangs » ne doit pas être négligé dans le contexte actuel de pénurie de compétences dans le numérique. Alors que les DSI peinent à recruter et retenir leurs talents, elles auraient tort de ne pas examiner avec bienveillance la candidature au retour de ces anciens collaborateurs.
Pas de problème d’acclimatation
Sur le papier, le salarié boomerang a tout pour plaire. Contrairement à une nouvelle recrue, il connaît les métiers de l’entreprise, sa culture, ses processus, son mode de management. Pas besoin de parcours d’intégration (onboarding) ou de parrainage, une simple « mise à jour » lui permettra d’intégrer les différents événements qui se sont déroulés en son absence.
De plus, l’ex-collaborateur revient en connaissance de cause, sans ignorer les mauvais côtés de l’entreprise qu’il a quittée. Un entretien préliminaire doit permettre de faire table rase du passé en évacuant tout contentieux qui aurait pu ne pas être réglé au moment du départ. Il s’agit également de s’assurer qu’il revient pour de bonnes raisons et non par défaut.
Il convient enfin de capitaliser sur l’expérience professionnelle acquise entre temps par le salarié. Il a pu découvrir un nouveau cadre méthodologique, des langages de programmation, acquérir des compétences comportementales. Son poste devra tenir compte de ces acquis sans pour autant froisser ses anciens collègues. Ils pourraient voir d’un mauvais oeil le revenant promu à leur place, eux qui sont restés fidèles à l’entreprise…
Pour aller plus loin dans la démarche, un employeur peut même, à la manière des sociétés anglosaxonnes, développer une stratégie pro-active favorisant le retour de ses anciens salariés. Pour cela, il peut, comme le font les cabinets de conseil, développer un réseau d’anciens. Il peut également donner de ses nouvelles via une newsletter et les médias sociaux.
De l’art de rester en bons termes avec ses « ex ».
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