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Quel avenir pour Windows 11 en entreprise ?
Par Laurent Delattre, publié le 06 juillet 2023
Selon IDC, l’adoption de Windows 11 en entreprise devrait enfin accélérer en 2024. À moins que Windows 12 ou Windows 365 ne viennent complexifier le paysage envisagé et que le contexte macro-économique freine encore un peu plus les migrations…
Malgré les discours marketing de Microsoft, Windows 11 n’est certainement pas pour l’éditeur le succès espéré. Lancé en octobre 2021 avec des contraintes matérielles bien trop fortes (présence de sécurité TPM v2, pas de support de processeurs vieux de plus de 4 ans, GPU DirectX 12), le système s’est fermé à une grande partie du parc existant. En outre, le redesign du menu Démarrer et de la Barre des tâches a refroidi bien des DSI qui ont préféré attendre que les utilisateurs se forment et s’adaptent eux-mêmes chez eux plutôt que d’engager des sessions de formation. Enfin, Windows 11 est sorti sans version LTSC et avec un support limité à 36 mois, ce qui n’encourageait pas les DSI à une adoption précoce.
Inutile d’aller chercher plus loin pourquoi, près de trois ans après sa sortie officielle, Windows 11 n’atteint toujours pas 25% de parts de marché et Windows 10 continue de dominer avec plus de 70% des parts de marché (source StatCounter – Juin 2023).
D’autant que, pour couronner le tout, le lancement de Windows 11 a coïncidé avec une soudaine et brusque dégringolade d’un marché PC qui avait retrouvé un inattendu dynamisme pendant la crise pandémique. La crise économique et l’inflation ont accentué les effets de réajustement du marché post-COVID.
Un point d’inflexion en 2024 ?
Pourtant, selon IDC, l’année 2024 devrait marquer le vrai décollage de Windows 11 en entreprise. « L’essentiel des migrations professionnelles de Windows s’effectue généralement 18 à 24 mois avant la date de fin de support (EOS) de la version Windows sortante. Pour Windows 10, cette date est fixée à octobre 2025 » explique Linn Huang, research VP ‘devices & displays’ chez IDC.
Il y a encore un an, IDC entrevoyait se décollage pour le quatrième trimestre 2023 mais le contexte macro-économique a repoussé les projets et le point d’inflexion est désormais attendu en 2024.
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Des DSI en plein questionnement
Ce retard à l’allumage a de quoi inquiéter Microsoft. D’abord parce que l’éditeur planche sur une sortie de Windows 12 en 2024 et que, pour les DSI, la question de retarder les migrations à 2025 pour passer directement en « 12 » a du sens notamment dans un contexte de pression pour une IT plus verte qui pousse à conserver le plus longtemps possible les équipements.
Par ailleurs, Microsoft pousse pour engager les entreprises vers des approches « Cloud PC ». L’éditeur met les bouchées doubles sur son offre DaaS « Windows 365 ». Il permet par exemple désormais de démarrer directement une machine physique sur un bureau dans le Cloud. Et ce PC dans le cloud est perçu comme une réponse à la fois aux exigences de sobriété numérique des entreprises mais aussi comme la solution aux velléités de Microsoft de débarrasser Windows de ses couches historiques en assurant la compatibilité avec l’existant via le Cloud.
Dit autrement, Windows 12 et Windows 365 viennent brouiller les cartes et multiplier les interrogations chez les DSI. Pire encore, cette interrogation encourage aussi certain à réfléchir hors du cadre « Windows/PC » et s’interroger sur les nouvelles propositions d’Apple (avec ses puissants processeurs maison M2 et bientôt M3), de Google avec ses Chromebooks voire des iPad Pro en iOS. D’autant que ces machines peuvent elles aussi sans difficulté profiter de Windows 365 pour servir les besoins de compatibilité avec l’existant Windows. Et à l’heure où l’open source est perçu en Europe comme un levier de souveraineté, Linux Desktop ne désespère pas d’enfin pouvoir s’imposer.
Autant d’interrogations qui ne vont bien évidemment pas en faveur d’une accélération rapide de l’adoption de Windows 11 sans compter que le contexte macro-économique et le besoin de rendre le poste de travail plus durable encouragent les entreprises à conserver Windows 10 le plus longtemps possible. Le paysage du poste de travail est donc de nouveau assez flou. Pas sûr que l’IA générative et Windows Copilot suffisent à redonner de l’élan à Windows 11 et son successeur.