Green IT

Sobriété numérique – L’ANS impose un écoscore aux applications de e-santé

Par Marie Varandat, publié le 09 août 2023

Pour rejoindre le catalogue des services proposés sur le portail « Mon espace santé » de l’ANS, les éditeurs doivent se plier à un protocole de mesure de l’impact environnemental de leurs applications.

En 2019, une feuille de route gouvernementale fixait les grandes orientations de la politique du numérique dans le domaine de la santé. À cette occasion, l’ASIP Santé était remplacé par l’Agence du Numérique en Santé (ANS) : le groupement d’intérêt public cédait ainsi la place à une organisation gouvernementale agissant au plus près de la délégation ministérielle pour mettre en œuvre les orientations numériques du secteur.

100+ éditeurs classés par l’EcoScore
20 % de critères environnementaux dans les appels d’offres IT

Dans la foulée, l’ANS lançait son projet de portail « Mon espace santé », inauguré en 2022. Conçu pour permettre à chacun de stocker et partager ses données et documents de santé en toute sécurité, il propose également un catalogue de services alimenté par des éditeurs qui doivent mesurer l’empreinte environnementale de leur application avant de pouvoir être référencés. Dans cette perspective, l’ANS a lancé le projet « EcoScore », piloté par Brigitte Seroussi, responsable de la cellule Éthique pour la délégation ministérielle au numérique en santé, et Nathalie Baudinière, responsable de mission pour l’ANS.

L’ANS veut normaliser le calcul de l’emprunte carbone

« Nous ne voulions pas nous limiter à une démarche déclarative, mais proposer un service qui permette aux utilisateurs industriels de réaliser leurs mesures en toute autonomie », indique Brigitte Seroussi. Le service devait prendre en compte l’empreinte globale, mais aussi proposer des résultats comparables, afin de situer les applications de santé les unes par rapport aux autres. Dit autrement, l’ambition de l’ANS était de « normaliser » le calcul de l’empreinte pour tous les acteurs qui souhaitaient rejoindre son portail. De plus, les résultats devaient être accessibles, de sorte que chaque éditeur puisse disposer des informations pour identifier ses propres leviers d’optimisation.

Après un rapide tour du marché, « nous avons choisi Greenspector, une entreprise pionnière du numérique responsable », indique Nathalie Baudinière. La méthodologie retenue est découpée en cinq étapes. L’éditeur commence par installer la solution mise à disposition par Greenspector en local. Il scénarise un cas de test en rédigeant le script d’un parcours significatif d’utilisateur. Il exécute ensuite le scénario en interne et obtient ses premières mesures établies selon les protocoles prédéfinis par l’ANS. Il transmet ensuite les scénarios et les résultats obtenus à Greenspector qui, dernière étape, réalise les mesures finales.

Nathalie Baudinière, (responsable de mission pour l’ANS) : « Comparer des applications pour des domaines de santé très différents demeure compliqué. »

« Comparer des applications pour des domaines de santé très différents demeure compliqué. »
— Nathalie Baudinière, (responsable de mission pour l’ANS)

Un Eco-score calculé sur 100

Trois critères sont pris en compte dans les calculs : le temps d’affichage nécessaire pour chaque étape du parcours (affichage d’une page par exemple), l’énergie consommée en watts et le volume de données échangées. Les trois critères pondérés se traduisent par un « EcoScore », une note sur 100 accompagnée de l’empreinte carbone générée (en grammes équivalents CO₂).

Pour faciliter la comparaison des résultats EcoScore, les solutions sont réparties en différentes catégories : suivi de pathologies, prise de RDV, etc. Néanmoins, comme le souligne Nathalie Baudinière, « comparer des applications pour des domaines de santé très différents demeure compliqué ».

L’ANS : un exemple à suivre

Stabilisé mais toujours en cours d’amélioration, le service est désormais disponible et s’inscrit dans la volonté de l’ANS de sensibiliser les éditeurs à leur empreinte numérique. Pour l’heure, l’Agence n’a pas communiqué d’exigence en termes de score pour intégrer le catalogue de services Mon espace santé. Mais la seule publication d’un podium sur son site pourrait mettre suffisamment la pression aux éditeurs pour qu’ils redoublent d’efforts. Un exemple qui pourrait profiter à d’autres secteurs du marché logiciel…