13e panorama des éditeurs de logiciels français : résilience mais fortes dépendances

En 2023, les éditeurs de logiciels doivent faire preuve de résilience face à des défis continus tels que le recrutement, la responsabilité numérique et l’incorporation de l’intelligence artificielle dans leurs activités. C’est ce que nous enseigne ce nouveau « Top 250 » des éditeurs de logiciels français. Mais pas que.

C’est devenu presque un rituel. Avec cette treizième édition du Panorama « Top 250* », élaboré par Numeum et EY pour les éditeurs français, nous comprenons les raisons d’une année 2022 marquée par une croissance annuelle de plus de 10% . Ce secteur dynamique a généré un chiffre d’affaires de 21 milliards d’euros, dépassant de 2 milliards les performances de l’année antérieure (19,4 milliards d’euros en 2021, 17,6 milliards en 2020 et 16,1 milliards en 2019). La présence de plus d’une soixantaine d’éditeurs réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros témoigne de la maturité acquise par le secteur. Pour 2023, il sera essentiel de surveiller dans quelle mesure les effets de la crise économique européenne, couplés aux augmentations des tarifs, pourraient ralentir la progression d’un secteur porté par des revenus récurrents en hausse.

Dans cette étude, il apparaît que, contrairement aux pratiques des grands éditeurs qui justifient le contexte d’inflation élevée, 54 % des éditeurs français de logiciels n’ont pas répercuté la hausse des coûts sur leurs prix de vente. Ils ont préféré se concentrer sur l’innovation et le développement de nouvelles solutions, avec 61 % d’entre eux faisant de l’innovation l’une de leurs trois principales priorités. L’upselling et les partenariats stratégiques sont également devenus des leviers de croissance essentiels pour 64 % et 40 % des éditeurs, respectivement.

Plus de la moitié du CA réalisé en mode Saas

Le secteur est également caractérisé par une adoption croissante du modèle SaaS, qui représente désormais plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’édition.

Stanislas de Rémur, président du collège Éditeurs et Plateformes de Numeum, souligne une transformation significative dans le secteur des éditeurs de logiciels au cours de l’année écoulée, notamment avec l’adoption de l’intelligence artificielle générative dans une multitude de processus internes. Les éditeurs intègrent désormais l’IA dans leurs produits, non seulement pour rester compétitifs, mais aussi pour se distinguer sur le marché. Toutefois, malgré une multiplication des annonces par les leaders mondiaux, le secteur recherche encore des modèles économiques pérennes. La mise en place de gouvernances adaptées est un processus que nous observons jour après jour et qui prend du temps. Il reste néanmoins une question épineuse : la forte dépendance de nos acteurs vis-à-vis des données hébergées dans le cloud, chez des hébergeurs qui ne respectent pas toujours les exigences en matière de gouvernance. Et avec l’intégration croissante de l’IA, cette problématique risque de s’accentuer.

Un modèle économique durable et rentable

La santé financière du secteur est également mise en évidence par le fait que 80 % des éditeurs ont déclaré un bénéfice d’exploitation en 2022, témoignant d’une capacité remarquable à maintenir un modèle économique à la fois durable et rentable. Ces résultats s’appuient, d’une part, sur des chiffres à l’export stables, avec 58 % du chiffre d’affaires réalisé hors de France (identiques à celui de l’année précédente). Cette performance varie toutefois significativement selon la taille des entreprises : celles excédant les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires continuent d’élargir leur présence à l’échelle mondiale. La croissance externe reste une stratégie privilégiée pour de nombreux éditeurs, plus de la moitié du panel envisageant des opérations à l’international à l’avenir.

L’autofinancement reste le mode de financement privilégié, suivi par le recours à l’endettement et aux fonds de capital-investissement, ces derniers ayant enregistré une hausse notable des levées de fonds excédant 100 millions d’euros. Cependant, à la date du 30 septembre, le cumul des transactions supérieures à 20 millions d’euros atteignait 600 millions d’euros, bien en deçà des 4,1 milliards d’euros totalisés sur l’année 2022, appelant ainsi à une certaine vigilance.

Numeum : une présidente qui fixe des priorité suivies

La force de Numeum réside dans son accompagnement des éditeurs de logiciels dans la mise en œuvre de trois axes prioritaires définis par sa présidente, Véronique Torner : le développement territorial, le renforcement des compétences et l’engagement en faveur du numérique responsable.

Le recrutement et la fidélisation des talents demeurent un défi, en dépit d’une augmentation globale de 6 % des effectifs. Par ailleurs, la recherche et le développement continuent de jouer le rôle de principal moteur de croissance, un tiers des employés étant affectés à ces activités.

En matière de responsabilité sociétale, les éditeurs de logiciels ne sont pas en reste, avec 75 % des entreprises ayant mis en place des pratiques de RSE structurées. Près d’un tiers d’entre elles ont obtenu — ou sont en processus d’obtention — d’un label RSE, ce qui illustre leur engagement envers cette initiative.

Cependant, le secteur doit également faire face aux enjeux de la cybersécurité, plus de la moitié des éditeurs ayant été confrontés à des tentatives d’intrusion dans leurs systèmes.

Des enjeux donc multiples se présentent auxquels les éditeurs de logiciels doivent apporter des réponses adaptées pour aborder l’année à venir avec sérénité.

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Trophée 2023 International

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Trophée décerné à la société Shiro Games, studio de création de jeux vidéo indépendant.

Trophée 2023 Prix du Jury

Trophée décerné à la société Pigment, spécialiste de la gestion des données et de la planification d’entreprise.

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* Méthodologie du panorama Top 250 (non disponible sur mobile)

Le Top 250 des éditeurs de logiciels français est réalisé sur la base d’une enquête par questionnaire conduite par EY et Numeum auprès des éditeurs de logiciels français. Le classement général est effectué, dans cette édition 2023, sur la base du chiffre d’affaires correspondant à l’activité d’édition de logiciels de 275 éditeurs. Seules les sociétés françaises déclarant ne pas être filiales d’un groupe étranger sur l’exercice concerné sont incluses dans ce panorama. Les éléments chiffrés individuels communiqués dans cette étude sont issus de données déclarées par les entreprises en réponse au questionnaire. Dans certains cas, ils sont complétés par des données publiques. Les données de chiffre d’affaires sont arrondies à la centaine de milliers d’euros. Les données ont été collectées auprès des éditeurs entre mai et septembre 2023.