Cloud
Bleu annonce une ouverture officielle de ses services fin 2024
Par Laurent Delattre, publié le 16 janvier 2024
Avec la pression du gouvernement et de l’Europe pour intensifier la protection des données européennes et la souveraineté numérique européenne, nombre de DSI s’impatiente de voir se concrétiser les offres « SecNumCloudisées » des grands clouds. Si S3NS a depuis longtemps confirmé l’ouverture fin 2024 de ses services en technologie Google Cloud, son concurrent BLEU n’avait plus vraiment donné de nouvelles depuis des mois, mais vient de se rappeler au bon souvenir de tous en confirmant l’arrivée de ses services fin 2024.
Alors qu’Outscale, OVHcloud et même Free Pro ont fait le forcing ces derniers jours pour annoncer le renouvellement ou l’extension de leurs certifications « SecNumCloud 3.2 » (cf. notre article SecNumCloud : pourquoi ce label n’est plus une option), les deux acteurs français S3NS et BLEU, construits sur des partenariats stratégiques avec des hyperscalers américains, se rappellent au bon souvenir des DSI.
S3NS en activité commerciale
Le cloud S3NS construit par une joint-venture de droit français entre Thales et Google Cloud a démarré son activité commerciale en février 2023. Pour l’instant, le fournisseur se contente d’une offre « Contrôles Locaux » sur Google Cloud qui permet aux clients d’héberger leurs Workloads sensibles sur Google Cloud avec un maximum de garanties quant à la localisation des données et charges de travail et une gestion externalisée des clés de chiffrement via Thales.
En Novembre dernier, S3NS confirmait travailler activement avec Google Cloud à la création de ses infrastructures Cloud (hébergées en France et indépendantes des infrastructures Google Cloud, opérées en France par S3NS et non par Google) pour un lancement au quatrième trimestre 2024. Elles offriront une région « S3NS » (similaire à la région France de Google Cloud mais autonome et indépendante) qui a vocation à être certifiée SecNumCloud et qui proposera l’essentiel des services de Google Cloud. S3NS espère obtenir la certification SecNumCloud de ses services dès le début de l’année 2025, ce qui semble ambitieux vu la complexité du processus d’audit et d’approbation même si les configurations imaginées par les ingénieurs de Thales et Google ont été validées « d’un point de vue théorique » par l’ANSSI.
Toutefois, S3NS n’a pas – pour le moment – vocation à héberger et délivrer Google Workspace dans un contexte « SecNumCloud ». L’offre se limite aux services SaaS, PaaS, IaaS de Google Cloud.
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BLEU se lance officiellement
Son concurrent BLEU n’avait guère donné de nouvelles depuis les annonces de son lancement en mai 2021 et de sa roadmap en juin 2022. Co-entreprise formée par Orange et Capgemini en partenariat technologique avec Microsoft, Bleu a pour vocation « d’offrir la suite de collaboration et de productivité Microsoft 365, ainsi que les services Microsoft Azure, dans un cloud français sécurisé, ayant vocation à obtenir la qualification SecNumCloud 3.2 de l’ANSSI », selon le site de l’entreprise.
Cette semaine, Orange et Capgemini ont officialisé l’ouverture des activités commerciales de Bleu, soit un an après celle de S3NS. Le nouveau fournisseur explique « désormais travailler avec des entreprises et des organismes publics français intéressés, pour s’assurer qu’ils soient prêts à migrer lorsque les premiers services ‘Cloud de confiance’ seront disponibles sur la plateforme à partir de fin 2024 ».
Bleu confirme donc ainsi non seulement que le projet est toujours bien vivant mais également bien actif avec une ouverture des services fin 2024 et une certification SecNumCloud recherchée/espérée en 2025. Dans son communiqué, la « co-entreprise » explique que « Capgemini et Orange ont lancé le projet Bleu en partenariat stratégique avec Microsoft, dans le but de répondre aux besoins spécifiques, en matière de cloud, de l’État, des collectivités territoriales, des hôpitaux et établissements de santé, et des entités publiques ou privées reconnues comme Opérateurs d’Importance Vitale (OIV) ou Opérateurs de Services Essentiels (OSE), leur permettant d’utiliser les services Microsoft 365 et Microsoft Azure. La plateforme cloud de Bleu sera lancée sur un ensemble de centres de données distribués géographiquement en France et répondant aux très hautes exigences nécessaires en matière de résilience et de disponibilité. »
Il reste encore bien du chemin à parcourir cependant. Et il sera intéressant de vérifier si le projet qui a été validé « d’un point de vue théorique » par l’ANSSI pourra effectivement recevoir rapidement la très recherchée qualification « SecNumCloud 3.2 ». Comme nous le rappelait récemment l’ex-patron de l’ANSSI, Guillaume Poupard (désormais directeur général adjoint de Docaposte), « la certification SecNumCloud n’est pas qu’un simple PowerPoint à présenter ».
Pour l’instant, l’ouverture des activités commerciales de Bleu se traduit essentiellement par l’ouverture d’un site Web très officiel : Bleucloud.fr I Collaborer et innover en confiance
« Bleu apporte une combinaison unique d’avantages en termes de sécurité et d’offre de services, en mettant notamment à disposition la plus large palette d’innovations technologiques, permettant aux organismes publics et privés d’accélérer dans leurs ambitions de transformation numérique dans les prochaines années » affirme ainsi Aiman Ezzat, Directeur général du groupe Capgemini.
Cette activité commerciale vise cependant à occuper un peu plus le terrain en attendant la disponibilité des infrastructures et des services. Le temps presse car la pression monte dans les DSI pour opérer des choix plus souverains et certifiés SecNumCloud. Pression par ailleurs renforcée par les acteurs déjà “SecNumCloud” qui ont un impérieux besoin de s’imposer avant que ces deux concurrents ne soient opérationnels. Rien ne prouve pour l’instant que les deadlines d’ouverture “fin 2024” de S3NS et BLEU seront bien tenues. Et rien ne prouve que leurs certifications SecNumCloud seront obtenues rapidement. D’autant que d’ici là, l’Europe pourrait bien finaliser un équivalent plus contraignant encore de cette certification et la France se prendre à vouloir sortir une version “3.3” là aussi plus stricte. Une situation finalement délicate pour les responsables informatiques car elle impacte des choix stratégiques. Mais, depuis le Covid, les DSI ont appris à évoluer dans un monde d’incertitudes…
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