Data / IA
L’IA pourrait réduire le trafic des moteurs de recherche de 25% d’ici 2026
Par Laurent Delattre, publié le 21 février 2024
Selon Gartner, l’IA générative bouleverse profondément les habitudes de recherche des internautes comme en entreprise. Au point de réduire d’un quart le trafic sur les actuels moteurs de recherche du Web et mettre en péril leur utilité, leur économie et l’activité de toutes les entreprises dont la stratégie repose sur le SEO (Search Engine Optimisation)…
Le géant du Web Google est-il en péril ? Près de 80% de ses revenus proviennent des recettes publicitaires, elles-mêmes principalement générées par l’audience de son moteur de recherche.
On se souvient qu’après le succès phénoménal rencontré par ChatGPT à sa sortie en décembre 2022, le géant américain de la recherche Web avait déclenché un « Code Rouge » voyant dans cette technologie une menace potentielle pour son cœur de métier.
Dans la foulée, Microsoft réinventait son moteur Bing en y intégrant l’IA conversationnelle avec comme espoir annoncé de venir grappiller quelques parts de marché à Google. Un an après, cet espoir ne s’est pas franchement concrétisé (on estime que Bing n’a pas pris plus d’un point de parts de marché). Néanmoins, l’IA générative a clairement changé la donne au niveau des habitudes des utilisateurs et des expériences de recherche proposées.
Dans la foulée de Bing Search et son IA, Google a dû faire évoluer Google Search et a introduit son expérience SGE (Search Generative Experience) dopé à la GenAI. Mais on a aussi vu éclore de nouveaux acteurs dont l’expérience de recherche est entièrement centrée sur le potentiel de l’IA générative à l’instar de « You.com » ou de « Perplexity.ai ». Et le nouveau navigateur WEB dont tout le monde parle, le fameux ARC Browser, prétend anticiper vos besoins et réinventer l’expérience Web par l’IA.
Bien sûr, un an après leur naissance, les IA génératives continuent régulièrement d’halluciner dans leur réponse, de faire des résumés de sites ou de vidéos contenant des erreurs pas toujours aisées à repérer ou de se montrer parfois moins pertinentes dans les réponses livrées qu’un moteur de recherche à mots clés. Néanmoins, le succès rencontré par les apps mobiles Gemini et ChatGPT ou le recours désormais prioritaire dans bien des entreprises à Copilot pour répondre à toutes questions montrent que les comportements des utilisateurs évoluent. Ceux qui ont vraiment adopté l’IA générative tendent à d’abord interroger ChatGPT/Copilot avant de basculer vers la recherche Google/Bing traditionnelle si la réponse n’est pas conforme à leurs attentes ou s’ils ont un doute.
Des changements d’habitude qui vont induire une baisse de trafic des moteurs de recherche de 25% d’ici 2026 selon Gartner au profit des chatbots et autres agents virtuels. « Les IA génératives (GenAI) deviennent des moteurs de réponse de substitution, remplaçant les requêtes des utilisateurs qui pouvaient auparavant être exécutées dans les moteurs de recherche traditionnels. Cela va obliger les entreprises à repenser leur stratégie en matière de canaux de marketing à mesure que la GenAI s’intégrera dans tous les aspects de l’entreprise » affirme ainsi Alan Antin, VP Analyst chez Gartner.
La recherche payante et organique sont des piliers actuels du Web, de la fréquentation des sites, et du marketing numérique. Ces piliers sont aujourd’hui remis en cause par l’IA générative et sa faculté non seulement à mieux comprendre les intentions de l’utilisateur mais aussi mieux à même de formuler des réponses claires combinant de multiples sources et évitant d’aller visiter les pages pour obtenir la réponse. « Les responsables marketing dont les marques dépendent fortement du référencement SEO devraient envisager d’allouer des ressources pour tester d’autres canaux afin de se diversifier », alerte Emily Weiss, Senior Principal Researcher chez Gartner.
Par ailleurs, Gartner s’inquiète de la quantité de contenus générés par les IA aujourd’hui et de leur impact à venir sur les moteurs de recherche (qu’ils soient ou non dopés par l’IA). Il va falloir faire progresser les algorithmes de recherche pour qu’ils privilégient les contenus de qualité et soient capables d’évaluer l’utilité d’un contenu.
Bien évidemment, il ne s’agit là que d’une prédiction (bien plus qu’une prévision). La réalité « de dans deux ans » se révèlera peut-être bien différente ne serait-ce que parce que Google Search et Bing Search sont en train de se réinventer, de réinventer leurs interactions avec l’internaute et de réinventer leur façon de « chercher » et de présenter les résultats. Une réinvention qui peut leur permettre de résister aux prochaines générations de ChatGPT mais aussi aux prochaines générations de Siri et Alexa transformées à la sauce GenAI. Mais il va aussi falloir que tout le Web réinvente son économie…
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