L'inquiétude des DSI ne faiblit pas depuis le rachat de VMware par Broadcom

Gouvernance

L’inquiétude des clients VMware ne fait qu’empirer

Par Laurent Delattre, publié le 14 juin 2024

Le rachat de VMware par Broadcom a provoqué une énorme onde de choc dans l’écosystème IT. La dernière étude de Cloudbolt tente de chiffrer le degré de perturbation du marché et de mesurer l’inquiétude palpable des DSI.

Suppression des licences perpétuelles, restructuration du portfolio pour ne conserver que des super-bundles, redéfinition des roadmaps, aléas autour du support des anciennes versions sous licences perpétuelles, nouveaux contrats de partenariats imposés…
Le rachat de VMware par Broadcom a engendré un véritable chaos dans l’écosystème de l’éditeur et perturbé les plans stratégiques d’infrastructure des clients comme des partenaires.

Réalisée auprès de 300 décideurs IT de moyennes et grandes entreprises, la nouvelle étude “VMware Acquisition Aftermath” de Cloudbolt menée par Wakefield Research mesure l’ampleur du désastre : 99% des DSI interrogés sont préoccupés par l’impact de cette acquisition et 76% s’avouent même très ou extrêmement inquiets !

Et si Hock Tan, le CEO de Broadcom, reconnaissait volontiers dans un billet de Blog en février dernier que « bien évidemment, nous sommes conscients qu’un tel niveau de changement a créé un certain malaise parmi nos clients et nos partenaires », il n’est pas sûr qu’il mesure à quel point cette acquisition vient perturber la stratégie et la réflexion des DSI quant à l’évolution de leurs solutions d’infrastructure :  95% des DSI considèrent comme « perturbatrice » cette acquisition, 46% la jugeant même « très ou extrêmement perturbatrice ».

L’étude montre que 73% des DSI sondés s’attendent à une hausse de plus de 100% des tarifs de VMware sous la houlette de Broadcom. Une pilule d’autant plus difficile à avaler que 69% des entreprises ont des contrats VMware qui expirent dans les 12 prochains mois.

L’heure n’est pas à la précipitation

Face à ces bouleversements, les clients envisagent différentes options, sans qu’aucune ne se dégage nettement : 43% pensent conserver certaines solutions VMware, 40% rester complètement chez VMware, 38% migrer plus de charges de travail vers le cloud public, 34% adopter une solution concurrente. Sur le papier, toutes les offres majeures de VMware (vSphere, vRealize, NSX, Tanzu…) sont susceptibles d’être abandonnées. Et 87% s’attendent à devoir prendre une décision stratégique quant au futur de leur infrastructure dans les 12 mois à venir.

Reste que cette décision stratégique n’est jamais aisée à prendre. Lors de sa conférence .NEXT 2024 en mai dernier, Nutanix expliquait ne pas s’attendre à un afflux rapide de clients venus de VMware et préférait inscrire sa démarche dans la durée avec des discussions à long terme avec les DSI en quête d’alternatives. Après tout, on ne migre pas une infrastructure du jour au lendemain. Il faut la planifier. Nutanix explique en substance que même si les DSI se tournent vers eux plein d’interrogations et d’inquiétude en demandant des réponses rapides, ils adoptent au final toujours des approches pragmatiques et ne prennent pas de décisions hâtives, préférant fort logiquement évaluer soigneusement leurs options et élaborer des stratégies diversifiées pour atténuer les risques et maximiser les avantages.

Un déficit d’image

De quoi laisser finalement le temps à Broadcom de corriger le tir ? Ce n’est pas certain. Car l’étude montre clairement un déficit d’image de l’acquéreur auprès des DSI. Les précédentes acquisitions de Broadcom ont laissé des traces. Et les sentiments sont mitigés. Parmi les principales raisons poussant les entreprises à s’éloigner de VMware, aucune n’émerge vraiment du lot : l’incertitude des plans de Broadcom (36%), la qualité du support (36%), l’évolution des relations avec les partenaires (36%), le passage obligatoire aux licences par abonnement (34%), les hausses de prix anticipées (33%), les expériences négatives vécues avec Broadcom (33%), la réputation de Broadcom lors de ses précédentes acquisitions (32%), le packaging/bundling forcé de produits (30%), le ralentissement de l’innovation (29%).

« Nombre de DSI reconnaissent que les perturbations actuelles marquent le début d’une période prolongée d’incertitude et de changement s’ils choisissent de rester avec Broadcom », constatent les rapporteurs.

Entre désaffection des clients, opportunisme des concurrents et incertitude sur la stratégie de Broadcom, rarement l’avenir aura paru si incertain pour VMware. Malgré l’ampleur des défis, l’acquéreur dispose encore d’une fenêtre de tir pour rétablir la confiance. Mais le temps presse car de nombreux clients VMware ont déjà un pied dehors.


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