Green IT

La ville d’Antibes adopte la sobriété numérique « à la carte »

Par Marie Varandat, publié le 13 août 2024

La commune de la Côte d’Azur relève le défi de la sobriété numérique par des stratégies adaptatives, alliant technologie et écologie pour optimiser son empreinte carbone tout en améliorant l’efficacité opérationnelle.

Avec une population variant de 80 000 à 250 000 habitants selon la saison, et une administration municipale forte de 2 200 agents, la gestion des ressources numériques et énergétiques représente un défi conséquent pour la ville d’Antibes. Composé d’une cinquantaine de serveurs virtualisés, de 1 400 postes informatiques, de 500 téléphones et d’une cinquantaine de progiciels adaptés à ses multiples métiers, son parc informatique est d’autant plus vaste que la ville est supposée offrir toujours plus de services numériques à ses habitants.

Antibes confronté à un paradoxe

Comme la plupart des organisations, Antibes s’est très vite confrontée au paradoxe de la sobriété numérique, entérinant le fait que la réduction de l’utilisation des technologies pourrait entraver le progrès en matière de développement durable. « Le défi est complexe, car réduire le numérique de manière aveugle est contre-productif, indique Patrick Duverger, directeur de la logistique et des systèmes d’information de la ville. La période du Covid a largement démontré qu’augmenter le recours aux visioconférences réduit les déplacements et donc la pollution. »

  • 50 serveurs virtualisés

  • 1 400 postes informatiques

  • 500 smartphones

Une sobriété à la carte pour Antibes

Antibes s’est donc orientée vers une stratégie de sobriété numérique « à la carte », assumant pleinement d’utiliser plus de technologie pour gagner en efficacité opérationnelle. Typiquement, la ville stocke toujours plus de données car, même s’il faut veiller à chasser les doublons, elles lui permettent de moderniser l’administration et d’établir des tableaux de bord pour optimiser son pilotage. Parallèlement, elle renforce la dématérialisation et réduit le nombre d’imprimantes et d’impressions. Autre exemple, elle s’est attaquée au nettoyage des procédures de travail dans la chaîne d’achat, en « blockchainisant » (avec une blockchain verte, sans minage) toutes les étapes. Elle teste aussi un nouvel outil à base d’IA, VisioMapAI, pour classer chaque imputation budgétaire dans les 17 objectifs du développement durable spécifiés par l’ONU. « Il s’agit là d’un exemple opérationnel où l’IA fait gagner du temps aux agents tout en proposant les options les plus pertinentes pour verdir le budget au regard des finalités et des objectifs de développement durable. De la sorte, l’élu décisionnaire peut savoir où sa ville performe, souligne Patrick Duverger. Dit autrement, il s’agit de ne plus penser l’innovation et le numérique comme des fins en soi, mais comme des outils au service de l’enjeu le plus important des décennies à venir : la transition écologique vers une croissance soutenable qui produira moins de gaz à effet de serre. »

Pour mener à bien cette stratégie, Antibes s’est dotée d’un groupe de travail transversal chargé de sensibiliser toutes les directions aux enjeux et aux pratiques écoresponsables, et d’évaluer les actions et les retours d’expérience. Côté suivi, la Ville prévoit aussi de se baser sur les outils et les référentiels de l’Ademe pour mesurer et améliorer son empreinte numérique. En attendant, Antibes privilégie l’équilibrage « intelligent » de l’usage des technologies avec les impératifs écologiques en se posant systématiquement la question du « numérique pour quoi faire ? », convaincue qu’une stratégie qui tient compte à la fois du potentiel du numérique en tant qu’accélérateur de développement durable et de la nécessité de modérer son impact environnemental est la meilleure façon d’aborder le paradoxe de la sobriété numérique. 


Établir une vision transversale et adopter une démarche globale


Patrick Duverger

Directeur de la logistique et des systèmes d’information


Il est crucial de considérer la sobriété numérique dans le cadre plus large de la gestion énergétique et environnementale d’une organisation afin d’avoir une vision d’ensemble cohérente et rationnelle. Parallèlement, la collaboration transversale entre différentes directions est essentielle, car elle permet d’éviter les approches cloisonnées qui pourraient limiter l’efficacité de la démarche. »

L’ENTREPRISE

Activité : Collectivité
Effectif : 2 200 collaborateurs dont 25 à la DSI
CA : 300 M€


À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights