Tout sur la nouvelle Nomenclature 2024 des métiers du SI du Cigref

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Les nouvelles tendances des métiers du numérique : la Nomenclature Cigref 2024 en détail

Par Laurent Delattre, publié le 07 octobre 2024

La version 2024 de la Nomenclature Cigref illustre la complexité croissante des métiers du numérique en introduisant des profils comme le Product Manager et le Data Architect, tout en actualisant les compétences liées à la durabilité et à la gestion des infrastructures IT.

Toujours en mouvement, toujours en mutation, est l’informatique. Certains métiers d’hier (opérateurs de saisie, technicien de téléscripteurs, réparateurs de disquette) ont disparu, d’autres apparaissent et de nombreux profils se métamorphosent. Ces métiers ont des noms et des fonctions qui évoluent avec le temps et les technologies informatiques. Pouvoir attribuer le bon nom, y associer les bonnes fonctions, n’est pas simple dans un tel paysage. Et là réside tout l’intérêt de la Nomenclature Cigref (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) que l’association publie depuis maintenant plus de 30 ans.

Le Cigref vient ainsi de publier la nouvelle édition de sa Nomenclature des profils métiers du système d’information, version 2024. Comme à chaque édition, l’association s’efforce de refléter fidèlement l’évolution des métiers de la DSI en s’appuyant sur la réalité de terrain de ses entreprises membres. Cette nouvelle édition, riche en enseignements, offre une photographie précise et actualisée des 52 profils métiers qui font aujourd’hui vivre la transformation numérique des organisations.

Contrairement à un référentiel normatif, la nomenclature Cigref n’impose pas une vision figée des métiers du numérique. Elle se concentre plutôt sur ce qu’ils sont aujourd’hui, en fonction de l’expérience collective des entreprises membres. Ce cadre de référence permet aux entreprises de mieux comprendre et gérer les compétences essentielles de leurs équipes. C’est un guide et un outil que tout DSI et tout RH est invité à garder à portée de main.

On y retrouve bien évidemment des rôles très divers répartis dans neuf domaines, neuf familles de profils :
– Le management opérationnel (DSI, CDO, Responsable du marketing de la DSI, responsable d’études…) ;
– Le pilotage du SI (Urbaniste, Responsable SI Métier, Reponsable Green IT, …) ;
– Le management de projets (MOA, MOE, Coach Agile, Scrim Master, Product Manager, Product Owner, PMO…) ;
– La donnée (Data Scientist, Data Analyst, CDO, DPO, …) ;
– La sécurité (Expert, Auditeur, RSSI…) ;
– Les applications (Dev, Lead Dev, Testeur, Intégrateur, Paramétreur progiciels…) ;
– La maintenance opérationnelle (Technicien d’exploitation, Administrateur, Pilote, Architecte technique…) ;
– Le support (Assistant fonctionnel, Technicien support…) ;
– Les relations fournisseurs (Manager de contrats, Acheteur IT, SAM, …)

Autre fois structurée par grande famille silotée, la nouvelle nomenclature du Cigref préfère désormais se structurer autour de 9 familles représentant 9 couches transversales.

Deux nouveaux profils en réponse aux besoins émergents

Pour la version 2024, deux nouveaux profils font leur apparition afin de répondre à l’évolution du secteur : le “Product Manager” et le “Data Architect”. Ces profils viennent enrichir les familles “Management de projets” et “Data”.

Le Product Manager reflète l’évolution des pratiques agiles, notamment le glissement de certaines responsabilités jusqu’alors dévolues aux Product Owners. Désormais, ce profil est chargé de la définition et du pilotage d’un ou plusieurs produits ou services, en cohérence avec les stratégies de l’entreprise et les orientations du système d’information (SI). Sa présence témoigne d’un besoin croissant d’alignement entre l’agilité des équipes et la vision globale des projets. En plus de gérer la feuille de route du produit, le Product Manager est également impliqué dans la stratégie produit, la gestion des parties prenantes et l’optimisation de la valeur délivrée. Ce profil devient de plus en plus central pour garantir la cohérence entre l’offre technologique et les attentes des clients.

L’autre nouveauté, le Data Architect, illustre l’importance croissante de la “maturité data” des entreprises. Ce profil, orienté sur la conception et la gestion de l’architecture des données, s’appuie sur des compétences proches de celles d’un architecte d’entreprise, mais avec une spécialisation accrue dans le domaine des données. Sa mission inclut la définition d’une architecture Data robuste, alignée sur les besoins métiers, et la supervision de sa mise en œuvre afin de garantir performance et pérennité. Le Data Architect travaille en étroite collaboration avec les équipes de data engineering, les responsables de la gouvernance des données, ainsi que les métiers, afin de s’assurer que la stratégie de gestion des données soit non seulement techniquement performante mais également alignée sur les objectifs stratégiques de l’entreprise.

Parmi les autres profils particulièrement en vogue et à surveiller, le “Responsable Green IT” occupe une place notable. Ce profil, déjà présent dans la précédente édition, a été mis à jour pour refléter l’importance croissante des enjeux de durabilité dans le numérique. Le Responsable Green IT est chargé de concevoir et de mettre en œuvre des initiatives visant à réduire l’empreinte environnementale des infrastructures et des services IT. Un rôle devenu essentiel pour porter haut le flambeau du numérique responsable et accompagner les entreprises dans leur transition écologique.

Le cas discutable et discuté du DevOps

Bien que très présent dans les discussions actuelles sur les organisations IT, le profil DevOps n’a pas été retenu pour figurer dans la Nomenclature 2024. Qu’on le veuille ou non, cela reste une surprise. Pour le Cigref, sa définition fait encore trop l’objet de divergences parmi les entreprises membres. Pour certains, il s’agit d’un nouveau métier à part entière, tandis que d’autres considèrent que les compétences DevOps doivent simplement être intégrées aux métiers existants. En l’absence de consensus, le choix a été fait de ne pas créer de fiche dédiée pour ce profil. Ce qui ne paraît pas du tout aligné avec les offres d’emploi sur les sites IT. La nomenclature donne ici l’impression de prendre un train de retard alors que commence à poindre dans les grands groupes l’idée de GenOps (pour les chaînes d’IA générative).

Une bible pour les entreprises

Au-delà de sa fonction de documentation, la Nomenclature des profils métiers du SI est d’abord à nos yeux un outil de réflexion et d’accompagnement pour les directions du numérique. Elle permet aux entreprises de se positionner par rapport aux standards du secteur, d’identifier les compétences manquantes, et de développer des parcours de carrière cohérents pour leurs collaborateurs.
Chaque profil y est très sérieusement développé avec ses missions, ses activités, ses livrables, ses indicateurs de performance, le parcours professionnel qui y conduit, et les tendances qui l’amènent à évoluer. Difficile d’être plus complet dans ce domaine.

On regrettera néanmoins que cette nomenclature propre au Cigref n’ait pas cherché à tracer des rapprochements entre les formulations françaises et les formulations anglo-saxones. D’autant qu’elle a intégré la norme européenne NF EN 16234-1-FR afin de s’inscrire dans une démarche de reconnaissance et d’harmonisation des compétences numériques à l’échelle européenne.

Avec 52 profils décrits dans cette nouvelle édition, cette nomenclature – qui ne nous paraît pas la plus exhaustive possible (où sont les métiers de l’IA, de l’ingénierie de plateformes ?) – montre néanmoins la richesse du secteur, la variété de profils au sein de la DSI. Elle s’affirme à nouveau comme la référence francophone et comme une ressource incontournable pour tous les professionnels du numérique afin de mieux comprendre les métiers actuels et anticiper leurs transformations futures.


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