L'USF et l'éternel grogne des utilisateurs SAP

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Gianmaria Perancin (USF) : « Nous devons co-construire avec SAP pour préparer l’avenir »

Par Thierry Derouet, publié le 15 octobre 2024

Lors de la convention annuelle de l’USF, Gianmaria Perancin, président de l’Association des Utilisateurs SAP Francophones, a partagé sa vision des défis actuels liés au cloud, à l’innovation et à la relation avec l’éditeur allemand. Entre la prudence européenne et la nécessité d’une adaptation rapide, il appelle à une collaboration renforcée pour anticiper les évolutions du marché.

Lors de la récente convention de l’USF, Gianmaria Perancin a pris la parole pour aborder les enjeux majeurs auxquels font face les utilisateurs francophones de SAP. Il a tenu à clarifier que la relation entre l’USF et SAP n’est pas une confrontation, mais plutôt une quête commune de compréhension des tendances du marché et de co-construction. « Nous ne sommes pas opposés les uns aux autres. Nous cherchons à comprendre les tendances du marché et à co-construire avec SAP », a-t-il affirmé d’emblée, souhaitant ainsi dissiper toute idée de rivalité.

Le fossé culturel dans l’adoption de l’innovation

Gianmaria Perancin a souligné le fossé culturel qui existe entre l’approche européenne et celle américaine en matière d’adoption des nouvelles technologies. « Aux États-Unis, ils adoptent rapidement l’innovation sans trop se poser de questions, alors qu’en Europe, nous sommes plus prudents », a-t-il observé. Cette prudence, profondément ancrée dans la culture européenne, se traduit par une analyse minutieuse des risques, des coûts et des bénéfices avant toute adoption technologique majeure.

Le cloud souverain, un enjeu crucial

La question du cloud souverain est apparue comme un enjeu crucial pour les entreprises européennes. Face à la domination des géants américains du cloud, les membres de l’USF cherchent des solutions conformes aux réglementations locales, notamment le RGPD. « Il y a des initiatives comme les ‘premium suppliers’ avec T-Systems, Fujitsu, et d’autres. Nous voyons aussi des acteurs comme Bleu* et OVH qui pourraient offrir des solutions », a expliqué Gianmaria Perancin, mettant en lumière les alternatives européennes émergentes. Il a également salué le changement d’attitude de SAP : « SAP a changé de message en deux ans. Ils cherchent désormais à comprendre la vision des clients sur le cloud souverain ».

Travailler ensemble pour l’avenir

Concernant l’avenir, le président de l’USF a insisté sur l’importance d’une collaboration étroite avec SAP. « Nous devons tous travailler ensemble pour préparer l’avenir. L’USF est déterminée à jouer un rôle clé en représentant les intérêts des utilisateurs, en facilitant les échanges et en anticipant les tendances », a-t-il déclaré avec conviction. Il a également évoqué la nécessité pour SAP de renforcer sa relation avec ses clients, en améliorant notamment la formation de ses équipes commerciales : « Nous demandons également à SAP de travailler sur la formation de ses équipes commerciales pour mieux répondre aux besoins des clients ». Le sujet de la satisfaction client reste, selon lui, un point sensible : « Le côté ‘customer satisfaction’, là, ça bloque encore. SAP a encore des efforts à faire pour améliorer ce point ».

L’écosystème des partenaires en mutation

L’écosystème des partenaires de SAP est en pleine mutation, et Gianmaria Perancin a exprimé ses préoccupations quant à leur avenir. « Les partenaires doivent se réinventer face à des changements comme RISE. Ils doivent développer de nouvelles compétences, notamment sur la Business Technology Platform (BTP) et l’IA », a-t-il souligné. Il s’est interrogé sur la pérennité de ces partenaires : « Si, aujourd’hui, la convention est faite avec 107 partenaires, dans cinq ans, est-ce que ces 107 partenaires seront tous là ? Il faut trouver un moyen de faire vivre l’écosystème ».

Les priorités stratégiques de l’USF

En regardant vers 2025, l’USF s’est fixée des priorités stratégiques pour renforcer son rôle et son influence. Gianmaria Perancin a exprimé le désir d’accroître la représentativité de l’association : « Il n’est pas normal que nous ne soyons que 450 adhérents. Nous devons recruter de nouveaux membres pour renforcer notre légitimité ». Il a également évoqué l’ambition d’étoffer la palette de services offerts aux membres, notamment en matière de formation, et de rayonner à l’international : « Nous devons communiquer en anglais pour faire savoir au reste du monde ce qui se passe en France. Travailler avec d’autres clubs utilisateurs est essentiel ». Enfin, il a réaffirmé la volonté de l’USF de peser sur la stratégie de SAP en représentant activement les intérêts des utilisateurs.

Renforcer la confiance pour avancer

La question de la confiance demeure au cœur des préoccupations. Qu’il s’agisse de modèles économiques, comme la facturation à l’usage, ou de l’adoption de nouvelles technologies, les entreprises cherchent des garanties pour avancer sereinement. « Beaucoup de DSI préfèrent des coûts forfaitaires pour éviter les surprises. Il faut développer des compétences en finance pour mieux prévoir et piloter ces dépenses », a expliqué Gianmaria Perancin.

Face aux craintes liées à l’impact de l’IA sur les éditeurs traditionnels, il se veut rassurant : « Je ne pense pas que les éditeurs comme SAP soient menacés à court terme. Ils maîtrisent leurs risques et sauront s’adapter ». Cette confiance dans la capacité d’adaptation des grands acteurs du marché reflète une vision optimiste de l’avenir, basée sur la collaboration et l’innovation partagée.

Un appel à la collaboration

Gianmaria Perancin lancé un appel à une collaboration renforcée entre les utilisateurs, les partenaires et SAP. « Nous devons tous travailler ensemble pour préparer l’avenir. Avec SAP et les partenaires, nous pouvons co-construire un écosystème solide, innovant et bénéfique pour tous », a-t-il conclu, invitant ainsi l’ensemble de l’écosystème à s’engager dans une démarche collective pour relever les défis à venir.

* Le lendemain de cette interview, SAP a annoncé sa volonté d’héberger ses solutions sur le futur cloud SecNumCloud Bleu.


Commission RISE de l’USF ou comment naviguer dans les méandres de la transition vers le cloud

Face aux défis et aux incertitudes liés à la migration vers le cloud avec l’offre RISE de SAP, l’USF a créé une commission dédiée pour éclairer ses membres. Présidée par Sadjia Dahmane, cette commission s’est fixée pour mission de démystifier RISE, de comprendre ses véritables implications et d’accompagner les entreprises dans cette transformation majeure.

Il y a tellement de questions, on entend beaucoup de choses sur ce sujet-là”, explique Sadjia Dahmane. “On aimerait un peu démystifier au sein de cette commission, essayer de comprendre aussi les besoins, et savoir comment on peut décrypter cette offre SAP.”

Les discussions au sein de la commission révèlent des préoccupations profondes. Beaucoup d’entreprises peinent à percevoir la valeur ajoutée de RISE. “Création de valeur, pour l’instant, on n’en voit pas… Est-ce que peut coûter le passage sur RISE pour une entreprise ?” s’interroge un membre. Les coûts élevés et les bénéfices métiers incertains alimentent les doutes.

Au-delà des aspects techniques, c’est une véritable transformation organisationnelle qui s’annonce. Les centres de compétences doivent s’adapter à un nouveau mode de fonctionnement. “Il faut aussi que dans nos centres de compétences, on apprenne à travailler différemment… C’est un changement aussi de mode de fonctionnement”, note Bernard Cottinaud. SAP devient un fournisseur de services, modifiant en profondeur la relation traditionnelle avec ses clients.

La commission vise également à influencer SAP pour une meilleure transparence et adaptabilité de son offre. “Le but, c’est que les clients SAP y aillent avec toutes les clés en main, toutes les informations… Et de faire également du lobbying côté SAP pour qu’ils changent aussi leur manière de vendre”, affirme Sadjia Dahmane.

En s’appuyant sur le réseau international SUGEN, l’USF élargit son champ d’action. “On a aussi l’avantage d’être membre du SUGEN… Et ça nous permet d’influencer SAP au niveau mondial”, souligne un membre de la commission. Cette collaboration permet de partager des bonnes pratiques et de s’inspirer des expériences d’autres pays.

La tâche est immense, mais l’engagement de la commission est total. “On a un gros chantier”, reconnaît Sadjia Dahmane. “Mais ensemble, nous pouvons aider nos membres à faire les meilleurs choix pour leur avenir.”


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