IA et métiers du logiciel : y a t'il péril en la demeure ?

Data / IA

Les métiers du logiciel au révélateur de l’IA

Par François Jeanne, publié le 21 octobre 2024

Noir ou blanc ? Stop ou encore ? Études et oracles se multiplient pour prédire des bouleversements pour les professionnels de la Tech. La pente serait plutôt mauvaise, même si certains analystes pensent que les besoins des entreprises resteront soutenus, à condition que les candidats sachent évoluer. Deux certitudes : Copilot et IA consorts vont rebattre les cartes des métiers du logiciel… et rapidement.

L’étude avait fait parlé d’elle début 2023 : la banque d’investissement Goldman Sachs estimait alors que 300 millions d’emplois seraient affectés par l’arrivée de l’IA aux États-Unis et en Europe. Elle précisait même qu’aux USA, un tiers des emplois pourraient être partiellement automatisés, et qu’une tâche sur quatre le serait complètement. Les postes administratifs et les professions juridiques constitueraient les domaines les plus exposés. Mais heureusement pour les affaires, la banque calculait aussi que l’IA devrait accroître le PIB mondial de 7 %.

Les professionnels de la Tech ont probablement écouté ces perspectives d’une oreille distraite, considérant que, comme par le passé avec l’informatisation des processus dans les entreprises, ils seraient les bras armés de la révolution annoncée et pas ses victimes.

Hélas pour eux, la réalité les rattrape peut-être déjà. Dans une récente note de conjoncture, l’analyste américain David Foote (cabinet Foote Partners) révèle « qu’il y a déjà eu beaucoup de licenciements. Les entreprises identifient des personnes qui ont peut-être été de bons collaborateurs dans le passé, mais qui ne s’intègrent pas dans le nouveau monde régi (…) par la technologie sur laquelle elles misent pour l’avenir. »
Il estime que 20 à 25 % des emplois du secteur de la technologie pourraient à terme être occupés par l’IA et désigne des domaines plus particulièrement concernés par son adoption : le développement de logiciels, la cybersécurité, le DevOps, la conception UI/UX, l’administration et la gestion des données, les data scientists et analystes de données, les tests et l’assurance qualité, les ingénieurs cloud, les rédacteurs techniques, ainsi que le support informatique et l’administration des systèmes – y compris celle du réseau. « Même les métiers directement liés à l’IA et au machine learning sont de plus en plus automatisés », souligne-t-il.

Des métiers vont disparaître

Ce panorama comporte cependant des nuances. Certaines tâches d’assistance IT risquent certes de disparaître. D’autres, comme l’administration des bases de données ou la cybersécurité (voir dossier dans ce numéro) vont plutôt évoluer, en réclamant à leurs professionnels des spécialisations de plus en plus pointues (Big data pour les premiers, conception de modèles de défense utilisant l’IA pour les seconds).

Autre bémol (ou dièse ici), David Foote s’attend à un rebond des embauches, rappelant d’anciens cycles : « Lorsqu’elles ont adopté l’automatisation, les entreprises ont licencié d’abord, mais ont fini par se trouver des besoins supplémentaires, avec des personnes qui comprennent les nuances. »

Parmi ces rôles, ceux liés au contrôle qualité viennent à l’esprit, surtout après la catastrophe estivale de Crowdstrike, qui peut-être regardée comme la conséquence d’une automatisation à outrance d’un processus, ici le déploiement d’une mise à jour de logiciel.

Un rebond avant le grand saut dans l’inconnu ?

Ces questions sur la qualité du code produit et la sécurité opérationnelle pour les systèmes les intégrant vont sans doute rester longtemps au cœur des débats.

Pour preuve, les réflexions qu’ont pu nous faire ces derniers mois plusieurs DSI. Le verdict est généralement positif, comme avec Sacha Lukic du Groupe Apave : « J’ai pu vérifier qu’en fournissant un cahier des charges simple à l’IAG, au bout de deux heures, il y avait un code qui tournait. Or je donne des cours en école d’ingénieurs à une population de développeurs. Ils sont tous persuadés que leur métier aura disparu dans dix ans. Je serais plus optimiste : ils ne vont pas disparaître, ils vont devenir des experts développeurs, des architectes du développement. »

Cela explique peut-être pourquoi le Bureau des statistiques du travail des États-Unis prévoit que les emplois de développeurs de logiciels augmenteront de 25 % entre 2021 et 2031 ?


L’IA déjà sur le terrain du développement logiciel

Dans l’étude AI in software development: Exploring opportunities and uncertainties, KPMG et Outsystems ont interrogé les grands acteurs du développement logiciel (entreprises de services, éditeurs, mais aussi banques, industries, etc.) sur leur utilisation de l’IA dans leurs pratiques actuelles et futures.
* 84 % ont intégré l’IA dans leurs cycles de développement logiciel depuis plus de six mois.
* Les early adopters sont surtout des sociétés de services informatiques.
* Activités de tests, assurance qualité et détection des vulnérabilités de sécurité sont les principaux domaines d’utilisation.
* 75 % pensent que les temps de développement vont diminuer de moitié.
* Les principales préoccupations portent sur la confidentialité des données et la sécurité (56 %), suivies des défis réglementaires (42 %).
* 89 % des répondants affirment que certains postes seront supprimés par l’IA.




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