Data / IA
IBM célèbre ses 110 ans en France en misant sur l’IA pour se réinventer
Par Thierry Derouet, publié le 13 novembre 2024
Lors d’une soirée sur les toits de Paris, IBM France a célébré ses 110 ans. L’entreprise, qui a connu des hauts et des bas au fil des décennies, mise aujourd’hui sur l’intelligence artificielle pour écrire un nouveau chapitre de son histoire.
En 1914, alors que le monde s’apprête à basculer dans la Première Guerre mondiale, IBM s’installe en France sous le nom d’ITR. Plus d’un siècle plus tard, l’entreprise célèbre son long parcours, marqué par des succès mais aussi des épreuves. « Cent dix ans, c’est une aventure humaine et technologique incroyable, avec ses triomphes et ses défis », a déclaré Béatrice Kosowski, présidente d’IBM France, devant une assemblée de partenaires et de collaborateurs.
Lors de la célébration, Béatrice Kosowski, présidente d’IBM France, a souligné l’importance de cette capacité à se réinventer : « Nous vivons dans une ère où les entreprises doivent trouver leur place au sein d’un écosystème de plus en plus technologique, où l’IA, le cloud et le quantique redéfinissent les priorités. Aujourd’hui, la mission d’IBM est de repositionner l’IA comme cœur des processus métiers. »
110 ans et l’IA pour se réinventer : une nécessité plus qu’un choix
Consciente de la nécessité de se renouveler, IBM mise sur l’intelligence artificielle comme levier principal de sa transformation. L’entreprise a décidé de commencer par elle-même en appliquant ses propres technologies à ses processus internes. « Nous devons être notre premier terrain d’expérimentation », a affirmé la présidente. « Si nous voulons convaincre nos clients, nous devons d’abord prouver que nos solutions fonctionnent pour nous. »
Cette stratégie se traduit par des investissements conséquents dans l’automatisation. IBM prévoit d’automatiser 94 % de ses processus de ressources humaines d’ici 2025 grâce à sa plateforme WatsonX et entend désormais démontrer l’impact tangible de l’IA, notamment en appliquant ses solutions en interne pour se poser en exemple auprès de ses clients.
Béatrice Kosowski a détaillé quelques résultats : « Nous anticipons des gains de productivité mondiaux de 3 milliards de dollars d’ici la fin de l’année et visons 4 milliards de dollars d’ici 2025… Mais au-delà des chiffres, c’est une question de survie dans un monde où l’efficacité opérationnelle est primordiale. »
Une méthodologie en trois étapes pour une transformation en profondeur
La transformation interne d’IBM s’appuie sur une méthodologie en trois étapes : éliminer, simplifier, automatiser. « Il faut d’abord identifier ce qui est superflu, simplifier ce qui est complexe, puis automatiser ce qui peut l’être », a expliqué Alex Bauer, directeur d’IBM Consulting France. « C’est un travail de longue haleine, mais indispensable pour moderniser l’entreprise. »
Les premiers résultats sont encourageants. IBM annonce avoir réduit de 26 % le temps de résolution des problèmes clients en automatisant 70 % des demandes. « C’est autant de temps que nos équipes peuvent consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée », souligne Béatrice Kosowski. « Mais nous ne sommes qu’au début du chemin. »
IBM Consulting : accompagner les clients dans la transformation numérique
IBM ne veut pas seulement se transformer elle-même, elle souhaite aussi aider ses clients à franchir le pas. « Nous avons une responsabilité envers nos partenaires », a déclaré Alex Bauer. « Notre expérience peut les aider à éviter les erreurs que nous avons commises par le passé. »
La plateforme IBM Consulting Advantage est au cœur de cette démarche. Elle offre aux entreprises des outils et des méthodes pour intégrer l’IA dans leurs processus métiers. « Nous ne proposons pas de solutions miracles, mais un accompagnement sur mesure », précise le directeur. « Chaque entreprise a ses spécificités, et c’est en travaillant ensemble que nous pourrons réussir. »
Dans la défense, moderniser des processus cruciaux
L’Armée de l’air et de l’espace française a fait appel à IBM pour optimiser la boucle OODA (Observation, Orientation, Décision, Action), un processus clé dans la planification militaire. Le Major Général Philippe Morales a partagé les résultats obtenus : « L’intelligence artificielle nous permet d’accélérer la boucle OODA en traitant rapidement un volume important de données et en mobilisant les ressources nécessaires, des avions de chasse aux ravitailleurs. »
L’IA, ici, a permis de modéliser la génération de force, soit la mobilisation des ressources pour une mission donnée. Morales ajoute : « À l’avenir, cette technologie va également permettre de simplifier les interfaces pour les pilotes de chasse et d’accélérer leur formation, ce qui représente un gain d’efficacité crucial. »
Dans l’industrie automobile, anticiper les défis de demain
Siham Guyon, directrice de la stratégie software chez Stellantis, a détaillé comment l’IA aide le groupe automobile à gérer le contenu produit par ses 14 marques dans divers pays. « Nous avons besoin de solutions qui adaptent automatiquement le contenu en fonction des cibles, des langues et des contextes de marché, que ce soit pour le B2B ou le B2C », explique-t-elle.
Grâce à un outil développé avec IBM, Stellantis peut paramétrer et traduire les contenus en fonction des besoins des équipes locales, tout en s’assurant que ces derniers respectent les spécificités culturelles. Les chiffres révèlent l’impact : « Nous gagnons en rapidité et en précision, et l’outil est perçu comme une aide, non une menace pour l’emploi. » Pour l’avenir, Siham Guyon prévoit « davantage d’automatisation et un déploiement plus large dans d’autres activités du groupe ».
Dans le commerce, personnaliser l’expérience client
Pierre-Yves Calloch, directeur du digital chez Pernod Ricard, a présenté l’impact de l’IA sur la gestion commerciale du groupe. Aujourd’hui, l’outil d’IA conçu pour Pernod Ricard propose chaque début de semaine aux 5 000 commerciaux du groupe une liste prioritaire de 30 points de vente, sélectionnés en fonction de leur potentiel commercial. « Cet outil planifie également leurs itinéraires et recommande les marques à mettre en avant, en tenant compte des stocks disponibles et de la demande », précise Pierre-Yves Calloch.
Les résultats sont concrets. « Lors de la phase pilote, nous avions volontairement privé 10 % des commerciaux de cet outil pour en évaluer l’efficacité. En trois semaines, ils ont réclamé d’y avoir accès, preuve de sa valeur », explique-t-il. Aujourd’hui, cette solution est déployée dans 28 pays et continue d’évoluer pour affiner la stratégie commerciale de l’entreprise.
Une approche éthique et collaborative de l’intelligence artificielle
Consciente des enjeux éthiques liés à l’IA, IBM s’efforce de promouvoir une utilisation responsable de cette technologie. L’entreprise a publié une partie de ses modèles en open source et a développé des outils comme InstructLab pour améliorer les modèles de langage. « L’innovation doit être partagée pour bénéficier à tous », a affirmé Béatrice Kosowski. « Nous devons travailler ensemble pour que l’IA soit un atout et non une menace. »
Avec “watsonX.Governance”, IBM propose également un cadre pour assurer la conformité réglementaire et l’intégrité des modèles d’IA. « La confiance est essentielle », a insisté la présidente. « Sans elle, il n’y aura pas d’adoption durable de l’IA. »
Investir dans le quantique pour préparer le futur
IBM regarde aussi vers l’avenir en investissant dans l’informatique quantique. « La convergence de l’IA et du quantique ouvre des perspectives fascinantes », a déclaré Alex Bauer. « Nous travaillons sur des algorithmes qui pourraient révolutionner des domaines comme la cryptographie ou la recherche médicale. C’est une course de longue haleine, mais nous sommes déterminés à être parmi les leaders. »
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