TOP 250 : Les éditeurs maintiennent le cap malgré le contexte éco

Depuis 14 ans, l’étude TOP 250 des éditeurs de logiciels français, pilotée par Numeum et EY, éclaire le paysage d’un secteur où innovation, résilience et ambition cohabitent avec des défis économiques et sociaux toujours plus pressants.

Entre intelligence artificielle, modèle SaaS et responsabilité sociétale, les éditeurs dévoilent leurs priorités et ambitions pour 2024. “Notre secteur du logiciel et des plateformes résiste à la crise”, s’enthousiasme Jean-Philippe Couturier, responsable du collège Éditeurs et Plateformes de Numeum. Et pour cause : en 2023, les éditeurs de logiciels français affichent une croissance de 7,6 %, atteignant un chiffre d’affaires de 21,7 milliards d’euros. Certes, on est en deçà du spectaculaire +10,6 % de 2022, mais dans un contexte économique complexe, c’est une performance qui force le respect.

L’innovation est le maître-mot : 33 % des éditeurs la placent en tête de leurs stratégies de croissance. L’upselling, cette capacité à proposer plus et mieux à ses clients existants, séduit 18 % d’entre eux. “L’année 2023 a montré que notre modèle économique est non seulement viable, mais aussi résilient : 82 % des éditeurs ont enregistré un bénéfice d’exploitation”, souligne Jean-Philippe Couturier.

Le trio de tête, toujours composé de Dassault Systèmes, Ubisoft et Criteo, continue de dominer le paysage. Dassault Systèmes affiche une hausse de 5 % de son chiffre d’affaires, tandis qu’Ubisoft réalise une performance remarquable avec une croissance de 27 %, après une baisse de 15 % en 2022. En revanche, Criteo connaît un recul de 6 %.

Recrutement : une quête permanente de talents

Les éditeurs ont créé 4400 emplois nets en 2023, avec une augmentation des effectifs de +4 % chez les pure players. Malgré les incertitudes, 72 % des entreprises prévoient d’embaucher en 2024. Toutefois, “90 % des éditeurs de logiciels français ont des difficultés pour recruter”, souligne l’étude. Les profils les plus recherchés restent les développeurs, essentiels pour soutenir l’innovation.

La parité progresse, mais doucement. Les femmes représentent 34 % des effectifs globaux, mais seulement 27 % des comités de direction. Un déséquilibre dû en partie à une sous-représentation féminine dans les filières du numérique. “Féminiser notre secteur est essentiel, non seulement pour l’égalité, mais aussi pour enrichir nos perspectives”, relève Jean-Philippe Couturier. Des initiatives voient le jour pour encourager les femmes à rejoindre et à rester dans l’IT.

L’innovation comme moteur de croissance

Les éditeurs consacrent 22 % de leur chiffre d’affaires aux dépenses de R&D, avec 34 % de leurs effectifs dédiés à l’innovation. “Pour accélérer leur croissance, les éditeurs français actionnent plusieurs leviers. À commencer par l’innovation et le développement de nouvelles solutions”, précise Jean-Philippe Couturier. De plus, 66 % des effectifs R&D sont implantés en France, témoignant d’une volonté de maintenir le savoir-faire national. Toutefois, “Préserver les dispositifs de financement de l’innovation est crucial”, martèle Jean-Philippe Couturier. Avec Numeum et d’autres organisations, il appelle à soutenir ces outils qui favorisent l’emploi et la propriété intellectuelle en France.

L’IA s’impose assez logiquement comme une priorité pour 74 % des éditeurs, contre 58 % en 2022. 40 % ont déjà intégré des fonctionnalités d’IA générative dans leurs offres, et 42 % prévoient de le faire d’ici deux ans. “L’intelligence artificielle se hisse parmi les priorités technologiques de nos éditeurs”, souligne l’étude.

Le modèle Software as a Service (SaaS) représente désormais 61 % du chiffre d’affaires, en hausse de 4 points. “Une activité stable et récurrente que 86 % des éditeurs souhaitent consolider en favorisant l’abonnement lors de prochaines commercialisations”, indique Jean-Philippe Couturier. La contractualisation par abonnement est privilégiée par 77 % des éditeurs, offrant des revenus réguliers et prévisibles.

Des démarches RSE de plus en plus structurées

82 % des éditeurs ont initié une démarche RSE structurée, contre 75 % en 2022. 57 % réalisent un bilan carbone, en hausse de 13 points. “Nos éditeurs redéfinissent leurs offres commerciales : 70 % proposent une solution contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs clients”, précise l’étude. Toutefois, seulement 23 % disposent d’un label RSE.

Seuls 12 % des éditeurs ont mis en place des critères de rémunération variable indexés sur la performance ESG pour leurs dirigeants. Un axe d’amélioration pour aligner les objectifs financiers et environnementaux.

L’internationalisation et la croissance externe : deux ambitions à nuancer

L’international représente 56 % du chiffre d’affaires total, un chiffre stable depuis sept ans. Les grands éditeurs contribuent fortement à cette performance, avec près de 9 milliards d’euros réalisés à l’étranger. Cependant, les éditeurs de moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisent moins de 22 % de leurs ventes à l’international. Des exceptions notables existent, comme Braincube, qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires hors de France.

28 % des éditeurs ont réalisé une opération de croissance externe en 2023, contre 22 % en 2022. 54 % envisagent de telles opérations à l’avenir, notamment à l’international. Toutefois, les levées de fonds se maintiennent à un niveau bas, avec 1,2 milliard d’euros en 2023 pour les opérations supérieures à 20 millions d’euros, contre 4,1 milliards en 2022.

La cybersécurité, une préoccupation croissante

Les pirates ne dorment jamais : 62 % des éditeurs ont subi des tentatives d’intrusion en 2023. Et 46 % d’entre eux constatent une augmentation des attaques. Phishing, malwares… “On constate une augmentation des attaques. C’est préoccupant”, avertit l’étude. Pour se protéger, 83 % des éditeurs font appel à des spécialistes pour l’hébergement de leurs données.

Perspectives pour 2025 : cap sur l’innovation et l’humain

“Dans les prochaines années, les éditeurs de logiciels devront relever des défis de taille en raison des profonds bouleversements dans leurs modèles économiques, liés aux progrès du Service as a Software et à l’essor de l’agentic AI”, prévient Jean-Philippe Couturier. Ces évolutions exigent une montée en compétences et une adaptation des stratégies commerciales.

En dépit des défis, les éditeurs français abordent 2025 avec optimisme. “Les indicateurs opérationnels restent bien orientés et le vent des défis technologiques pousse le développement des éditeurs de logiciels”, affirme Jean-Philippe Couturier.

“Les voyants sont au vert, mais restons vigilants”, tempère Jean-Christophe Pernet. La crise du financement pourrait freiner l’élan, mais l’optimisme reste de mise. Avec l’humain et l’innovation comme boussoles, les éditeurs de logiciels français abordent 2025 avec confiance.

---

---

TOP 250
DES ÉDITEURS DE LOGICIELS
FRANÇAIS 2023 

Le Top 250 des Éditeurs de Logiciels Français, édition 2024, repose sur une enquête menée par EY et Numeum auprès des éditeurs de logiciels français. Ce classement s’appuie sur le chiffre d’affaires lié exclusivement à l’activité d’édition de logiciels, collecté auprès de 265 entreprises.

Pour figurer dans ce panorama, les sociétés doivent répondre à des critères stricts : elles doivent être françaises et ne pas être des filiales de groupes étrangers sur l’exercice concerné. Les chiffres d’affaires présentés dans cette étude sont arrondis à la centaine de milliers d’euros pour garantir une homogénéité des informations.

---

À LIRE AUSSI :

Eco

13e panorama des éditeurs de logiciels français : résilience mais fortes dépendances

Thierry Derouet

9 Nov