Data / IA
Le low-code réagit à la menace de l’IA générative
Par Charlotte Mauger, publié le 25 novembre 2024
La conférence annuelle des utilisateurs de la plateforme de low-code OutSystems s’est tenue mi-octobre : L’occasion pour l’éditeur de présenter son outil Mentor, qui utilisera l’IA générative pour créer les applications et les analyser. Une façon de tirer le meilleur des deux mondes ?
ChatGPT, Copilot, CodeWhisperer… De plus en plus, les développeurs utilisent ces grands modèles de langage pour écrire ou débugger un code. La simplicité et la rapidité dans le développement de logiciels et d’applications étaient pourtant jusqu’ici l’apanage des plateformes low-code/no-code, avec les possibilités qu’elles offrent de les concevoir sur le principe d’un « glisserdéposer » plutôt que de les coder de bout en bout.
Mais à l’heure des LLM, qu’ont-elles donc encore à offrir ? OutSystems, une des plateformes de low-code, a proposé sa réponse à l’occasion de sa conférence annuelle aux Pays-Bas : le low-code aussi se met à l’IA. L’éditeur est venu annoncer son nouvel outil basé sur l’intelligence artificielle, Mentor, qui sera accessible début 2025 pour créer, mais aussi analyser les applications.
Le cauchemar des développeurs
Si le low-code entre dans l’ère de l’IA, il ne rentre pas dans le rang pour autant. Mentor continue bien de s’appuyer sur les blocs habituels du low-code pour la conception. Et pour Oleksandr Matvitskyy, analyste dans l’équipe développement et design logiciel chez Gartner, c’est là l’avantage de ces plateformes sur les modèles génératifs. Car ces derniers souffrent d’un problème important : ils obligent le développeur à se plonger dans des lignes qu’il n’a pas écrites, ce qui rend plus difficile le contrôle sur le développement. « Le cauchemar des développeurs est d’essayer de comprendre le code de quelqu’un d’autre », affirme-t-il dans une conférence.
Avantage donc au low-code basé sur l’IA selon lui : il reste aussi contrôlable qu’auparavant. Après avoir étudié le fonctionnement de Mentor, des utilisateurs témoins de la conférence ont fait part de leur confiance dans ce que l’outil pouvait continuer d’apporter en termes d’agilité pour poursuivre la transition numérique des entreprises. Cette agilité est l’une des raisons de l’adoption du low-code et elle suscite par exemple l’intérêt d’Amit Arora, architecte d’entreprise pour la banque d’investissement danoise Saxo Bank.
Il relève que « l’outil permet de concevoir une première version de l’application à partir d’une simple requête en langage naturel et d’un document d’instruction. Si le prototype convient, les développeurs n’ont plus qu’à le fine-tuner. Et si le résultat final n’est pas parfait, on peut le modifier très facilement. Cela permet donc une grande agilité », apprécie-t-il.
Le low-code boosté à l’IA aurait aussi des vertus amplificatrices par rapport aux versions précédentes, et notamment sur le plan de la rapidité du développement. « Avec notre plateforme, nous visons qu’un projet de trois ans ne prenne plus que sept mois environ », promet ainsi Paulo Rosado, CEO d’OutSystems. Nous verrons.
Mais il y a déjà la certitude que l’émergence de cette nouvelle génération d’outils va transformer les rôles. « Nos clients sont experts de leurs métiers et n’ont pas besoin de l’être en développement pour créer leurs applications », explique en effet Tiago Azevedo, DSI d’OutSystems. De ce fait, les développeurs professionnels deviennent des superviseurs du développement, concentrés sur les tâches de plus forte valeur ajoutée. En parallèle, d’autres besoins de compétences vont émerger, comme l’ingénierie de prompt.
Tout cela justifie sans doute cette statistique du Bureau of Labor Statistics américain qui anticipe que ces nouveaux usages vont conduire à une augmentation des besoins de développeurs de 17 % d’ici 2033. Un paradoxe alors que ces outils low-code sont censés aider à s’en passer ? Pas tant que cela, car si les logiciels basés sur l’IA contribuent à une production accrue de logiciels, celle-ci impose aussi des contrôles qualité supplémentaires.
Des DSI dubitatifs ?
La troisième édition du salon Nocode Summit mi-octobre, a attiré du monde – 2 500 personnes selon les organisateurs du SFPN, le Syndicat Français des Professionnels du NoCode. Sa campagne de communication très agressive n’y est sans doute pas pour rien. Il a été également très actif pour proposer, cet été, un début de processus de normalisation à l’Afnor pour cadrer un peu le métier émergent de product builder NoCode. Il y a eu des annonces, chez Stacker ou Bubble par exemple, avec là-aussi l’introduction de l’IA sur les plateformes.
Mais une inconnue demeure : que pensent les DSI de ce mouvement que le Gartner prévoyait fin 2022 – avant le boum de l’IA générative donc – en forte croissance, avec 70 % des nouvelles applications d’entreprises créées avec ces outils en 2025 contre moins de 25 % en 2020 ? Le faible écho du salon dans la presse professionnelle IT apportet-il un embryon de réponse ? Les DSI que nous croisons sur nos événements nous confirment en tout cas leurs doutes, voire leurs inquiétudes quand il s’agit d’intégrer les programmes ainsi développés au sein des SI, notamment sur le plan de la sécurité. À suivre ?
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