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Data / IA
Et si l’IA rendait l’art plus vivant et accessible ? Rencontre avec Marion Carré d’AskMona
Par Laurent Delattre, publié le 21 février 2025
Ouverte au grand public, la troisième journée du WAICF qui s’est tenu la semaine dernière à Cannes est toujours l’occasion de rencontre à la marge de l’univers IT. Et l’occasion d’aborder des thèmes différents. Par exemple, peut-on rendre l’art plus accessible sans le dénaturer ? AskMona relève ce défi en utilisant l’IA comme un médiateur intelligent, capable de personnaliser l’expérience culturelle sans remplacer l’humain. Une vision où la technologie n’efface pas le regard du visiteur, mais le questionne et le stimule. Nous avons rencontré Marion Carré, la CEO de cette startup française.
Depuis que l’IA est devenue générative, donc capable de générer des images, des vidéos, des musiques, elle entretient avec le monde artistique des relations ambivalentes. D’un côté, nombre d’artistes estiment que les IA ont été entraînées en spoilant leurs œuvres et que l’art doit être produit par des humains. D’un autre côté, l’IA transforme aussi notre rapport à l’art, et peut enrichir notre expérience mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives pour la transmission des savoirs.
Ces thèmes sont au cœur de la démarche d’AskMona, une startup française spécialisée dans l’IA dédiée à la transmission de connaissances et à l’amélioration de l’expérience des visiteurs dans les institutions culturelles. Créée il y a bientôt 9 ans, la jeune pousse a développé ses concepts et son savoir-faire bien avant l’apparition de ChatGPT et des IA génératives.
À l’occasion du WAICF 2025, IT for Business a pu rencontrer Marion Carré, CEO d’AskMona. L’occasion d’explorer avec elle comment l’IA permet de transformer l’expérience artistique en la rendant plus interactive et personnalisée. Selon elle, « la mission d’AskMona, c’est de mobiliser l’intelligence artificielle pour faciliter la façon dont on transmet des connaissances ». En ce sens, l’IA ne se contente pas de remplacer le regard humain, mais il le complète et le challenge, ouvrant la voie à une redéfinition du dialogue entre le visiteur et l’œuvre.
Traditionnellement, la visite d’un musée se résume souvent à une expérience uniforme, « une sorte de one-self-eat-all, c’est-à-dire que tout le monde a exactement le même contenu ». Or, chaque individu possède des sensibilités et une histoire propre. C’est précisément en permettant à chacun de poser ses propres questions, dans ses mots, qu’AskMona amplifie le rapport à l’art. L’intelligence artificielle devient alors un médiateur capable d’adapter et de personnaliser l’accès aux contenus culturels et éducatifs, transformant ainsi une approche homogène en une expérience sur mesure.
Au-delà de la simple interaction, l’IA se positionne comme un véritable partenaire de réflexion. Marion Carré insiste sur le fait qu’elle ne doit pas « faire à la place ou remplacer » l’humain, mais plutôt « accompagner, aider et nous challenger » dans notre quête de sens. Cette vision la conduit à qualifier l’IA de « sparring partner », c’est-à-dire d’outil collaboratif qui stimule notre créativité et notre capacité à questionner le monde et l’art. Ainsi, l’IA modifie notre rapport à l’art en amplifiant la diversité des interprétations et en enrichissant le dialogue culturel, sans jamais imposer une lecture unique.
Dans cette démarche, l’IA ne se limite pas au domaine artistique. Elle est également mise au service de la transmission des connaissances dans divers secteurs, comme l’éducation. En offrant des contenus interactifs et personnalisés, elle contribue à rendre l’apprentissage plus accessible et adapté aux besoins individuels, tout en respectant la narration établie par les institutions culturelles.
À l’occasion de la dernière journée du WAICF, ouverte au grand public, Marion Carré souligne l’importance d’un engagement citoyen face à ces transformations majeures. Elle a rappelé, lors de la conférence, que « c’était effectivement très important que tous ces visiteurs soient là aujourd’hui parce qu’on a souvent des discours sur l’intelligence artificielle où c’est trop compliqué, ça va trop vite, c’est entre les mains d’une poignée de géants ». Il est essentiel aujourd’hui de s’assurer que la technologie IA ne soit pas réservée à une élite, mais devienne un vecteur d’émancipation culturelle et d’engagement collectif. C’est tout le sens de cette journée ouverte à tous du WAICF qui invite chacun à prendre part au débat sur l’avenir de la société dans un monde où l’IA joue un rôle de plus en plus déterminant.
Un entretien qui nous rappelle que l’IA, loin de déshumaniser notre relation à l’art, la subjugue et la magnifie. À nous, les humains, de faire en sorte qu’elle façonne un avenir plus inclusif et riche en savoirs.
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