

Data / IA
Comment générer de la valeur avec l’IA ?
Par La rédaction, publié le 05 mars 2025
À l’occasion des deux ans de ChatGPT, le débat sur l’intelligence artificielle s’est intensifié : la technologie tient-elle vraiment toutes ses promesses ? Des réserves émergent progressivement quant à sa rentabilité réelle. Les entreprises ont pourtant massivement investi dans ces outils, recruté des talents et lancé des projets pilotes. Où en sont-elles aujourd’hui ? Comment certaines réussissent à générer de la valeur avec l’IA ?
De Antoine Gourévitch, Directeur associé senior, BCG
et Gildas Bouteiller, Directeur associé au BCG
Notre dernière enquête BCG révèle une situation très contrastée. La grande majorité des entreprises (74 %) peinent à créer de la valeur avec l’IA. Seules 26 % d’entre elles ont pu dépasser le stade de la démonstration de faisabilité (POC – preuves de concept) et commencent à en tirer des bénéfices. Au sein de ce groupe de leaders, une petite minorité (4 %), déjà engagée dans le déploiement à l’échelle de l’IA, fait nettement la course en tête.
Ces pionniers se donnent d’ambitieux objectifs. À titre d’exemple, une entreprise mondiale de biens de consommation prévoit de générer 100 M$ de ventes supplémentaires grâce à un assistant conversationnel alimenté par l’IA générative. Dans le secteur des télécommunications, un opérateur nord-américain a réduit de 10 % le temps de traitement de ses appels clients, pendant qu’un constructeur automobile européen a réussi à diminuer de 30 % le délai entre la conception initiale et la mise en production de ses produits – soit l’équivalent d’une année.
Ces trois dernières années, ces entreprises bien avancées sur leur trajectoire digitale affichent de meilleures performances que les autres avec des croissances supérieures de 50 % à la moyenne et un retour sur le capital investi 60 % plus élevé.
Mieux encore, elles excellent en matière d’innovation, de dépôt de brevets et d’attractivité des talents.
Nul doute donc que l’IA porte des opportunités impossibles à ignorer. Mais cette première phase d’adoption montre également combien cette technologie est exigeante. Comment ces précurseurs ont-ils fait pour prendre la vague de l’IA et en tirer rapidement avantage ? Ils partagent tous un certain nombre de bonnes pratiques qui peuvent inspirer la feuille de route des entreprises toujours aux prises avec les défis de l’adoption de l’IA.
Premier facteur différenciant, ces leaders choisissent de déployer l’IA aussi bien dans les fonctions support – là où les gains de productivité sont les plus évidents – que dans leurs activités centrales, dont ils tirent 62 % de la création de valeur de la technologie.
Au-delà de la réduction des coûts, ils lancent ainsi des projets destinés à générer des revenus supplémentaires, améliorer la rentabilité de leur business ou l’efficience opérationnelle.
C’est un point important car, selon les secteurs, l’IA offre des applications particulièrement intéressantes pour stimuler l’innovation, les process de R&D, le développement de nouveaux produits, la personnalisation du marketing ou du service client. Il est essentiel de les identifier pour pouvoir prioriser son plan d’action, à l’instar des entreprises les plus avancées. Ces dernières concentrent, en effet, leurs efforts sur un nombre de cas d’usage deux fois plus réduit que les autres en ciblant les initiatives les plus prometteuses.
Enfin, leurs investissements, deux fois supérieurs à la moyenne, sont alloués aux technologies du digital, au développement des applications IA, mais aussi à celui des compétences des collaborateurs.
Les leaders ne négligent pas le volet humain et l’adaptation des process de leur organisation dans la conduite de leurs projets. C’est un autre point crucial. Trop souvent, les entreprises privilégient la dimension technique sans aligner les ressources humaines et les méthodes de travail. Or notre expérience auprès de nos clients, confirmée par nos études, révèle que 70 % des défis liés à la transformation digitale des entreprises concernent les aspects humains et organisationnels, 20 % dépendent de la technologie et seulement 10 % sont liés au développement des algorithmes.
Avec l’IA, nous ne sommes qu’au début d’une transformation complexe. Incontournable pour la performance future, cette technologie exige une feuille de route structurée, globale mais aussi responsable. Les entreprises qui peinent aujourd’hui à en tirer de la valeur peuvent heureusement à tout moment s’y engager.
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