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L’Europe n’a pas perdu la bataille de l’IA : la souveraineté comme fer de lance
Par La rédaction, publié le 13 mars 2025
Et si l’Europe transformait son retard en avantage ? Plutôt que de copier les modèles américains et chinois, elle peut imposer une IA souveraine, respectueuse des droits fondamentaux et adaptée aux défis de demain !
Par David Junca, Chief Revenue Officer, TEHTRIS.
L’hégémonie américaine sur l’intelligence artificielle est-elle une fatalité ? Face aux déclarations triomphalistes de la Silicon Valley et aux investissements massifs des États-Unis, l’ombre d’un nouveau concurrent se profile : la Chine.
L’Europe doit-elle se résigner ? Au contraire, elle doit affirmer sa souveraineté et tracer sa propre voie, celle d’une IA éthique, responsable et au service de ses citoyens.
Un défi américano-chinois, une opportunité européenne
Les récentes déclarations d’Alex Karp, CEO de Palantir, résonnent encore comme un coup de semonce : “La révolution de l’IA est une révolution américaine !”. Ce point de vue, largement partagé dans la Silicon Valley, a été renforcé par le second décret présidentiel de Donald Trump sur l’intelligence artificielle, visant à “maintenir et renforcer la position dominante de l’Amérique”.
L’Europe, souvent perçue comme à la traîne, serait reléguée au second plan, bridée par ses régulations et son manque d’ambition. L’investissement colossal de 500 milliards de dollars dans le projet Stargate pour la construction de datacenters aux États-Unis, ainsi que l’émergence de géants comme OpenAI, Anthropic ou encore Meta, semblent confirmer cette analyse.
Cependant, l’irruption de la start-up chinoise DeepSeek et son modèle DeepSeek-R1, aussi performant que les modèles américains mais développé avec moins de ressources et accessible en open source, a créé une onde de choc. Cet événement, qualifié de “moment Spoutnik de l’IA” par certains investisseurs, démontre que la suprématie américaine est loin d’être assurée.
Face à ce double défi américano-chinois, l’Europe doit-elle se résigner à jouer les seconds rôles ? Absolument pas. Ce contexte est avant tout une opportunité pour l’Europe de s’affirmer et de tracer sa propre voie.
La souveraineté : un atout, pas un frein
Car si le constat d’une domination américano-chinoise est aujourd’hui indéniable, la narration d’une bataille perdue d’avance est dangereuse et trompeuse.
L’Europe possède des atouts majeurs, à commencer par un vivier de talents scientifiques et ingénieurs de premier plan. Des pépites comme Mistral AI démontrent le potentiel d’innovation européen. L’Europe n’est pas condamnée à être un simple consommateur de technologies américaines ou chinoises. Elle a la capacité de développer ses propres solutions, adaptées à ses besoins et à ses valeurs.
Par ailleurs, l’Europe dispose d’un cadre réglementaire solide en matière de protection des données, avec le RGPD comme fer de lance. Plutôt que de le considérer comme un frein, ce cadre doit être perçu comme un atout, un gage de confiance pour les citoyens et les entreprises. L’Europe peut et doit se positionner comme le champion d’une IA éthique et responsable, respectueuse des valeurs humaines et des droits fondamentaux. C’est une alternative crédible aux modèles américains, parfois opaques et controversés, comme l’illustrent les débats autour des biais algorithmiques et de la manipulation de l’information. L’exemple d’Airbus, qui a su concurrencer Boeing en misant sur la collaboration européenne, démontre que l’union fait la force.
Cybersécurité : l’impératif de la souveraineté
L’enjeu de souveraineté est particulièrement crucial dans le domaine de la cybersécurité. Face à l’escalade des cyberattaques, souvent orchestrées par des acteurs étatiques ou para-étatiques, la dépendance à des technologies étrangères expose l’Europe à des risques systémiques.
Les attaques contre des hôpitaux français, attribuées à des groupes liés à la Russie, illustrent la vulnérabilité des infrastructures critiques. Imaginez les conséquences d’une attaque de grande ampleur contre le réseau électrique ou les systèmes financiers. La maîtrise de l’IA en cybersécurité est essentielle pour protéger non seulement les données sensibles des entreprises et des citoyens, mais aussi le fonctionnement même des États.
Développer un écosystème européen robuste en cybersécurité, garantissant l’absence de “backdoors” et une maîtrise totale de nos outils, est un impératif stratégique. Cela passe par un investissement massif dans la recherche et le développement, la formation d’experts de haut niveau et la promotion de solutions européennes souveraines, indépendantes des géants américains et chinois. Des initiatives comme le projet Gaia-X, visant à créer une infrastructure de données européenne souveraine, vont dans le bon sens. L’Europe doit également renforcer sa coopération en matière de cybersécurité, en partageant les informations et en coordonnant ses actions.
C’est à ce prix que l’Europe pourra non seulement se défendre efficacement contre les cybermenaces, mais aussi s’affirmer comme un acteur majeur de la gouvernance mondiale de l’internet et de la cybersécurité. L’Europe a les moyens de ses ambitions. Il est temps de les mettre en œuvre.
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