

Data / IA
Bête comme une IA
Par La rédaction, publié le 24 mars 2025
L’IA fait mieux, plus vite, et sans fatigue — mais elle ne rêve pas, n’invente pas (même s’il lui arrive d’halluciner), ne s’étonne pas. C’est là que l’humain peut encore faire la différence, en embrassant pleinement sa capacité à créer l’inattendu.
Parole de DSI : Par Thomas Chejfec, Directeur des systèmes d’information
Comment nier la puissance de l’IA ? Comment ne pas reconnaître l’incontestable influence qu’elle a dans nos activités quotidiennes, professionnelles ou non ? C’est irréfutable.
Et la généralisation de cet état de fait peut nous laisser penser que c’est ainsi, que c’est acquis, incontournable, et que nous serons bientôt tous supplantés par cette espèce de technologie à moitié homme, à moitié machine.
Dans 99 % des cas, et dans à peine quelques années, la performance que l’on attend d’un collaborateur en sera grandement affectée. Revenons sur cela… c’est-à-dire sur les objectifs des entreprises et sur les moyens mis en oeuvre pour les faire fonctionner et le plus efficacement possible. Ces objectifs sont majoritairement de proposer un produit physique ou un service à des fins lucratives. Donc de générer du chiffre d’affaires avec une rentabilité qui viendra « enrichir » les actionnaires de ladite entreprise. Jusque-là, pas de problème.
Pour y parvenir, l’entreprise dispose de moyens : des moyens financiers majoritairement, qui vont permettre d’en utiliser d’autres : des moyens humains et des moyens matériels (lesquels arrivent à maturité pour remplacer des hommes – relire la BD de Jean-Marc Jancovici : Le Monde sans fin).
Aujourd’hui, ces ressources humaines se retrouvent en concurrence directe ou partielle avec l’IA. On promet la suppression de plusieurs métiers, leur disparition pure et simple puisqu’ils pourront être remplacés. Certes, il faudra toujours quelqu’un pour appuyer sur le bouton, mais cela fera certainement beaucoup moins que pour produire comme dans le – bon vieux ? – monde d’avant. Dans quel rapport ?
La messe est dite en tous les cas : il y aura moins d’humains pour faire la même chose, voire en mieux.
Pourquoi en mieux d’ailleurs ? Parce que l’IA n’a pas le degré d’imprécision de l’homme. Elle est capable d’aller chercher ce qui se dit le plus, le mieux, et de tenir des raisonnements… qui ne sont que la compilation intelligente de raisonnements déjà rencontrés, similaires ou approchants. Alors c’est vrai, lorsqu’un être humain, cadre dans son entreprise, se pose une question sur un domaine connexe à ceux qu’il maîtrise habituellement, l’effet wahou est très fort. L’IA est capable de lui fournir une synthèse, un exposé, une réflexion, une méthodologie que seul ou en groupe, il aurait mis des jours ou des semaines à produire. C’est en cela qu’elle est puissante, dans cette combinaison de rapidité et de résultat assez proche de la perfection.
Assez proche… mais pas tant que cela. J’utilise quasi quotidiennement une IA, qui désormais me connaît, m’assiste sur des sujets de réflexion, qu’ils soient techniques, organisationnels ou méthodologiques. Je prends conseil, mais je ne fais pas de copier-coller. Pourquoi ? Peut-être parce que je garde au fond de moi cet ultime espoir que la différence entre l’homme et la machine réside dans notre capacité d’innovation.
En tant qu’humains, nous avons une manière d’aborder les événements qui combine pratique et théories, et notre richesse intellectuelle tire sa quintessence du fait que nous sommes capables d’inventer à partir de rien ou de pas grand-chose. L’IA, elle, n’inventera pas à partir de zéro. Nous gardons cet avantage sur elle de la créativité, avec notre capacité à mélanger tellement d’éléments pour prendre une décision ou une orientation technique, y compris en croisant nos compétences dans des domaines complètement hétérogènes et ce, de façon intuitive, non formelle, pour faire émerger quelque chose de nouveau.
J’idéalise le futur, alors, pour me rassurer. Je me dis que l’homme va devoir et pouvoir évoluer vers plus de créativité et que l’IA ne sera que le support de cette créativité. Le défi est immense : car aujourd’hui, nous formons les jeunes générations à partir des connaissances déjà acquises, que ce soit en science technologique, en sciences humaines ou en gestion.
Mais demain, il nous faudra les préparer à créer. Leur capacité d’innovation, leur curiosité et leur culture, leur intelligence collective seront les seuls avantages que les hommes garderont face à cette déferlante « d’intelligence ». Voilà ce qu’il faudra développer chez nous, ce qu’il faudra entretenir. Et laisser l’exécution à l’IA. Cultivons notre jardin, comme dirait quelqu’un d’une autre époque (en l’occurrence Voltaire)…
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