Gouvernance
Jean-Paul Bouchet (CFDT) : L’informaticien engagé
Par La rédaction, publié le 17 novembre 2014
D’un début comme pupitreur dans la banque à celui de secrétaire général de la CFDT Cadres et président de l’Agirc, le parcours de Jean-Paul Bouchet a été marqué par la progression constante dans l’informatique et l’engagement syndical. Itinéraire d’un homme pressé qui n’a jamais renoncé à ses idéaux.
La carrière de Jean-Paul Bouchet dans l’informatique commence par un métier « qui n’existe plus », celui de pupitreur. Un début sans fanfare pour ce Nantais pure souche qui « n’avait pas de passion spéciale pour l’informatique, mais qui était sûr de pouvoir trouver du travail rapidement ». En 1973, Jean-Paul Bouchet passe un DUT en informatique, avant de commencer dans les salles machines du Crédit Agricole. Il aurait voulu poursuivre ses études, mais, reconnaît-il pudiquement, « j’étais issu d’un milieu ouvrier, et mon environnement familial ne s’y prêtait pas. » Son départ dans la vie active se fait en parallèle avec un engagement syndical. « Mon père était cheminot, militant à la CFDT, et j’ai pris ma carte de la CFDT en 1976. Je militais depuis l’adolescence », explique Jean-Paul Bouchet. Sur cet engagement qui souligne toute sa vie professionnelle et personnelle, Jean-Paul Bouchet marque un temps avant de répondre : « Pour la CFDT, la liberté individuelle est essentielle. Elle intègre la capacité de chaque individu à peser sur son propre destin ». C’est à une véritable « profession de foi » qu’il se livre. Le mot n’est pas choisi par hasard. Jean-Paul Bouchet confie d’ailleurs un temps avoir « pensé à la prêtrise », avant de se marier et de devenir le père de trois enfants.
Jean-Paul Bouchet, doté d’un certain potentiel, gravit en accéléré les échelons classiques d’un jeune informaticien. Il est en même temps engagé syndical et secrétaire du comité d’entreprise. Il ne dort pas beaucoup et passe des week-ends sur les dossiers du CE. « C’était au moment des lois Auroux, se souvient- il. Nous avons été la première caisse à demander l’expertise des comptes auprès de la direction. Cela a été un vrai combat, mais, au final, le directeur a reconnu que nous avions raison. » Engagement syndical conjugué à la gestion de projets informatiques d’envergure deviennent sa signature. En 1988, il quitte le Crédit Agricole pour intégrer la Maaf, où il crée « un nouveau département méthodes, outils, génie logiciel, avec à la clef une très grosse migration d’un système d’information. » C’est dans ce cadre que son parcours syndical, loin de le desservir, lui donne les clefs de la réussite. « Je ne suis pas arrivé en pays conquis. Mon itinéraire syndical et mon parcours d’informaticien, passé par les salles machines, m’ont permis de trouver les bons compromis. Il faut du doigté dans une opération de ce genre », affirme-t-il.
La troisième étape de sa vie professionnelle le conduit à un poste prestigieux, celui de directeur de l’informatique, de l’organisation et des moyens généraux de la Caixa Bank. « Je voulais tourner la page de la technique », souligne-t-il. Il met pendant ces années son engagement syndical entre parenthèses : « on ne peut pas être à la fois membre du comité de direction et syndicaliste, c’est un peu compliqué à gérer. » Ce qui ne l’empêche pas de quitter la Caixa Bank sur un coup d’éclat – il s’opposait à la maison mère pour le choix d’un logiciel, et les audits d’Unilog et d’Arthur Andersen lui donnaient raison. Un ami lui propose alors en 1995 de rejoindre Soft -Maint, une start-up dans le domaine de l’industrialisation des processus de migration, comme directeur adjoint.
Il renoue avec l’engagement syndical auquel il n’avait jamais complètement renoncé et rejoint enfin la CFDT Cadres en 2001. En 2009, il en est le secrétaire général, et devient président de l’Agirc en 2014. Il résume d’une jolie phrase le « fil rouge », de sa vie. « Je crois en l’émancipation des individus qui ont appris à grandir par eux-mêmes. Je n’ai jamais regretté mes choix ».
Sylvaine Luckx
