DOSSIERS
À Lille, les spécialistes de la sécurité se mobilisent
Par La rédaction, publié le 02 juillet 2013
[Cybersécurité 3/5] – Sur une trentaine d’acteurs français spécialisés dans la sécurité, un tiers est établi dans le Nord-Pas-de-Calais et, plus particulièrement à Lille. La métropole régionale tend ainsi à devenir le quartier général de la cybersécurité.
“ Le numérique est omniprésent dans la vie quotidienne, et encore plus dans celle de l’entreprise. La Région Nord-Pas-de-Calais se doit d’être à la pointe de ces questions très sensibles. Car pour de nombreux acteurs économiques il devient évident d’allier innovation technologique et protection ”, affirme Pierre de Saintignon, président du conseil régional. Et c’est à Lille que cette tendance s’exprime le plus fortement. En effet, cette ville, surnommée la “ capitale des Flandres ”, ne se contente pas d’héberger chaque année le Forum international de cybersécurité (FIC). Elle œuvre aussi à la constitution d’un véritable creuset industriel d’entreprises consacrées à la protection informatique. Avec Netasq, spécialisée dans les boîtiers pare-feu, en figure de proue. Son directeur général, Pierre Calais, est également le président d’une association lilloise pas comme les autres : baptisée (très simplement) RDSSI, pour Recherche et développement en sécurité des systèmes d’informations, elle cherche à sortir des sentiers battus en tentant d’identifier les manques de l’offre sécurité.
Lancer des projets collaboratifs autour de sujets d’actualité
“ RDSSI, qui compte une quarantaine de membres, a pour objectif de lancer des projets de recherche et de développement au travers de groupes de travail limités en nombre, détaille Pierre Calais. L’association est composée de trois types d’entreprises et de professionnels : des utilisateurs issus de la grande distribution, des préconisateurs (revendeurs ou intégrateurs) et des éditeurs de la Région Nord-Pas-de-Calais. Ce qui n’empêche pas l’association de rester ouverte. ” Pour lui, il ne s’agit pas de mettre en place des échanges d’informations, mais de parvenir à initier des projets collaboratifs autour des sujets les plus préoccupants. La mobilité, par exemple, ou le cloud, de façon générale. Des thématiques sur lesquelles deux groupes travaillent ensemble afin d’imaginer les produits de demain.
L’association, qui a démarré début 2012, veut “ avoir identifié au moins un projet et le lancer en 2013 ”, projette Pierre Calais. Qui estime que le marché ne met pas suffisamment l’utilisateur final au cœur de la R&D. “ Cette démarche est souvent très tardive, alors qu’elle est essentielle à l’élaboration du modèle économique, vital pour l’entreprise revendeuse. Si l’on ne considère que le point de vue de l’ingénieur, c’est-à-dire uniquement la technique, l’offre ne peut pas s’étoffer ”, ajoute Pierre Calais.
Un écueil que Natural Security, start up lilloise, essaie d’éviter. Hébergée par Euratechnologie, l’entreprise travaille depuis 2006 à l’élaboration d’un protocole de paiement biométrique (par reconnaissance digitale) sans contact, sécurisé et très avant-gardiste.
Une technologie financée par les utilisateurs
L’expérimentation de ce moyen de règlement futuriste est cofinancé par Auchan, Leroy Merlin, BNP, Groupe Accor, Crédit agricole, Crédit mutuel, Arcea et Ingenico. Pour sécuriser la phase d’authentification, la jeune pousse fait dialoguer la borne de paiement avec un objet personnel détenu par le client (porte-clés, téléphone, carte à puce, etc.). La durée d’un paiement prendrait quatre secondes, contre environ quarante-cinq secondes par carte bancaire. Si cette technologie est opérationnelle, reste, pour la généraliser, à fédérer les acteurs de l’écosystème autour des mêmes spécifications. Et donc à définir un standard d’authentification. Ce qui demande du temps.
L’avis de l’acteur : Pierre de Saintignon, président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais en charge, entre autres, du développement économique et des nouvelles technologies
Je veux faire de Lille une capitale européenne de la protection des données pour l’ensemble des acteurs économiques. J’annoncerai donc fin janvier, lors du Forum international de cybersécurité, la naissance d’un cluster destiné à réunir les moyens pour lutter contre les cybermenaces. Ce qui ne peut se faire que dans un lieu extrêmement sécurisé tel qu’Euratechnologies. Nous devons de plus en plus être capables d’anticipation et de parade. A travers cette initiative, nous souhaitons diffuser une culture de confiance numérique et de cyberdéfense.