Opinions
Absurde délocalisation raisonnée
Par La rédaction, publié le 17 janvier 2013
« Le concept de colocalisation est inintéressant pour le secteur des services »
La nouvelle n’est pas passée inaperçue. Lors de sa visite au Maroc, Jean-Marc Ayrault a annoncé un prêt de 100 millions d’euros octroyé par l’Agence française de développement (AFD) au « refinancement des activités offshoring développées par la société Casanearshore, filiale à 100 % de Medz ». Le Munci, l’association professionnelle des informaticiens, est immédiatement monté au créneau : « C’est la nouvelle la plus invraisemblable que nous ayons eue à commenter en presque dix ans d’existence ! » Pour expliquer ce geste, le Premier ministre a, lui, évoqué le concept de « colocalisation industrielle ». Une sorte de délocalisation raisonnée qui, bien menée, pourrait aider à créer de la valeur des deux côtés de la Méditerranée. On comprend la logique en filigrane. Les occupants du parc technologique marocain étant, notamment, des SSII françaises, cette mesure va dans le sens d’une meilleure compétitivité, en les amenant à baisser leurs coûts, ce qui, au final, les aidera à décrocher des projets. Mais cette logique n’en est pas moins absurde. D’abord, parce que l’offshore marocain s’est initialement développé sur le segment des centres d’appels, qui constituent d’ailleurs une partie des emplois du site de Casanearshore. Alors qu’Arnaud Montebourg avait lancé une initiative visant à recréer des emplois de centres d’appels en France, cette annonce est à mettre à l’actif des nombreuses dissonances gouvernementales ayant émaillé l’actualité ces derniers mois. Favoriser le développement de l’offshore, c’est, ensuite, entretenir le climat de pression sur les prix. Et à ce titre, c’est le genre de mesure qui contribue à fragiliser davantage les PME des services dans l’Hexagone. Enfin, si le concept de colocalisation peut se révéler intéressant en tant que dernier recours dans un secteur en déclin comme l’automobile, il n’est d’aucun intérêt dans celui des services informatiques.