Data / IA
Quand l’IA d’Adobe, Firefly, se déploie à l’échelle
Par Thierry Derouet, publié le 01 avril 2024
C’est le nouveau challenge IT de tous les instants : déployer à l’échelle de l’IA générative pour en espérer un réel retour sur investissement. Adobe semble y arriver avec un certain talent.
Selon Jean-Philippe Desbiolles, Vice-Président d’IBM France et auteur de « Humain ou IA ? Qui décidera le futur ? », l’avenir de l’IA est encore loin d’être dévoilé… Et s’il l’est, c’est au compte-goutte que nous en découvrons le potentiel. Comme à l’occasion de la « Digital Experience Conference » d’Adobe, événement annuel dédié à la transformation des entreprises, où cette année on y découvre les nouvelles capacités de Firefly, l’IA d’Adobe utilisée, notamment par les équipes marketing de Coca-Cola, d’Adobe ou d’IBM.
L’IA, l’outil ultime du marketing ?
Il est logique que les outils d’IA soient de plus en plus utilisés dans le domaine du marketing, car les organisations ont un besoin important « d’assets graphiques » pour leurs campagnes publicitaires afin d’alimenter l’ensemble des canaux d’engagement (sites web, réseaux sociaux, magazines, etc.). Ces opérations sont en général fastidieuses et peu créatives, ce qui rend l’utilisation de l’IA particulièrement intéressante pour gagner du temps et se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Firefly, au cœur de la stratégie d’Adobe
Firefly est au cœur de la stratégie d’Adobe. Elle est désormais utilisée aussi bien par les deux suites logicielles de l’entreprise que via une API. Depuis quelques jours, Firefly bénéficie d’une mise à jour majeure. Désormais, c’est depuis l’interface web de Firefly qu’il est possible d’ajouter des images pour guider l’IA. Cette fonctionnalité nous propose de générer plusieurs variantes à partir d’images modèles (style et cohérence), éliminant ainsi le processus fastidieux d’essai et d’erreur qui consiste à écrire un « prompt » pour espérer obtenir un résultat satisfaisant. Mieux, il est possible d’utiliser un simple croquis, pas plus élaboré qu’un dessin d’enfant, pour guider l’IA de Firefly.
Adobe lance Firefly Services pour automatiser la production de contenu
Adobe a également lancé Firefly Services, une offre qui permet aux entreprises d’automatiser la production de contenu et de l’adapter aux différents canaux d’engagement. Les usages sont variés : redimensionnement de visuels, génération et agrandissement d’arrière-plans pour le merchandising et le e-commerce, ou encore modification de décor et de langue pour s’adapter à une autre région.
Démonstration de l’automatisation de Firefly
C’est via Power Automate, l’environnement no code de Microsoft, qu’Adobe a démontré qu’il était désormais possible d’enchainer automatiquement des tâches, y compris celle passant par la définition de prompts dans Excel pour personnaliser des arrière-plans d’images, les intégrer dans Photoshop, les décliner au sein de gabarits, les adapter au besoin manuellement et produire à la chaine un impressionnant volume d’éléments graphiques éditables, validables et destinés à alimenter une campagne promotionnelle.
Une IA entraînée pour respecter une identité de marque
Sous la couverture, Adobe propose des modèles d’IA générative qui peuvent être entraînés en fonction d’une identité de marque, de photos de produits ou d’indications fournies textuellement. Modèles qui via des API peuvent être utilisés pour coder en dur d’autres scénarios d’usages.
En marge de cette annonce, Adobe a dévoilé une nouvelle application, GenStudio, afin d’aider les équipes marketing à planifier, créer, gérer rapidement du contenu… Mais surtout à en mesurer les performances.
Gouvernance et sécurité pour garantir la confidentialité des données
En droite ligne avec l’éthique d’Adobe, des contrôles de gouvernance et de sécurité garantissent que le contenu, les données et les flux de travail d’une marque restent au sein de l’entreprise. Rappelons que l’un des atouts majeurs de Firefly est d’avoir été formé sur une collection de 400 millions d’images propriétaires d’Adobe. Adobe a tenu à préciser que depuis son lancement l’an passé, Firefly a connu un tel succès auprès de ses utilisateurs, que 6,5 milliards d’images ont été générées. Pour ce qui est de l’avenir, Adobe promet d’ajouter à Firefly la génération de sons, d’images et d’animations 3D. Quand on vous dit que nous n’avons encore rien vu des usages de l’IA.
Firefly Service : « 20 API et ce n’est que le début »
Lors d’un entretien complémentaire avec Lionel Lemoine, Head of Solution Consulting chez Adobe, nous avons pu en apprendre davantage sur l’annonce d’Adobe. Tout d’abord, les utilisateurs des solutions Adobe peuvent personnaliser le modèle Firefly avec leurs propres ressources graphiques, et ce en utilisant seulement une dizaine d’images. Cela leur permet, par exemple, d’intégrer des éléments liés à l’identité de marque, comme les canettes et bouteilles d’une entreprise telle que Coca-Cola.
L’audio et la vidéo en ligne de mire
Firefly Service n’est pas une API unique, mais un ensemble de 20 API couvrant des domaines tels que les vecteurs, les modèles de mise en page, et bientôt la vidéo et l’audio. Ces API permettent d’éviter l’utilisation d’une interface Web pour exécuter un prompt et mettre à l’échelle une image dans un gabarit, afin d’adapter une communication à différents formats (par exemple, redimensionner et remplir). Il sera également possible d’utiliser ces API avec des applications tierces pour traiter des images par exemple au sein d’un DAM (Digital Asset Management) autre que celui d’Adobe, tout en bénéficiant de la garantie d’Adobe sur le respect des droits d’auteur.
Simplifier la création graphique du marketing
Quant à GenStudio, cette application prévue pour la seconde moitié de l’année, elle sera dans l’esprit similaire à Adobe Express. Il s’agira d’un outil destiné à simplifier la vie des professionnels du marketing, leur permettant de centraliser et personnaliser à volonté, grâce à l’IA Firefly, afin de décliner et personnaliser la production de supports de communication.
Aucune augmentation tarifaire
Enfin, il convient de noter qu’à la différence d’autres acteurs tels que Microsoft, l’utilisation de l’IA Firefly n’a entraîné aucune augmentation tarifaire. Cet élément est à saluer à une époque où les coûts de l’IA commencent à peser sur les budgets, notamment dans le cadre d’un déploiement auprès d’équipes importantes.
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