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Amazon a-t-il besoin d’aides ?

Par La rédaction, publié le 06 décembre 2012

Près de 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2011, une croissance des ventes de 37 % et 631 mil­lions de dollars de bénéfices. Amazon est plutôt une réussite. Pourtant, il va bénéficier d’une aide publique provenant des régions françaises. Ainsi les élus de Bourgogne ont voté une subvention de 1,125 mil­lion d’euros pour que le groupe installe une plate-forme logistique à Chalon-sur-Saône. A la clé, il est vrai, la création de 250 emplois en CDI. Reste que, compte tenu de la puissance d’Amazon, cette manne était-elle nécessaire ? D’autant que, par nature, une plate-forme logistique n’offre que peu d’emplois à valeur ajoutée et se révèle polluante.

Mais ce n’est pas tout. Le géant de l’e-commerce compte installer un nouvel entrepôt de près de 100 000 mètres carrés près de Douai. Une région, là aussi, frappée par un taux de chômage record. Et, là encore, l’Américain devrait bénéficier de subventions, de l’ordre de 4 500 euros par emploi, sachant qu’il compte embaucher 2 500 personnes d’ici à 2015, selon l’agence de presse Sipa. Une situation paradoxale, d’autant qu’Amazon est passé – tout comme, d’ailleurs, Apple, Google, Microsoft ou Oracle – maître dans l’art de ce qu’on désigne pudiquement l’optimisation fiscale. Tellement doué, qu’il se voit réclamer par le fisc 200 millions d’euros, parce qu’il n’aurait pas payé d’impôt en 2005 et 2006 sur une part de son chiffre d’affaires réalisé en France.

Je ne voudrais pas être à la place d’un agent du fisc, qui doit être au bord de la schizophrénie. Et nul doute que ces ­subventions ont énervé bon nom­bre d’acteurs hexagonaux de ­l’e-commerce qui ne peuvent pratiquer « l’optimisation fiscale » et dont les produits sont soumis plein pot à la TVA. On atteint donc là les limites du système : des aides à l’emploi au risque de distordre la concurrence.

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