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Data / IA
Anthropic Economic Index : Un baromètre inédit de l’impact de l’IA sur le marché du travail
Par Laurent Delattre, publié le 12 février 2025
La data… Il n’y a que ça de vrai… Et pour offrir une vision plus concrète des usages de l’IA en entreprise, Anthropic a analysé le contenu des conversations (anonymisées) avec son IA Claude pour produire un “Economic Index”. L’éditeur en a tiré quelques enseignements intéressants, qui permettent de mieux comprendre l’intégration réelle de l’IA dans le monde du travail.
Anthropic vient de lancer son Economic Index, une initiative visant à mesurer, de manière directe et factuelle, l’impact grandissant de l’intelligence artificielle sur les tâches professionnelles. S’appuyant sur l’analyse de plus de 2,8 millions de conversations préalablement anonymisées sur son assistant Claude.ai, ce rapport offre une vision sans précédent de l’intégration de l’IA dans divers secteurs économiques. La grande originalité de cette étude et ce qui en fait tout son attrait, c’est qu’elle n’est pas basée sur les profils connus des utilisateurs mais exclusivement sur les questions qu’ils ont posé à l’IA et donc sur ce quelles disent des utilisateurs, de leurs besoins concrets, et de leurs façons concrètes d’exploiter l’IA.
Pour mener à bien cette analyse, la startup a développé Clio, un outil d’analyse automatisé qui classe les conversations selon des tâches spécifiques, en s’appuyant sur la base de données O*NET du Département américain du Travail. Contrairement aux études traditionnelles qui prédisent l’impact de l’IA sur les métiers, cette approche se concentre sur l’analyse des tâches réellement effectuées avec l’IA. Cette granularité inédite doit permettre, selon Anthropic, d’identifier précisément les domaines où l’IA s’intègre et comment elle modifie le paysage du travail.
Une adoption concentrée dans les métiers techniques et analytiques
L’étude révèle que 37,2 % des requêtes adressées à Claude.ai concernent le secteur informatique et mathématique, principalement pour des activités liées au développement logiciel, au débogage et à la maintenance de systèmes informatiques.
Viennent ensuite les secteurs des arts, du design, des médias et du divertissement, qui représentent 10,3 % des interactions, illustrant une forte utilisation de l’IA pour la rédaction et l’édition de contenus.
D’autres secteurs émergent avec des usages significatifs, notamment l’enseignement, les sciences sociales et physiques, ainsi que les services financiers et administratifs.
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Ce schéma liste les différents domaines et modes d’utilisation de l’IA dans l’économie, basés sur des données réelles d’utilisation de Claude.ai. Les pourcentages indiquent la proportion des conversations avec Claude liées à ces tâches, professions et catégories spécifiques.
Automatisation ou collaboration ?
L’analyse approfondie des interactions avec l’IA a également mis en évidence deux grands modes d’intervention, qui structurent la manière dont les professionnels tirent parti de ces technologies au quotidien :
L’augmentation (57 %) : L’IA collabore avec l’utilisateur pour améliorer ses compétences, fournir des validations ou aider à l’itération des tâches.
L’Automatisation (43 %) : L’IA réalise directement certaines tâches, parfois avec une intervention minimale de l’utilisateur.
Toutefois, le rapport précise que certains usages pourraient être davantage « d’augmentation » que ce que les données montrent, car les utilisateurs ajustent les résultats de l’IA après coup. C’est d’ailleurs l’un des principaux défauts de cet index et des mesures réalisées : on ne sait pas comment les utilisateurs exploitent concrètement les réponses de Claude dans leur flux de travail.
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Ce schéma illustre le processus par lequel le système Clio d’Anthropic traduit les conversations avec Claude en tâches professionnelles et en professions/catégories professionnelles dérivées d’O*NET.
Néanmoins, ces chiffres confirment que l’IA est davantage perçue comme un assistant améliorant la productivité plutôt qu’un substitut complet au travail humain. Ce n’est certes pas une découverte mais cela reste au final rassurant.
Une adoption inégale selon les secteurs et les niveaux de rémunération
Le rapport met en lumière une adoption plus marquée de l’IA dans 36 % des professions, où elle intervient dans au moins un quart des tâches. Toutefois, seules 4 % des professions voient une intégration très poussée de l’IA, couvrant 75 % ou plus de leurs activités.
Fait notable, l’usage de l’IA est plus prononcé dans les emplois à revenus moyens et élevés, comme les programmeurs ou les rédacteurs, contrairement aux postes les moins rémunérés ou à ceux exigeant une forte dextérité manuelle (ex. artisans, ouvriers du bâtiment).
Par ailleurs, l’IA est particulièrement présente dans les professions requérant un niveau d’éducation élevé (bac+4 et plus), mais son usage diminue dans les emplois hautement spécialisés comme les médecins ou avocats, en raison des contraintes réglementaires et éthiques associées.
Vers un suivi des transformations du travail
Anthropic prévoit de renouveler ces analyses tous les six mois afin de suivre l’évolution des usages de l’IA et de mieux comprendre les transformations du marché du travail. Selon Jack Clark, cofondateur et responsable des politiques chez Anthropic, « Nous sommes en pleine révolution de l’IA. Rendre visible l’usage réel de ces technologies est essentiel pour orienter le débat et préparer les réponses politiques à venir. »
En offrant un aperçu concret et actualisé de la manière dont l’intelligence artificielle est intégrée dans le quotidien professionnel, l’Anthropic Economic Index s’avère l’un des premiers outils du genre. L’évolution de ses mesures au fil du temps permettra de mieux cerner l’impact réel des assistants IA sur le marché du travail, éclairer les décisions stratégiques des entreprises et accompagner la transition vers un futur où l’IA jouera un rôle central.
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