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Avec 5 000 GPU Blackwell, Scaleway muscle sa capacité en Europe
Par Thierry Derouet, publié le 07 novembre 2024
À l’occasion de sa conférence ai-PULSE à Station F, Scaleway annonce renforcer son infrastructure pour une IA européenne plus autonome. Avec 5 000 GPU de dernière génération, la filiale cloud d’Iliad veut proposer une alternative performante et écologique, adaptée aux besoins locaux.
Lors de la deuxième édition de sa conférence ai-PULSE, tenue à Station F à Paris ce jour, Scaleway a dévoilé ses ambitions pour devenir un acteur majeur de l’intelligence artificielle (IA) en Europe. L’entreprise a réaffirmé son engagement envers l’indépendance technologique européenne. « Nous croyons fermement qu’il est essentiel de développer un écosystème européen permettant à ceux qui le souhaitent de s’affranchir des technologies américaines dans le domaine de l’IA », a déclaré Damien Lucas, Directeur Général de Scaleway, soulignant le soutien de Xavier Niel, fondateur du groupe Iliad, à cette initiative, également présent durant cette annonce.
Une capacité de calcul multipliée par cinq en un an
Pour soutenir cette ambition, Scaleway a annoncé une augmentation spectaculaire de sa capacité de calcul dédiée à l’IA. Après avoir souligné l’année dernière disposer de la plus grande capacité de calcul dédiée à l’IA en Europe, l’entreprise a aujourd’hui triplé cette capacité grâce à l’acquisition de GPU NVIDIA Blackwell. « D’ici quelques semaines, nous opérerons plus de 5 000 GPU de dernière génération, soit une capacité de calcul multipliée par cinq en un an », a précisé Damien Lucas. Cette expansion répond à la nécessité d’entraîner des modèles d’IA toujours plus grands, exigeant une puissance de calcul considérable. « C’est l’un des facteurs-clés pour assurer la croissance de l’IA : des modèles toujours plus grands, et pour les entraîner une puissance de calcul toujours plus importante », a-t-il ajouté.
Des premières européennes avec NVIDIA et AMD
Scaleway sera le premier fournisseur de cloud en Europe à proposer la puce IA NVIDIA Blackwell, considérée comme la plus puissante au monde tout en consommant jusqu’à 25 fois moins d’énergie. Par ailleurs, les GPU AMD Instinct MI300X, dotés de quantités considérables de VRAM adaptées à l’inférence des grands modèles de langage (LLM), seront également intégrés à l’offre de Scaleway. « Une autre première européenne pour Scaleway ! », s’est félicité Damien Lucas.
Ces partenariats stratégiques avec des acteurs majeurs du secteur, tels que NVIDIA, AMD, Ampere, VAST Data, DDN et Dell Technologies, visent à offrir aux acteurs européens de l’IA toutes les options existantes pour innover à grande échelle, sans être enfermés dans un écosystème propriétaire. « Nous avons noué des relations privilégiées avec les principaux fournisseurs de technologies IA pour nous assurer que les acteurs européens peuvent disposer de toutes les options existantes », a expliqué le dirigeant.
Un engagement fort pour l’efficience énergétique
Conscient des préoccupations environnementales liées à l’IA générative, Scaleway s’engage à minimiser son empreinte écologique. « La plus grande partie de notre capacité de calcul est hébergée dans l’un des datacenters les plus économes en eau et en énergie d’Europe », a affirmé Damien Lucas. L’entreprise s’est engagée à n’utiliser que des datacenters dont l’empreinte environnementale est parmi les plus réduites au monde.
Dans cette optique, Scaleway a dévoilé son calculateur d’empreinte environnementale, présenté comme « le calculateur le plus complet et le plus approfondi pour le cloud ». Il couvre les trois scopes d’émissions (directes, indirectes liées à l’énergie, et autres indirectes), ainsi que l’impact des équipements et la consommation d’eau. Disponible en version bêta, cet outil permettra aux clients de mesurer précisément leur impact environnemental et de se conformer aux obligations de la directive européenne sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD).
L’innovation ouverte au cœur de la stratégie
Scaleway mise également sur l’innovation ouverte pour favoriser l’adoption de l’IA en Europe. L’entreprise a lancé l’an dernier un service d’émulation quantique en partenariat avec Quandela, et permet désormais d’exécuter du code sur un véritable ordinateur quantique via la même API “Perceval”. Le service QaaS de scaleway met en effet deux machines quantiques photoniques de Quandella en accès libre : Ascella et Altair. « Parce que Scaleway est ouvert à tout type d’innovation, nous offrons à chacun la possibilité d’explorer l’informatique quantique », a souligné Damien Lucas.
Par ailleurs, les Generative APIs de Scaleway permettent aux développeurs de servir les modèles de façon transparente et de passer des API OpenAI à des modèles véritablement open source en modifiant une seule ligne de code. Cet esprit open source est également incarné par le laboratoire de recherche en open science Kyutai, lancé lors de la première édition d’ai-PULSE. L’IA conversationnelle Moshi, développée par Kyutai, sera bientôt disponible en tant que service sur le produit Managed Inference de Scaleway. « Cela va permettre aux développeurs de construire les premiers cas d’usage souverains de cette IA vocale », a indiqué le dirigeant.
Une nomination stratégique pour renforcer l’innovation
Enfin, Scaleway a annoncé la nomination de Jean-Baptiste Kempf, figure légendaire de l’open source et co-créateur du lecteur multimédia VLC, au poste de Chief Technology Officer. À ce titre, il supervisera la création d’une nouvelle génération de produits et services IA souverains et européens. « Jean-Baptiste Kempf apportera son expertise pour renforcer notre engagement envers l’open source et l’innovation européenne », a déclaré Damien Lucas.
Michael Dell : « L’Europe mérite une IA souveraine, pas forcément créée en Californie »
Michael Dell est intervenu depuis Station F, à l’occasion de la deuxième édition de la conférence AI-PULSE, pour partager sa vision optimiste et nuancée de l’intelligence artificielle (IA). Cette technologie, selon lui, marque non seulement une avancée technique, mais une véritable « transformation majeure, passant du calcul à la cognition. »
Pour répondre à ces nouveaux défis, Michael Dell affirme qu’il faut désormais « de nouvelles architectures » capables de s’adapter aux besoins évolutifs en matière de données, de calculs et de réseau.
L’Europe : un rôle crucial dans l’écosystème IA
Michael Dell a souligné la place unique de l’Europe dans l’écosystème de l’IA, valorisant un environnement marqué par l’open source et la souveraineté technologique. Il a particulièrement mentionné des acteurs européens, comme Mistral, qui, selon lui, « incarnent un modèle de développement propre à l’Europe », mieux adapté aux valeurs locales en matière de confidentialité et de souveraineté des données. « Chaque pays voudra une IA souveraine qui représente sa culture, ses valeurs et sa langue, et qui ne soit pas forcément créée en Californie », a-t-il déclaré, soulignant ainsi l’attention de Dell Technologies aux besoins des marchés européens et son partenariat avec des entreprises locales comme Scaleway pour construire des modèles IA « sécurisés et adaptés aux problèmes locaux. »
Des solutions durables pour une IA responsable
Michael Dell a également insisté sur la nécessité de concevoir des infrastructures plus durables. « Chaque nouvelle génération de nos technologies est bien plus efficace que la précédente », a-t-il précisé, détaillant les innovations de Dell Technologies, telles que le refroidissement liquide, qui « réduisent la consommation énergétique d’environ 40 %, tout en augmentant la densité énergétique. » Il a affirmé que ces avancées concrètes sont essentielles pour permettre aux entreprises européennes de continuer leur transition écologique sans sacrifier la puissance de leurs systèmes IA.
Une responsabilité collective et optimisme pour l’avenir
Enfin, Michael Dell a rappelé l’importance de la responsabilité sociétale face à cette révolution technologique. Tout en se déclarant « résolument optimiste » quant à l’impact de l’IA sur la société, il a insisté sur le fait que l’utilisation de cette technologie doit être guidée par des principes éthiques. « Ce sont des outils puissants, et nous devons être préparés à en gérer les effets », a-t-il averti.
Michael Dell a conclu sur une note d’optimisme, en affirmant que l’IA, malgré ses défis, a le potentiel de devenir « une force expansionniste pour le bien commun. » Il a également fait un clin d’œil au public français, soulignant sa relation de longue date avec la France : « Cela fait presque 35 ans que nous avons lancé nos opérations en France. J’adore Paris. »