IA frugale

Data / IA

Avec l’IA frugale, la France veut inspirer le monde

Par Rémy Marrone, publié le 22 janvier 2025

Pour concilier transition écologique et intégration de l’intelligence artificielle, la France tient sa méthode : l’IA frugale. Encore confidentielle, cette méthode de développement de services pourrait connaître un essor rapide, favorisé par l’organisation d’un hackathon dédié au sujet lors du sommet mondial de l’IA à Paris début 2025.

Nous voulons inspirer d’autres manières de développer des services à base d’IA… C’est ainsi que Lou Welgryn, co-présidente de Data for Good, une association de la tech spécialiste de la résolution de problèmes sociaux et environnementaux, résume l’enjeu du hackathon Frugal AI Challenge. L’événement prendra place au coeur du AI Action Summit, organisé par l’Élysée les 10 et 11 février au Grand Palais de Paris, pour défendre une autre vision de l’IA : frugale dans son développement technique et mise au service de la transition écologique.

Alors que son empreinte environnementale n’en finit plus de nourrir les interrogations sur sa légitimité, l’idée d’associer IA et frugalité gagne du terrain, particulièrement en France. Et l’État n’est pas étranger à cette montée en puissance. Juliette Fropier, cheffe de projet IA & Transition écologique aux ministères Territoires Écologie Logement, a notamment piloté la création de l’Afnor Spec IA frugale : ce référentiel paru en juin 2024 réunit 31 bonnes pratiques qui dessinent les contours d’une future norme sur ce sujet.

Sur son site, l’Afnor promet d’y trouver des méthodologies de calcul et des bonnes pratiques pour mesurer et réduire l’impact environnemental de l’IA, et pour communiquer avec des allégations justes et vérifiables. Objectif, mettre fin au greenwashing sur le sujet. La France veut en tout cas montrer la voie et être force de proposition pour combattre l’empreinte environnementale de l’IA.

Ce qui ne l’empêche pas, comme les autres pays, d’encourager les entreprises à rapidement adopter l’IA pour ne pas être distancées.
Entre recherche de compétitivité économique et engagement climatique, la ligne de crête est étroite.

Et les conditions même de la tenue de ce hackathon illustrent cette ambivalence : en organisant le prochain AI Action Summit, qui fait suite à deux précédentes éditions organisées à Séoul et Londres sur le thème de la safety (sécurité de l’humanité à l’heure de l’IA), la France entend d’abord montrer sa capacité à être une nation du numérique, à l’instar de ce qu’elle avait pu faire avec la création de la French Tech dès 2013.

Mais elle veut aussi afficher sa différence. « La France veut apporter une vision plus positive de l’IA, plus inclusive et au service de l’intérêt général », explique Juliette Fropier.

Cette volonté se lit aussi à travers la diversité et le renouvellement des thèmes traités (culture, environnement, travail, etc.), mais aussi à la lecture de la liste des nations invitées, ou encore dans la présence d’associations et d’ONG. Le Pays des Lumières peut-il éclairer l’avenir de l’IA ?


Hackathon et frugalité, mode d’emploi

Le hackathon sur l’IA frugale est coorganisé par Data for Good et Hugging Face , startup franco-américaine renommée pour son expertise en matière de « good machine learning », avec Juliette Fropier en pilotage pour les ministères : « Ce challenge, à dimension internationale, veut démontrer que l’on peut combiner performance et efficience. »

Dans la mise en œuvre, des équipes interdisciplinaires travaillent pendant un mois jusqu’à la date du sommet sur un des trois thèmes proposés : classification des régions à risque en matière de feux de forêts, reconnaissance de fake news sur l’écologie ou détection de déforestation illégale.

De l’IA frugale « for good » donc.

« L’enjeu pour nous est que les équipes travaillent sur la frugalité des algorithmes pour une cause servant les enjeux de transition écologique, détaille Lou Welgryn, co-présidente de Data for Good, et fassent un trade off [compromis en français, NDLR] permanent entre aller vite pour résoudre le problème et éviter d’opter pour des solutions trop gourmandes. »

Les organisateurs espèrent une centaine d’équipes participantes, soit une trentaine par thème. « Ce serait une très belle réussite et un beau message envoyé à l’ensemble de la communauté tech », s’enthousiasme Lou Welgryn. Pour savoir si le pari a été gagné et découvrir les lauréats du hackathon, rendez-vous les 10 et 11 février prochains.



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