Cloud
AWS et Google continuent de porter plainte contre Microsoft et ses pratiques
Par Laurent Delattre, publié le 06 décembre 2023
Après des plaintes diverses déposées auprès des autorités compétentes aux US et en Europe, AWS et Google joignent leurs efforts dans une nouvelle plainte contre les pratiques commerciales de Microsoft cette fois auprès des autorités britanniques.
À quelques jours d’intervalle, on apprend cette semaine que Google puis AWS ont déposé une plainte contre Microsoft et ses pratiques commerciales dans le cloud pour concurrence déloyale. Ils demandent à la CMA britannique d’officiellement ouvrir une enquête.
Une plainte qui intervient alors que cette même CMA a déjà ouvert en octobre dernier une enquête « pour déterminer s’il existe des inquiétudes en matière de compétition », après la publication d’une étude de marché de l’Ofcom s’inquiétant de la position ultra dominante des hyperscalers américains. L’enquête de la CMA vise spécifiquement Microsoft mais aussi AWS. À eux deux, ils détiennent 80% du marché britannique selon d’Ofcom.
Il est donc assez « incongru » de voir maintenant AWS rejoindre Google dans une nouvelle série de plaintes autour du cloud au Royaume-Uni.
Dans une lettre de réclamation soumise à la CMA et obtenue par Reuters, Google accuse Microsoft d’utiliser des tactiques commerciales qui désavantagent considérablement ses concurrents affirmant que le modèle et les pratiques de licence de Microsoft découragent les clients de s’adresser à leurs rivaux pour des services similaires. « Avec les restrictions de licence de Microsoft en particulier, les clients britanniques n’ont pas d’autre choix économiquement raisonnable que d’utiliser Azure comme fournisseur de services en nuage, même s’ils préfèrent les prix, la qualité, la sécurité, les innovations et les caractéristiques de leurs rivaux » affirme Google.
À LIRE AUSSI :
Ces dernières heures, c’est la CMA elle-même qui a dévoilé avoir également reçu une lettre d’Amazon qui dénonce les conditions de service de l’éditeur qui empêcheraient les utilisateurs de passer à un autre service. « Certains fournisseurs clouds, comme Microsoft, utilisent des pratiques de licence qui limitent le choix des clients et rendent le changement de service plus difficile. Par exemple, Microsoft a modifié ses conditions de licence en 2019, puis en 2022, afin de rendre plus difficile pour les clients l’exécution de certaines de ses offres logicielles populaires sur Google Cloud, AWS et Alibaba. Pour utiliser de nombreux logiciels Microsoft avec ces autres fournisseurs de services cloud, un client doit acheter une licence distincte, même s’il possède déjà le logiciel. De ce fait, il n’est souvent pas financièrement viable pour un client de choisir un fournisseur autre que Microsoft » constate Microsoft.
Ces reproches sont loin d’être nouveaux. Plusieurs opérateurs cloud dont OVHcloud ont déjà émis auprès de la Commission européenne de telles plaintes contre le géant américain. Ils ont d’ailleurs en partie obtenu gain de cause, Microsoft ayant assoupli un peu, en début d’année, sa politique de licences pour les clouds européens, mais pas pour AWS et Google Cloud !
La firme de Satya Nadella se retrouve ainsi – aux USA (avec une plainte de Google Cloud sur les pratiques Cloud anticoncurrentielles et une enquête du CSRB sur ses pratiques cybersécurité), en Europe (autour du Cloud mais aussi autour de Teams) et au Royaume-Uni – au cœur de plusieurs enquêtes d’autorités gouvernementales. Même si l’éditeur essaye de jouer profil bas en Europe (il a assoupli quelques pratiques Cloud, retiré Teams de Microsoft 365 et transformé Windows pour l’aligner sur les contraintes DMA), il se voit de plus en plus pointé du doigt pour des pratiques pour lesquelles il a déjà été maintes fois condamné dans son histoire. Pas de quoi donc redorer le blason de l’entreprise américaine.
À LIRE AUSSI :