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BlackBerry vise une scission de ses activités en deux entités indépendantes
Par Laurent Delattre, publié le 06 octobre 2023
L’ancien pionnier des smartphones BlackBerry reconverti dans l’embarqué et la cybersécurité annonce son intention de splitter en deux entités autonomes pour redynamiser son attractivité auprès des actionnaires.
Même si le nom BlackBerry n’évoque plus grand-chose aux jeunes générations, l’entreprise a dominé le marché de la mobilité et des téléphones intelligents dans les années 90 et 2000. Pionnier de l’email mobile et sécurisé, l’entreprise qui avait construit son succès sur ces téléphones à clavier ultra-productifs n’a pas su se réinventer pour l’ère du tactile et a été balayée par les vagues iPhone et Android. Voilà plus d’une décennie que, sous la houlette d’un nouveau CEO, John Chen, l’entreprise s’est réinventée pour s’imposer en expert de la cybersécurité (notamment après le rachat de GoodTechnology et plus encore de Cylance) et de l’IoT (avec ses solutions embarquées QNX). Un partenaire que les DSI et RSSI connaissent désormais bien, même si l’entreprise s’est un peu effacée de la mémoire collective.
Le pionnier de l’email mobile et des smartphones vient d’annoncer son intention de se scinder en deux entités distinctes pour mieux valoriser ses activités auprès des investisseurs. Cette décision fait suite à un audit stratégique lancé en mai dernier sous le pompeux nom de code “Project Imperium”, visant à optimiser le portefeuille de produits et services de l’entreprise canadienne. L’idée est d’ailleurs assez logique tant ces activités sont finalement déjà assez bien définies au sein du groupe.
BlackBerry roi méconnu de l’embarqué
L’activité IoT de BlackBerry repose principalement sur les technologies QNX, qui sont utilisées dans plus de 215 millions de véhicules et dans d’autres secteurs verticaux comme l’aérospatiale, la santé, l’industrie ou le transport. BlackBerry propose des solutions IoT qui permettent de sécuriser, gérer et optimiser les appareils connectés et les données qu’ils génèrent. Parmi ces solutions, on peut citer tout l’univers de développement pour l’embarqué QNX (RTOS, Hyperviseur, Certicom…), la plateforme QNX Adas (cockpit véhicule intelligent et conduite autonome), BlackBerry IVY (une plateforme cloud qui facilite le développement d’applications pour les véhicules intelligents), ou BlackBerry Radar (une solution de suivi des actifs pour le secteur du transport).
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BlackBerry, acteur historique de la cybersécurité
Sur le fond, BlackBerry a toujours été un acteur de la cybersécurité. Ce qui faisait au départ la force de la marque était son infrastructure de sécurisation des emails bien plus que les terminaux mobiles qui l’exploitaient.
L’activité cybersécurité actuelle de BlackBerry, centrée sur les technologies Cylance, s’appuie sur l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique (ML) pour prévenir et détecter les cybermenaces qui visent les données, les appareils et les réseaux. BlackBerry offre une suite complète de produits de cybersécurité qui couvrent les besoins en matière de protection des terminaux (UEM), de détection et réponse (EDR), de défense mobile (MTD)n d’analyse comportementale (UEBA) ou de gestion de crise. Parmi ces produits, on peut citer BlackBerry UEM, CylanceEDGE, CylanceENDPOINT, CylanceGUARD, CylanceINTELLIGENCE ou encore BlackBerry AtHoc.
Vers une IPO et une revente ?
En se séparant en deux entités opérant de manière indépendante, BlackBerry espère attirer davantage l’attention des investisseurs sur le potentiel de croissance et la rentabilité de ses activités.
L’objectif principal est d’introduire en bourse l’activité IoT au premier semestre du prochain exercice fiscal. Cette opération pourrait valoriser cette activité à plus de 2 milliards de dollars.
Quant à l’activité cybersécurité si elle doit officiellement rester au sein du groupe on ne peut ignorer les rumeurs persistantes depuis cet été d’un potentiel rachat de BlackBerry par Veritas qui serait très intéressé par le portefeuille cybersécurité de l’ancien pionnier de la sécurité mobile, notamment pour renforcer sa présence sur le marché public.
Il n’est pas absurde de penser que l’annonce de cette séparation vise justement à faciliter la revente du portfolio cybersécurité… à Veritas ou à un autre acteur en quête de solutions cyber complètes…