Flickr | Rodrigo Sepulveda Schulz

Autres

Bouygues cède son réseau à Free pour mieux épouser SFR

Par La rédaction, publié le 10 mars 2014

Bouygues cède son réseau à Free pour mieux épouser SFR

Deux ans après son lancement, Free Mobile a prouvé qu’il existait un marché pour un 4e opérateur mobile en France. Avec 2,8 millions de nouveaux abonnés recrutés l’an passé, Free revendique désormais 8 millions de clients, soit 12 % du marché français. Et vingt-quatre mois seulement après la naissance de Free Mobile, l’activité dégage déjà des bénéfices.

En 2013, Iliad, la maison mère de Free, a revendiqué un excédent brut d’exploitation de 1,2 Md€, en hausse de 30,7 % sur un an.  Sur cette même période, son chiffre d’affaires a progressé de 18,9 % à 3,75 Md€ et son résultat net a grimpé de 42,3 % à 265 M€.

Mais la révolution promise par Free, lors de son entrée sur le marché du mobile, prend doucement pied. Car la consolidation de ce nouvel acteur provoque, depuis quelques semaines, d’importantes tractations qui pourraient aboutir à une redistribution totale des cartes sur le marché français du mobile.

Free rachetera le réseau de Bouygues…

Le 9 mars, le Journal du Dimanche a dévoilé que les discussions entre Bouygues et Free, portant sur le rachat du réseau mobile du premier par le second, avait finalement abouti. La transaction, dont le montant avoisinerait les 1,8 Md€, permettrait à Free de disposer d’un parc de 15 000 antennes et de s’affranchir des 500 à 700 M€ versés annuellement à Orange pour louer ses infrastructures.

Ce réseau pourrait permettre à Free de sécuriser sa position d’opérateur en convainquant les autorités françaises de sa volonté de procéder à des investissements majeurs en matière d’infrastructures, condition sine qua non à l’octroi et la conservation d’une licence de téléphonie mobile à une entreprise.

Les conditions de la licence accordée à Free prévoyaient une couverture de 75 % de la population en France métropolitaine d’ici à janvier 2015. Un total encore loin d’être atteint par l’opérateur, puisque des chiffres avancés fin 2013, par le quotidien économique La Tribune, faisaient état d’une couverture d’environ 60 %.

… si Bouygues conclut l’acquisition de SFR

Cet accord entre Bouygues et Free, dont l’officialisation ne constitue pas une surprise majeure, reste cependant conditionné à la réalisation d’une autre transaction : le rachat de SFR, mis en vente par sa maison-mère Vivendi et sur lequel le géant du BTP et de la communication s’est positionné.

Avec la cession d’une partie de son réseau à Free, Bouygues veut avant tout rassurer les autorités françaises sur le fait que son mariage avec SFR ne portera pas atteinte aux règles de la libre concurrence. Car si cette acquisition venait à être officialisée, elle donnerait naissance à un géant du mobile comptabilisant près de 28 millions d’abonnés, à même de mettre à mal la concurrence au sein du marché hexagonal.

Et, surtout, elle réduirait le nombre d’opérateurs à trois, contre quatre depuis janvier 2012. Pour les autorités chargées de superviser la concurrence en France, il s’agirait d’un point essentiel à étudier si Vivendi venait à accepter l’offre déposée par Bouygues.

Un scénario plausible mais pas pour autant écrit, puisque sur cette opération, BT est concurrencé par Numéricable (Altice), qui s’est elle-aussi portée candidate au rachat de SFR.

L’arrivée d’Altice permettrait au marché français de conserver sa configuration actuelle, avec quatre fournisseurs de services distincts. Une option qui ne recueille que peu de support auprès des autorités françaises, à l’image du message véhiculé par la sortie du ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, dans le Parisien Dimanche, le 9 mars : « La concurrence par la destruction s’arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobile tout en maintenant des prix bas. Elle ne s’arrêtera pas si Numéricable conquiert SFR puisque la concurrence restera à quatre dans le mobile. Et au final, soit Free soit Bouygues sera à ramasser à la petite cuillère avec des milliers d’emplois perdus. »

Un scénario dont le déroulement repose désormais sur le choix de Vivendi, qui devrait se prononcer dans les prochains jours.

 

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights