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Bug à l’envers, Louvois verse 106 millions d’euros de trop aux militaires
Par La rédaction, publié le 02 mai 2013
Alors que, depuis un an et demi, les dysfonctionnements de Louvois entraînent des retards dans le règlement des soldes, le logiciel de paie de l’armée de terre a, cette fois, versé indument 106 millions d’euros.
Auditionné le 16 avril par les députés, Jacques Feytis (photo), directeur des ressources humaines du ministère de la Défense, a révélé ce trop-perçu. Ajoutant : « Le cabinet du ministre nous a demandé de les recouvrer au plus vite, afin notamment d’éviter que trop d’agents ne quittent le service avant d’avoir été appelés à rembourser les sommes indues. » A charge pour le centre RH de Nancy d’identifier les bénéficiaires. Soit 70 000 dossiers à traiter, sachant que certains militaires ont plusieurs dossiers.
Pour justifier les bugs à répétition de Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde), dont le déploiement est antérieur à son entrée en fonction, en juillet dernier, il rappelle la complexité du système de paie dans l’armée. « Un système indemnitaire particulièrement dense, avec 170 indemnités différentes en plus de la solde de base et qui, liées à l’activité militaire, varient en permanence. Cette variabilité permanente est génératrice d’une complexité extraordinaire qui n’a son pareil dans aucune autre administration ou entreprise privée. »
Il pointe aussi une défaillance dans la définition du fonctionnement administratif du ministère. « Chaque armée disposait, avant le passage à Louvois, de sa propre organisation liée à son système de paie. Trois mois après la mise en œuvre de Louvois, rien de spécifique n’a été mis en place, alors qu’il aurait été nécessaire de définir en amont une nouvelle organisation, la description du rôle de chacun et une bonne coordination générale, notamment des flux d’information. »
Pour conclure sur un problème de gouvernance. « Le ministère de la Défense a été doté d’un système d’information extrêmement structurant qui nécessitait une adaptation simultanée de son organisation. Il aurait donc fallu en amont simplifier l’organisation au lieu de bâtir un système de systèmes d’information devant gérer la complexité. »
Pour l’avenir, le DRH propose de simplifier et d’harmoniser les pratiques avant d’introduire un nouveau système d’information RH. Il s’agit, selon lui, de déterminer clairement les responsabilités de chacun. « Qui traite quelle donnée ? Comment fonctionne le contrôle interne ? Il est également indispensable d’adopter, à travers les référentiels, un langage commun. Il faut, enfin, assurer la bonne formation des personnels à la pratique du nouveau système. »